mercredi 31 octobre 2007

Nos vies commencent à s’éteindre le jour où nous restons silencieux...

Lundi dernier, l’institut Yad Vashem a décerné à titre posthume la médaille des Justes à Gilbert Denis qui sauva la vie de Michel Slitinsky durant la seconde guerre mondiale. Venant de Bordeaux, ce jeune homme, d’origine juive, avait miraculeusement échappé à une rafle de la Gestapo. Durant quelques mois, Il trouva refuge dans une ferme située à Coux, près de Montendre, avant de rejoindre le maquis.

Depuis longtemps, l’idée d’une reconnaissance officielle de Gilbert Denis trottait dans la tête de Louis Élias.
C’est en recueillant les confidences des habitants de Coux, regroupées en un livre mémoire, que l’ancien maire adjoint a découvert cette belle histoire de fraternité. Elle lui fut contée par Annette, l’épouse de Gilbert Denis, disparu voici quelques années. « Intéressé par ces événements, j’ai cherché à en savoir plus. Je suis entré en contact avec Michel Slitinsky qui m’a confirmé les faits. Nous avons alors pu constituer le dossier qui a été remis à l’institut Yad Vashem dont le mémorial rend hommage aux personnes qui ont aidé des Juifs à échapper aux Nazis. Gilbert Denis était un homme courageux et il le fallait. Durant la guerre, le maire de Coux était pétainiste et que dire du zélé M. Peuch, sous-préfet de Jonzac »... Réalité confirmée par l’historien James Pitaud.

Que s’est-il donc passé à Coux, durant le second conflit mondial, pour qu’une importante manifestation y soit organisée en présence de délégués français pour Yad Vashem ? Présent, Michel Slitinsky était le mieux placé pour évoquer les faits qui se sont déroulés quand il avait 17 ans. Une époque bouleversée par la guerre, la répression et ces signes distinctifs -l’étoile jaune imposée aux Juifs - qui précipitent les êtres dans la différence et la cruauté. On ne choisit pas sa famille, dit la chanson, on choisit rarement sa religion, ni ceux qui vont la combattre au nom de leur idéologie. Au cours des siècles, les Juifs ont connu de nombreuses persécutions. La guerre 1939-1945 et son cortège d’atrocités ont, une nouvelle fois, démontré que l’homme reste un loup pour l’homme et c’est pourquoi les voix ne doivent jamais s’éteindre.
Si Michel Slitinsky a survécu, c’est parce que des mains se sont tendues sur un chemin jonché d’ornières. Son témoignage, qu’écoutèrent attentivement les enfants des écoles et l’assistance, était poignant.

« Mon prénom, c’est tout »

Du regard de Michel Slitinsky, émane une grande douceur. Il porte en lui la dimension du pardon, celle qu’on atteint quand s’est installé le nécessaire détachement. L’horizon n’est qu’une ligne mouvante et personne ne sait quand il se transforme en immense filet. La peur, il l’a regardée en face. Il peut donc raconter aux élèves, à mille lieues de ces horreurs, ce que fut sa jeunesse quand il se cachait pour échapper aux camps de concentration.
Ayant travaillé sur ce sujet bien particulier de l’histoire contemporaine, les jeunes sont attentifs : ils essaient de comprendre pourquoi l’homme, qu’on dit civilisé, peut se transformer en machine à tuer. Retour en arrière. Dans les années quarante, il ne fait pas bon être juif sous le soleil de France. Pliant l’échine sous l’occupant allemand, Vichy cautionne sa politique. S’ensuit « tout un arsenal des décrets pour bien identifier les Juifs qui se voient interdire certains métiers ». En octobre 1942, quand la Gestapo frappe à la porte des Slitinsky, à Bordeaux, ils savent ce qui les attend. Par chance, leur fils Michel réussit à s’enfuir par les toits.
Dans un premier temps, des amis le dissimulent puis l’un d’eux, Gérard Jacopy, a une idée : il pourrait aller à la campagne, du côté de Coux en Charente-Maritime, dans le cadre d’un retour à la terre. Sur place, il a un relais sur lequel il peut compter, son oncle Gilbert Denis. Cet instituteur dévoué connaît bien les Deveaux, des agriculteurs qu’il n’a aucun mal à convaincre.
Quand Michel Slitinsky arrive à la gare de Montendre, Gilbert Denis l’attend et l’accompagne chez ceux qui vont l’héberger pendant plusieurs mois sans poser de questions : « mes interlocuteurs n’étaient pas bavards. Les ordres étaient donnés en mauvais français et les discussions se faisaient en patois que j’appréciais pour son rythme chantant. Ils m’ont demandé mon prénom, c’est tout » se souvient-il. Le soir, il s’échappe pour écouter la BBC chez les Bourdeleau qui tiennent l’épicerie. La vie suit son cours.
Arrive le moment où il lui faut des papiers en bonne et due forme : il se rend à la mairie où il déclare qu’il a perdu sa carte d’identité. Il en demande une autre au nom de Jean Jean, étudiant, né en 1926 à Bordeaux. Et ça marche !
Huit jours après, il reçoit le précieux document. Sauvé par l’état-civil et des appuis amicaux, il parvient à rejoindre le mouvement Mur qui compte une filière dans le Puy de Dôme. « Nous avons vécu plus de deux ans dans les bois, la neige, le froid, la pluie. C’était le prix de la liberté » avoue-t-il. Dans cette tourmente qui finit en Alsace, il n’oubliera jamais l’aide de Gilbert Denis.

L’émotion de Bruno Denis

Lundi, la médaille des Justes ainsi qu’un diplôme ont été remis à Bruno, fils de Gilbert Denis, par Anita Mazor, ministre de la Culture auprès de l’ambassade d’Israël, en présence de Gérard et Élisabeth Goldenberg, délégués du comité Yad Vashem et de M. Alimi, vice-président du Consis-toire à Bordeaux. Dans la salle municipale, les habitants de Coux étaient présents aux côtés des personnalités et de leur maire, Joël Carré. Le nom de Gilbert Denis, un homme droit, défenseur des valeurs républicaines, figurera désormais sur le grand monument édifié sur la colline du souvenir à Jérusalem. « Qui sauve une vie sauve le monde entier » dit le Talmud. À ce jour, Yad Vashem a désigné 2700 justes en France et 100 dossiers sont en cours. Au 1er janvier dernier, 21758 Justes parmi les Nations de 41 pays ont été honorés. « Ces hommes et ces femmes, non juifs, sont des éclats de lumière dans l’univers infernal de la barbarie nazie » souligna Anita Major.
Ému, Bruno Denis adressa de chaleureux remerciements aux représentants de la fondation Yad Vashem et, devant l’assemblée réunie, il lança : « votre présence me fait chaud au cœur ». Si l’invisible pouvait parler, son père aurait sans doute ajouté semblable compliment. Isabelle Duhamel-Costes, quant à elle, remarqua une coïncidence : celle de la lecture de la lettre de Guy Môquet - le plus jeune des vingt-sept otages du camp de Châteaubriant en Loire-Atlan-tique, fusillés en représailles après la mort de Karl Hotz - et cette remise de distinction. Elle insista sur la transmission de la connaissance auprès des jeunes générations qui permet d’éveiller les esprits. C’est précisément l’instruction, dans le vrai sens du terme, qui favorise les prises de conscience. Pour sa part, Claude Belot évoqua des souvenirs quand, petit garçon avec sa mère et sa grand-mère, il vit arriver les Allemands à Jonzac, durant l’été 40. « Les habitants ont fait semblant de se soumettre, mais en fait, ils préparaient la riposte » .
Durant cette période, le maire, René Gautret, délivrait de faux papiers pour les Juifs et les résistants. « Ici, nous avons des valeurs et c’est la Haute-Saintonge qui a porté les mouvements de résistance ». Il suffit de penser à Pierre Ruibet, qui fit sauter les carrières d’Heurtebise, à Claude Gatineau et à des hommes de l’ombre dont Gilbert Denis...

« Quand les étoiles tombent du ciel, tends la main pour les sauver et réchauffer ton cœur » : l’humanité peut ainsi se reconstruire en disant « non à l’inacceptable »...




1942 : la descente aux enfers
• 1er janvier : 130000 juifs vivent encore en Allemagne.
• 10 janvier : Confiscation de tous les lainages et de toutes les fourrures des juifs.
• 17 février : Les juifs ne peuvent s’abonner ni à un journal, ni à une revue.
• 26 mars : Une étoile juive marque toutes les maisons habitées par des juifs.
• 24 avril : Les juifs ne peuvent utiliser les transports en communs.
• 15 mai : Interdiction aux juifs de posséder chiens, chats, oiseaux...
• 29 mai : Les juifs n’ont plus le droit d’aller chez un coiffeur.
• 9 juin : Les juifs doivent remettre aux autorités tous les vêtements qui ne leur sont pas indispensables.
• 11 juin : Pas de carte de tabac pour les juifs.
• 19 juin : Confiscation des appareils électriques et optiques, des machines à écrire et des bicyclettes.
• 20 juin : Toutes les écoles juives sont fermées.
• 17 juillet : Les juifs aveugles ou sourds n’ont plus le droit de porter un brassard pour les signaler à l’attention des automobilistes.
• 18 septembre : Plus de viande, d’œufs ou de lait pour les juifs.
• 4 octobre : Tous les juifs des camps de concentration allemands sont envoyés à Auschwitz.

Gérard Desrente, Jean-Claude Landreau : La fusion !

Difficile de faire une liste aux élections municipales quand celle-ci doit réunir 35 noms. Gérard Desrente vient de s’en apercevoir et c’est pourquoi il s’est rapproché de Jean-Claude Landreau et de Philipe Delacroix, également sur la ligne de départ. Une fusion va avoir lieu. Pour l’effusion, on verra plus tard...

Il y a quelques mois, Gérard Desrente, qui fut adjoint de Michel Baron, maire socialiste de Saintes, a annoncé qu’il se présentait aux élections municipales avec l’avocat Pierre Sarfaty. L’annonce étant faite aux Saintais, il se lança dans le recrutement de ses futurs colistiers. Et il se rendit à l’évidence : on ne trouve pas 35 personnes sous le sabot d’un cheval ! « Nous n’avons pas réussi à concrétiser ce que nous souhaitions » avoue-t-il avec la franchise qui le caractérise. Ce qui ne l’empêche pas de garder une véritable passion pour la cité santone !
Il a donc pris contact avec une autre liste, celle que conduit Jean-Claude Landreau, afin de travailler ensemble. Apparemment, les deux hommes, qui se connaissaient déjà, sont tombés d’accord. Bien qu’issus de familles politiques différentes, ils partagent des points de vue communs sur de nombreux sujets.

L’union fait la force

La fusion aura donc lieu avec un schéma directeur qui gravitera autour du renouveau économique saintais. Aux acquisitions de terrains qui permettront une véritable politique foncière, indispensable à l’installation d’entreprises, s’ajouteront l’animation commerciale du centre ville ainsi qu’un vrai coup de pouce en direction des jeunes et de la culture. « Saintes a tout d’une grande » dit-il en fournissant des détails : « en comptant les villes que sont Cognac, Bordeaux, Royan, Angoulême, nous avons un potentiel à drainer de deux millions d’habitants. Ça change tout ! Nous pourrions créer un Romanoscope autour du patrimoine roman et des vestiges gallo-romains. On peut conjuguer culturel et ludique, Saintes ne doit pas être une ville musée ». D’ailleurs, ce concept est démodé : aujourd’hui, on recherche l’interactif et des effets spéciaux ! Aux dernières nouvelles, cette liste - qui n’est pas encore baptisée - compterait une bonne vingtaine de candidats : « ils viennent d’horizons différents, ont une certaine éthique, de la rigueur et sont soucieux d’une bonne gestion. Je la sens bien, cette liste ! » déclare Gérard Desrente !

Tir sur le quartier général et sur le flanc gauche

Si Gérard Desrente se présente, c’est sans doute qu’il a quelque chose à reprocher à Bernadette Schmitt ... « Je n’ai rien contre elle personnellement. Par contre, elle a une incapacité à prendre des décisions et passe trop de temps dans les études. Or, les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Les finances sont dégradées. Depuis douze ans, la ville ne bouge plus ».
Bizarre, Bernadette Schmitt n’est pas élue depuis douze ans ! Explications : Dans cette constatation, Gérard Desrente inclut le dernier mandat de Michel Baron : « On a fait du sur place. Avec le recul, on s’aperçoit que Bernard l’Hostis, son chef de cabinet et Philippe Callaud n’ont pas beaucoup réagi sur le Gallia »... Il est vrai que ce théâtre a coûté fort cher !
Mais revenons à Bernadette : « elle a échoué sur Bassompierre et je voudrais bien savoir où en est le financement du plan de rénovation urbaine. Quant au stationnement, c’est une catastrophe, on a hypothéqué l’avenir de Saintes avec des négociations mal verrouillées ». Et de poursuivre avec un témoignage “maison“ : « en fin d’année dernière, Pays Santon Entreprises, auquel j’appartiens, a rencontré la mairie pour dresser le bilan du développement économique. La zone des Charriers est mal entretenue. Nous lui avons proposé de réfléchir ensemble et un plan a été dressé. Nous devions nous revoir. Nous attendons toujours de leurs nouvelles ». On voit bien où iront les tirs d’artillerie en mars 2008...
Côté gauche, Gérard Desrentes fait preuve d’humour : « Quand je vois ce que passe au PS de Saintes, je me demande comment Catherine Quéré va faire pour l’encadrer. Où en est le parti socialiste aujourd’hui ? Jean Rouger a été incapable de prendre une décision à l’époque où nous avions le manche ensemble. La seule à avoir une logique est Margarita Sola. Quant à Dominique Barella, était-il vraiment intéressé par cette municipale ? Il a démissionné avant même d’être candidat. J’ai rarement vu cela »...
Ces petites remarques sur ses anciens copains n’empêchent pas l’amitié. Gérard Desrente voit toujours Michel Baron qui se partage entre la Tremblade et la petite île de E’ghor, en face de Dakar. « Je crois pouvoir dire qu’il n’a pas mandaté Bernard L’Hostis pour dire du mal de Jean Rouger, comme on l’a prétendu ! Je vois souvent Michel et nous entretenons des liens cordiaux ».
À la question : l’ancien maire pourrait-il vous soutenir aux municipales ? Gérard Desrente lance un regard sans ambiguïté : « compte tenu de mon choix, je ne m’y attends pas vraiment »... Effectivement, il semblerait que Michel Baron n’ait pas les mêmes valeurs que Philippe Delacroix par exemple !
Dans un proche avenir, la liste Desrente-Landreau organisera cinq groupes de travail qui rendront leurs copies en fin d’année. Les grands axes seront alors définis. Ensuite, la campagne battra son plein et les débats devraient être animés : Sonnez hautbois, sortez cuirasses !

Obsolète, le Conseil Général ?

Gérard Desrente n’est pas intéressé par le Département pour deux raisons : d’une part, il est contre le cumul de deux mandats locaux et d’autre part, il estime que « le Conseil Général est obsolète ». En effet, les strates n’en finissent pas de s’accumuler : « il serait bon de donner plus du pouvoir aux Régions et de confier les compétences restantes aux CDC ou CDA. Les structures actuelles se font concurrence et coûtent cher aux contribuables ».
Par ailleurs, il se dit favorable au rapprochement des villes de Saintes et Cognac qui forment un véritable bassin de vie. Avis que ne partagent pas forcément les préfets de deux départements.

lundi 22 octobre 2007

Réenchanter Dampierre

Après avoir été détruit par un violent incendie en août 2002, le château de Dampierre, connu pour sa célèbre galerie des alchimistes, a retrouvé son apparence d’antan. Néanmoins, pour survivre, l’édifice a besoin d’un nouvel élan. Soucieux de promouvoir ce site qui reçut François 1er en d’autres temps, les propriétaires, Marine et Jean-Louis Hédelin, envisagent plusieurs pistes...

Il est des lieux qui attirent les foudres du destin. Confronté à l’adversité, le château de Dampierre en fait malheureusement partie. Les observateurs vont plus loin en invoquant les quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu. Curieusement, il a été victime de la tempête, la sécheresse, les inondations et enfin, le feu a failli l’anéantir voici quelques années.
Au lendemain du sinistre, sa carcasse décharnée faisait peine à voir et les spécialistes craignaient fort pour la galerie des alchimistes dont les mystérieux symboles étaient endommagés.
Comme un spectre, l’étrange demeure gisait au milieu de la suie et ses propriétaires ne savaient que faire. Comment relever la tête quand le sort s’acharne ? Pourquoi cette demeure philosophale, où un alchimiste aurait laissé un grimoire secret au XVIe siècle, subissait-elle, une fois encore, les assauts de la destruction ? Aujourd’hui, beaucoup de questions restent posées, mais ne dit-on pas qu’il faut toujours regarder de l’avant ?
La première restauration entreprise par Philippe Oudin, architecte des Monuments Histori-ques, concerna les précieux caissons. Certains avaient explosé en centaines de morceaux. Comme des puzzles, il fallut donc les reconstituer. Cette tâche délicate fut confiée à une société spécialisée dont il faut saluer le travail et la patience.
Au fil des mois, d’autres travaux furent engagés. La tragédie se transforma peu à peu en histoire grâce au talent de Ghislaine Escande. Faisant preuve d’une véritable imagination, cette artiste mit en scène les livres calcinés de la bibliothèque qui devinrent les témoins privilégiés de cette terrible épreuve. En complément, un film retraça le travail effectué par les Compagnons pour restaurer les quatre-vingt-treize caissons sculptés de la galerie alchimique.
Récemment, la toiture en ardoise a été refaite. « Désormais, le gros œuvre est terminé, les échafaudages ont été enlevés en septembre » souligne Marine Hédelin.
Si l’édifice a retrouvé son apparence architecturale, il reste malheureusement vide de tout mobilier puisque les pièces n’ont pas été restaurées. Seule la cheminée monumentale du premier étage, qui s’était effondrée, a été reconstruite grâce à un don d’Europa Nostra, complété par celui des Amis du Château. Cette opération a été réalisée par Sylvain Raud, meilleur ouvrier de France et sculpteur à Lozay. Quant à son ancien décor, plutôt que de le repeindre, il pourrait être projeté sur la pierre. Ce procédé est du meilleur effet, dit-on.

Un cabinet de curiosités...

Dans les combles, l’objectif de Marine et de Jean-Louis Hédelin est d’aménager un cabinet utopique (dans l’idée des cabinets de curiosités) où seront exposés des portulans, grandes planches qui représenteront des cartes maritimes et célestes.
L’ensemble sera orchestré - vous l’avez deviné - par Ghislaine Escande qui conduira les visiteurs dans l’espace privé de ses créations. « Nous devons réenchancher ce lieu » admet Marine Hédelin. Seuls, les grands murs ne pas suffisent pas à provoquer un nouvel élan qui sensibilisera le public. Bien sûr, il y a les jardins aux thèmes mythologiques, les jachères fleuries qui content le monde magique de Merlin, mais ce château, que les flammes ont inanimé, doit retrouver son âme. « En fait, nous aimerions devenir Site en scène comme la Roche-Courbon. Ainsi, nous pourrions exister pleinement. Bien sûr, nous avons obtenu des subventions pour rebâtir le château, mais à quoi bon le restaurer s’il ne vit pas pleinement ce renouveau ? C’est un lieu ouvert à tous » ajoute cette universitaire, géographe de formation. En effet, Dampierre ne peut pas se transformer en sarcophage !
Cette année, les chiffres de fréquentation sont bons, comme pour l’ensemble des sites.
Malgré les difficultés, Dampier-re n’a jamais fermé ses portes, même aux heures les plus sombres. Après avoir reçu quelque 10 000 visiteurs par an, ce chiffre est tombé à 2 500 après l’incendie pour revenir à 6 000 en 2007. Parmi la clientèle, les Anglais sont les plus tolérants : « ils nous comprennent et voient les efforts que nous déployons pour l’animation ». Parmi les projets, une pièce de théâtre (Don Juan) sera présentée en août 2008 par la compagnie de Serge Dangleterre qui vient de s’installer dans la région. Les expositions, quant à elles, se poursuivent et vous pouvez découvrir les jolies toiles de Colette Privat (natures mortes, bouquets).
Dampierre renaît doucement de ses cendres et ses propriétaires ont le moral : « nous durons et endurons » avouent-ils avec un sourire qui en dit long sur leur volonté !

Philippe Delacroix : Pourquoi il a rompu avec Bernadette...

Depuis le temps qu’il voit la Charente couler sous les ponts, cet ingénieur, responsable du Syndicat des Eaux de Charente-Maritime, a décidé de surfer sur la vague des Municipales saintaises. Proche de Bernadette Schmitt, il affiche aujourd’hui ses différences et dit pourquoi il ne partage pas les axes qu’elle a défendus durant son mandat. D’où la constitution d’une autre liste. Il est également candidat au Conseil Général sur le canton de Saintes Est.

Saintes se prépare aux élections municipales saintaises. C’est maintenant sûr, vous allez vous présenter sur une autre liste de droite que celle conduite par Bernadette Schmitt. Quelles sont les raisons de ce choix ?

Notre objectif est de proposer un choix aux Saintais, pour un autre mode de gestion de la ville.
Il s’agit d’une primaire loyale et sincère. Notre intention est d’appliquer la règle républicaine au second tour. Nous attendons la réciproque de la part de Bernadette Schmitt.

Vous êtes monté au créneau lors du futur aménagement de la place Bassompierre. À l’époque, cette attitude a “peiné“ Bernadette Schmitt qui vous comptait parmi ses proches amis. Comment avez-vous vécu cet épisode ?

J’ai bien vécu cette période. De nombreux Saintais ont pu manifester leur opposition à un projet dispendieux et dangereux. Ce qui a montré une bonne réactivité de la population sur un sujet qui les touchait.

La liste que vous allez soutenir est conduite par J.C. Landreau. Pensez-vous qu’il ait l’étoffe nécessaire pour s’engager dans cette élection locale qui ne sera pas facile ? En effet, on sait que les instances UMP du département souhaitent une seule liste sur Saintes...

Ce n’est pas sans raison que nous avons choisi Jean-Claude Landreau comme tête de liste : il a une longue expérience de l’entreprise, il a été directeur de sociétés pendant plusieurs années. Il est entouré d’une équipe compétente et soudée.

Quel regard portez-vous sur l’action conduite par Berna-dette Schmitt lors ce premier mandat ?

L’action conduite par Bernadette Schimtt a déçu beaucoup de Saintais qui n’ont pas aperçu le soleil sur la ville. Plusieurs dossiers ont été mal gérés, des dépenses inutiles ont été engagées et certains projets prioritaires n’ont pas été réalisés. L’absence d’une politique foncière a porté préjudice à la construction de logements sociaux et à l’implantation de nouvelles entreprises.

Quels sont les projets que vous allez développer durant la campagne ?

Nous travaillons à l’élaboration d’un programme adapté aux possibilités budgétaires. Des choix devront se faire selon les priorités que nous aurons définies.Bien sûr, nous ne manquerons pas de nous exprimer sur des projets importants, comme ceux de l’espace Saint-Louis, de la piscine et du programme de Rénovation Urbaine qui fera l’objet d’un suivi très attentif.

Enfin, vous allez vous présenter au Conseil Général sur le canton de Saintes Est (Xavier de Roux ne se représentant pas), par ailleurs convoité par Frédéric Rateau ? N’est-ce pas un peu risqué puisque vous vous présentez aussi à la municipale ? Votre point de vue...

J’ai postulé à la candidature pour le canton de Saintes-Est. Si le vote des militants est confirmé, je me soumettrai au suffrage universel et les citoyens choisiront. Je ne vois pas le risque que vous évoquez du fait de la présence de Frédéric Rateau…

Il est libre, Pierre Maudoux !

«Pierre Maudoux ? Il joue à la roulette russe !» lancent les observateurs. La roulette, ce dentiste saintais la connaît ! De même que la fraise qu’il préfère en cerise sur le gâteau municipal saintais. Récemment, il devait conduire la seconde liste de droite, née d’un mécontentement de la politique conduite par Bernadette Schmitt. Or, ses amis du moment ont préféré faire cavalier seul... et l’ont évincé. Atteint mais aucunement déprimé, il se dit aujourd’hui “libéré“ : en conséquence, il a décidé de réagir en composant une troisième liste dont il nous explique les subtilités dans l’entretien qui suit. Pour avoir les coudées franches, il a démissionné, lundi soir, du conseil municipal de Chaniers où il siégeait depuis un certain temps. Une chose est sûre : les élections 2008 seront le cadre d’échanges intéressants et ma foi, cette liberté d’expression est le symbole même de la démocratie !

Lundi soir, vous avez démissionné du conseil municipal de Chaniers afin d’être libre pour les élections municipales saintaises. Parlez-nous de la liste que vous êtes en train de constituer ?

Notre liste est une liste d’union politique puisque des gens de gauche, du centre et de la majorité présidentielle me rejoignent. Certains sont membres, d’autres pas, des partis qui incarnent ces sensibilités. Tous ont en commun le souhait de voir évoluer la ville autrement. Cela nous fédère, et le respect des opinions de chacun constitue notre richesse. Notre souhait est de former une véritable force de proposition moderne, convaincante, pour la ville et son territoire. Cette capacité à surmonter nos différences sera, j’en suis convaincu, un sacré gage pour les Saintais de notre capacité ultérieure d’écoute et de dialogue avec tous les habitants de la ville.
Notre énergie vient déjà d’une osmose entre des personnalités riches qui prennent plaisir à travailler ensemble. Nous recrutons sur la compétence mais nous ne transigerons pas sur le relationnel : pour moi, l’ambiance au sein du groupe est primordiale. Je vis d’heureux moments politiques.

Il semblerait que vous ayez été “débarqué“ par la liste de droite que conduit aujourd’hui Jean-Claude Landreau et à laquelle appartient Phili-ppe Delacroix. Y avait-il des divergences de vue ?

Je dirais plutôt “libéré“... Nous n’étions pas en phase. À une demande latente d’autoritarisme, je m’efforçais de répondre par une autorité consensuelle. Mon enthousiasme et mon dynamisme se sont heurtés par moments à une certaine rigidité, par d’autres à de la frilosité. Ma vision de la ville de Saintes, très ouverte et indépendante des partis, ne correspondait pas à la leur, visiblement attachée au maintien de la ville à droite. Ceux qui m’ont accompagné partagent aujourd’hui la synergie d’une équipe soudée .

Votre liste va-t-elle rejoindre celle de Gérard Desrente et de Pierre Sarfaty, annoncée voici un certain temps dans ces mêmes colonnes ?

Je ne connais pas ni Gérard Desrente, ni Pierre Sarfaty, et nous n’avons aucun contact. D’ailleurs, notre liste n’a pas vocation à rejoindre une autre liste. Comme je l’avais indiqué dans vos colonnes précédemment, notre optique est de formuler publiquement des propositions politiques cohérentes, sérieuses, et collant aux préoccupations des Saintais. Chaque jour qui passe nous conforte, par un soutien, par l’arrivée d’un nouveau colistier, par la convergence de nos déterminations individuelles, à pousser l’aventure plus loin. Je suis persuadé de notre capacité à remporter ces élections.

Quel projet avez-vous pour Saintes et quelle étiquette politique afficherez-vous ? Ne pensez-vous pas qu’un trop grand nombre de listes risque de compliquer la situation ?

Là aussi, il faut être clair. Un grand nombre de listes risque avant tout d’enrichir le débat démocratique. Or, les élections municipales sont tout de même celles qui concernent le plus directement les Français. Notre projet sera global et va surprendre par ses propositions ambitieuses, mais raisonnables. Notre liste n’est pas apolitique; elle porte en elle, au contraire, une forte détermination à changer la façon de faire de la
politique. Comme je vous l’ai dit, c’est une liste d’union. On pourrait d’ailleurs sourire de positionnements apolitiques qui cachent à l’usage des personnes appartenant toutes à la même sensibilité ! Notre liste incarnera la rénovation politique locale, pour l’intérêt général.

Quel regard portez-vous sur le travail accompli par Bernadette Schmitt ?

Son bilan comporte des actions positives que nous reconnaîtrons lors de la campagne. Mais nous avons tous pu observer des maladresses dans la gouvernance et des choix étonnants pour la ville. Au regard de son bilan, de nombreux chantiers restent ouverts pour l’avenir : le site Saint Louis, la gare et son quartier, les mobilités sur Saintes, le développement économique, l’urbanisme... et le retour au dialogue avec de nombreux partenaires.

Enfin, vous vous retirez de la vie politique chagnolaise. Que pensez-vous de la décision de Xavier de Roux de se représenter aux prochaines municipales à Chaniers précisément ?

Son combat n’est pas gagné d’avance, mais son expérience et sa brillante capacité à mener le débat public seront déterminants. J’admire la réactivité politique de Xavier de Roux. Il a compris les interrogations des Chagnolais quant à l’intercommunalité et entendu mon argumentation pour l’entrée de Chaniers dans la CDC du Pays Santon.
S’il est reconduit dans son mandat de maire et qu’un changement d’équipe a lieu à Saintes, je suis persuadé que ce débat pourra être envisagé avec sérénité. On ne rentre dans une intercommunalité qu’avec des gages, et c’est l’examen de ces contreparties qui doit nourrir le débat politique entre les collectivités territoriales : sur ce point, Xavier de Roux et moi-même sommes complètement en phase !

lundi 15 octobre 2007

Xavier de Roux passe à table

Entretien avec Xavier de Roux, conseiller général :

« Les élections municipales ne sont pas une cour de récréation »

Xavier de Roux est sans doute l'un des élus les plus atypiques de Charente-Maritime.
Impossible de le mettre dans le moule où d'aucuns auraient bien aimé l'enfermer ! Dans la région de Saintes, il a réussi à se faire élire sur des terres traditionnellement situées à gauche. Même vaincu aux Législatives de 2007, il continue à compter sur la scène politique où ses prises de position, semblables à ses plaidoiries d'avocat, ont le mérite de la franchise ! Il dérange, non pas parce qu'il est grand et a le verbe haut, mais parce qu'il a la tête bien pleine et qu'en cela, il fait de l'ombre à ceux qui craignent la concurrence intellectuelle. Bref, le maire de Chaniers a du caractère et prône la liberté d'expression et d'action. Dans l'entretien qui suit, nous abordons plusieurs questions relatives aux prochaines échéances électorales.
Vous constaterez qu'il n'a pas la langue de bois...

Il y a quelques mois, vous vous êtes incliné aux Législatives et, le soir du deuxième tour, vous avez déclaré à la presse que vous souhaitiez vous retirer de la scène politique. Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?

J'ai pensé, en effet, qu'il était nécessaire de tirer les conséquences du suffrage universel et qu'il ne fallait pas pratiquer l'acharnement thérapeutique. J'ai donc clairement décidé de ne pas briguer un nouveau mandat de conseiller général, collectivité où je siège depuis 1985. Par contre, je me représenterai aux élections municipales de Chaniers en mars prochain. J'ai longtemps hésité à briguer un nouveau mandat, mais on me l'a beaucoup demandé. La mairie n'est pas un mandat vraiment politique, il s'agit de continuer à gérer une commune. En tous les cas, c'est ainsi que les Chagnolais qui m'en ont parlé l'entendent.

Avec le recul, quelles sont les raisons qui ont entraîné votre défaite aux élections législatives ?

C'est toujours difficile de trouver la cause d'une défaite. Je pense que la cause est multiple. J'avais dix points d'avance sur mon adversaire socialiste au premier tour, ils ont disparu au second tour. En faisant voter Catherine Quéré, le Modem de Jean-Philippe Ardouin a fait pencher la balance. Par ailleurs, l'affaire de la TVA sociale a eu, je le crois, des effets destructeurs dans de très nombreuses circonscriptions. D'une manière générale, je n'ai certainement pas mené une campagne suffisamment convaincante...

Actuellement, on parle beaucoup de municipales saintaises. En 2001, vous avez mis en scène un nouveau visage de la société civile, Bernadette Schmitt, alors que traditionnellement, vous étiez l'allié de l'UDF Alain Bougeret (lui-même, a présenté une autre liste). Comment voyez-vous la prochaine échéance ?

Aux dernières élections municipales, je pensais que Saintes avait besoin d'une équipe renouvelée pour l'emporter sur la succession de Michel Baron. Je ne pense pas m'être trompé puisque la liste de Bernadette Schmitt a été très confortablement élue. Depuis, il y a eu bien entendu l'exercice du pouvoir. Ce n'est jamais facile de gérer une ville de l'importance de Saintes. Il faut du temps pour apprendre le monde politique lorsqu'on est élu pour la première fois en dehors justement du microcosme ! Je crois que Bernadette Schmitt a fait un parcours méritant. Certes, ce ne fut pas un long fleuve tranquille, mais elle a fait aboutir un projet tout à fait majeur pour Saintes, celui de la Rénovation urbaine. Ce vaste projet va donner un visage nouveau à la ville, je comprends qu'elle ait envie de le mener à bien...

En plusieurs occasions, Bernadette Schmitt a regretté les relations "modestes" qu'elle entretenait avec son député, c'est-à-dire avec vous. Était-ce une réalité ?

Chaque fois que Bernadette Schmitt a sollicité mon aide dans un dossier et notamment dans celui de l'ANRU, je crois que je suis intervenu à bon escient. Il est vrai qu'elle ne m'a pas interrogé très souvent, mais après tout, le maire d'une grande ville peut prendre ses responsabilités sans demander au député !

Aujourd'hui, elle a contre elle une opposition de droite. Dans ses rangs, ses ex-amis Pierre Maudoux, Philippe Delacroix, M. Landreau, P. Terville. Quelle sera votre position à leur égard ?

Je pense que si les forces de droite et du centre veulent conserver la ville et continuer à la mener avec un programme équilibré, elles doivent, d'une façon ou d'une autre, faire l'unité.
Une élection municipale est une chose sérieuse. Ce n'est pas une cour de récréation où l'on règle des comptes, parfois très anciens. Certes, dans une affaire de femmes et d'hommes, les caractères peuvent s'opposer et ce n'est jamais très simple de composer une équipe et de devenir chef d'orchestre, mais c'est un objectif absolument nécessaire, me semble-t-il. Il suffit de regarder le résultat des Présidentielles et des Législatives saintaises pour voir où penche, et depuis longtemps, le cœur de la majorité des électeurs.
Bernadette Schmitt avait réussi, d'une certaine façon, à transcender les courants. C'est une tâche difficile que l'on ne réussit pas à chaque fois.
Toutefois, je reste persuadé que c'est encore possible à condition que de tous côtés, on en prenne conscience et que l'on discute de bonne foi avec la volonté d'aboutir. Si cette volonté d'union n'existe pas, je crois que la messe est dite et que la ville sera gérée par Jean Rouger ou un autre élu socialiste.

Est-ce que vous allez soutenir Bernadette Schmitt ?

J'ai dit haut et fort que je défendrai une liste d'union sans sectarisme et je le ferai...

Qu'en est-il de Pierre Maudoux, conseiller municipal de Chaniers ?

Je connais bien Pierre Maudoux. C'est un homme fin et intelligent, passionné de politique. Il me semble avoir tout à fait sa place dans la liste d'union que j'appelle de mes vœux.

La semaine dernière, le Parti socialiste de Saintes a désigné Jean Rouger pour conduire la liste de gauche. Votre avis sur cette désignation ?

Personnellement, j'ai de la sympathie pour Jean Rouger. Il a été mon adversaire aux élections législatives de 1997. Il a été particulièrement loyal et nous avons, je crois, conserver des rapports cordiaux. Toutefois, sur le fond, ce n'est pas un secret de dire que nous n'avons pas les mêmes options et donc pas les mêmes choix. Cela n'empêche pas d'en débattre librement et calmement.

Le juriste Dominique Barella - qui, comme vous, appartient au bureau des Entretiens de Saintes - semble avoir baissé les bras...

Vous comprendrez que ce n'est pas à moi de juger ou d'arbitrer les querelles qui agitent le Parti socialiste de Saintes.
Ses soixante adhérents votent pour qui ils veulent et je n'ai pas à faire de commentaires. Cependant, je connais bien Dominique Barella puisqu'il est administrateur des Entretiens de Saintes que j'ai créés il y a quatorze ans. De plus, lorsqu'il était président de l'Union Syndicale des Magistrats, j'ai eu à discuter avec lui de nombreux problèmes judiciaires en ma qualité de vice-président de la Commission des Lois. Là encore, sur un certain nombre de sujets, nous n'étions pas en harmonie. Il n'empêche qu'il me semble faire partie des personnalités de la ville de Saintes ayant une envergure nationale.

Que pensez-vous de votre successeur à l'Assemblée Nationale, Catherine Quéré ?

Je ne veux pas être cruel avec Catherine Quéré. Vous comprendrez que je ne ferai sur elle aucun commentaire, elle en fait suffisamment sur moi et de fort désagréables...

Revenons au Conseil Général. À votre avis, Claude Belot a-t-il une chance d'en retrouver la présidence ?

D'abord, j'ignore si Claude Belot brigue à nouveau la présidence du Conseil Général puisque, comme parlementaire, il doit choisir entre deux mandats. Or, il se dit beaucoup qu'il souhaiterait conserver le Sénat et retrouver la ville de Jonzac.

Au dernier renouvellement du Conseil Général, sa majorité a été étroite. Qu'en sera-t-il aux prochaines Cantonales ?

C'est très difficile à dire ! Dans le département, nous assistons actuellement à un renouvellement du personnel politique. Certes, ce sont souvent les troisièmes couteaux qui tentent de jouer dans la cour des grands, mais après vingt-deux ans de règne d'une majorité, il est bien évident que de nouveaux visages arrivent et que la parité fait son œuvre. Au Département comme ailleurs, on voit apparaître des élus qui auront peut-être un rôle à jouer...

Si Claude Belot ne se représente pas, quel élu UMP pourrait alors lui succéder ?

Je ne sais pas si Claude Belot a un "héritier" dans sa famille politique !
Cependant, si l'on regarde ses successeurs possibles dans le département, le premier nom qui vient à l'esprit est celui de Dominique Bussereau qui est un homme politique accompli avec une forte expérience ministérielle. Si, pour une raison ou pour une autre, il ne souhaitait pas se lancer dans l'aventure, il y a toute une génération brillante de conseillers généraux qui n'ont pas encore eu les premiers rôles, mais qui semblent très compétents. Parmi eux, on peut citer Jean-Pierre Tallieu, président de la CDA du pays royannais et maire de la Tremblade, Daniel Laurent, qui a fait de Pons non seulement une ville dynamique mais une grande réussite urbanistique, Bernard Drapeau, maire de Courçon ou Michel Parent, conseiller général de l'Île d'Oléron. Il y a beaucoup de talents dans la majorité du Conseil Général qui a fait, quelles que soient les critiques, considérablement progressé la Charente-Maritime.

Au Conseil Général justement, vous avez été sévèrement attaqué sur l'équilibre financier du Paléosite de Saint-Césaire par votre voisin de Burie, Sylvain Brouard ?

Dénigrer le Paléosite a été une idée fixe du Parti socialiste qui passe pourtant son temps à parler de service public, mais qui voudrait en même temps qu'un grand service public culturel soit aussi rentable qu'une start-up dans les nouvelles technologies. Le PS a presque réussi son coup. À force de critiquer un établissement qui est en passe d'être copié par la Corée et qui passionne la Russie, il a réussi à faire courir une rumeur destructrice avec cette particularité que le Conseiller général de Burie, Sylvain Brouard, serait maintenant à l'étranger d'où il doit donner quelques conseils sur la Saintonge lointaine. Quant aux élus rochelais ou montendrais, ils n'ont jamais mis les pieds au Paléosite ! D'ailleurs, il ne s'agit pas pour eux de juger de la qualité et de l'efficacité d'un équipement culturel, mais de tirer simplement au bazooka sur cette structure qui a été réalisée par l'équipe de Claude Belot...

Pour conclure, vous êtes le seul élu de Charente-Maritime à posséder son propre journal qui va d'ailleurs fêter ses dix ans. Pourquoi avoir créé l'Écho des Arènes à Saintes ?

Je suis pour la liberté d'expression, multiple et variée. Pour y parvenir, il n'y a qu'une solution, malheureusement : si l'on veut faire entendre son opinion, il est indispensable d'avoir son propre organe de presse pour échapper au monotone monopole de la pensée unique.

Élections municipales de Saintes

Philippe Callaud : « j'ai toujours eu l'intention de conduire une liste »...

À quelques mois des Municipales, les états majors sont en ébullition. Que va faire la gauche sur Saintes alors que Jean Rouger vient d'être désigné par le PS ? De son côté, le radical de gauche Philippe Callaud poursuit sur sa lancée et explique sa position. Il répond à nos questions :

Actuellement, on parle beaucoup des élections municipales sur Saintes, mais il subsiste encore des zones d'ombre. Allez-vous conduire une liste au printemps 2008 comme vous en avez manifesté l'intention ?

J'ai toujours eu l'intention de conduire la liste de l'ensemble de la gauche à Saintes en mars 2008. J'ai la confiance de mon parti pour ce faire. En outre, il me semble détenir quelques qualités pour cela ! Enfin, j'ai d'excellents rapports avec l'ensemble de la gauche pour pouvoir y prétendre. Tout cela me conduit à maintenir ma candidature.

Jeudi soir, Jean Rouger a été désigné tête de liste du PS. Le soutiendrez-vous et comptez-vous le rejoindre si vous ne constituez pas votre propre liste ?

J'ai pris acte du vote de Jean Rouger qui a été choisi par le PS vendredi soir. Cependant, le PRG m'avait désigné depuis un mois pour le même poste. C'est ainsi que nos partis respectifs, contrairement à La Rochelle ou Rochefort, ont choisi des candidats différents pour conduire la Gauche en 2008 ! C'est le résultat d'un choix démocratique et personne n'a une légitimité supérieure. En conséquence, il convient de choisir entre nous lequel semble le mieux placé pour présider aux destinées de cette liste. C'est ce que je propose depuis un mois au PS par fax, par mail et par téléphone sans réponse à ce jour. Cependant, bien qu'au PRG, on travaille sur le programme depuis longtemps, il est urgent que nous puissions le faire tous ensemble. Je dois préciser que je bénéficie de soutiens importants qui sont essentiels pour poursuivre ma candidature, et surtout, j'ai un capital de sympathie reconnu dans l'ensemble de la gauche saintaise et même avec le centre de l'échiquier politique, qui me permettra d'obtenir la plus large audience possible.

La désignation de Jean Rouger plutôt que Margarita Sola ou Philippe Nivet vous a t-elle étonné ? Comment voyez-vous l'union de la gauche en général dans la perspective de 2008 et quel nombre de places le PRG souhaite-il ? Quelle est votre position vis-à-vis du Modem ?

Comme je le précisais, la sociologie politique a évolué dans notre pays et notamment sur la ville de Saintes ! J'estime pouvoir rassembler autour de mon nom et de l'équipe que je conduirai des gens qui vont au-delà de la gauche traditionnelle. Cependant, avant de prendre contact avec le Modem, il est nécessaire d'établir un programme avec nos alliés naturels et d'envisager certaines alliances. Il faut procéder dans cet ordre et non pas l'inverse...
Il est trop tôt pour parler de places avant de déterminer les accords, mais il est certain que sur la liste que je conduirai, c'est au Parti socialiste que doit revenir la place de premier adjoint que j'envisage déjà et le nombre le plus important de poste. Cela sera déterminé entre nous au fur et à mesure de nos discussions. J'ai également quelques noms en tête pour le Parti communiste et les Verts. Là encore, je rencontrerai les partis...

Vous venez de passer un mandat dans l'opposition. Comment jugez-vous l'action conduite par Bernadette Schmitt ? Quelles sont ses failles à vos yeux ?

Il me sera difficile de juger l'action de Bernadette Schmitt en quelques mots. Cependant, je pense que son équipe a manqué de solidarité quelquefois et surtout certains dossiers ont été mal montés ou pas suffisamment étudiés. Comme je l'ai dit à de nombreuses reprises, elle aurait dû écouter plus souvent son opposition pour éviter des écueils parfois très coûteux...

Personnellement, quels projets défendrez-vous pour les Municipales ?

Il est difficile de fixer un programme sans en parler avec toute mon équipe, mais en voici quelques grandes lignes : avancer sur le grand projet archéologique et le gallo-romain, poursuivre le plan de rénovation urbaine au plus près des gens fragilisés, redresser au plus vite les finances de la ville, renouer un dialogue apaisé avec les associations saintaises, élaborer un dialogue avec les commerçants pour le centre-ville et le plan de circulation, envisager la communauté d'agglomération, amplifier l'attractivité économique de la ville et bien d'autre choses encore parmi lesquelles la place des jeunes, du patrimoine, de la culture. Toutes les cultures doivent avoir une place importante.

Que pensez-vous d'un rapprochement de Saintes avec Cognac ?

Il est évident que tout nous rapproche. En premier lieu, le fleuve Charente, l'attractivité commerciale, le tourisme et le patrimoine, les échanges culturels, y compris le sport. Ce rapprochement est d'autant plus nécessaire, que désormais Rochefort, quant à elle, se rapproche de La Rochelle, pour les raisons qu'il est aisé de comprendre.

Enfin, quel est votre point de vue sur la future carte judiciaire et la probable suppression de Tribunaux de Grande Instance dans le département ?

En ma qualité d'avocat et membre du conseil de l'ordre, mais également d'élu municipal et de candidat aux élections municipales, j'ai bien conscience qu'il s'agit d'un enjeu important pour Saintes et la Saintonge.
Notre bâtonnier, l'ordre des avocats, l'ensemble de la profession, les magistrats, tout le personnel des greffes, les justiciables et tous les élus ont œuvré ensemble pour maintenir notre TGI à Saintes.
Il serait en effet suicidaire d'envisager un quelconque déplacement. Il s'agit en effet de la deuxième juridiction du Poitou-Charentes en nombre d'affaires, derrière Poitiers et également du siège de la Cour d'Assises de Charente-Maritime. Il est donc important de se mobiliser pour conserver cette structure judiciaire à Saintes.

Le musée de la poche de Royan

Le musée de la Poche de Royan sera vendu aux enchères en mai 2008
Le propriétaire est déçu par le manque d'intérêt des élus...

Il y a dix ans, s'est ouvert au Gua, près de Royan, un musée consacré à la Seconde Guerre mondiale. Le but poursuivi par ses deux créateurs, Alain Dodat et Philippe Lelaurain, était de garder allumé le flambeau de la mémoire avec, en tête, cette question cruciale : pourquoi Royan a-t-elle été bombardée trois fois successives par les Alliés alors que la guerre touchait à sa fin ? Les collections présentées au public réunissaient des matériels français, anglais, américain et allemand, dont des pièces rares et originales. À l'heure de la retraite, Philippe Lelaurain est placé devant le fait accompli : les collectivités ne sont pas intéressées par ces témoignages qui seront vendus aux enchères internationales en mai 2008. Une véritable épreuve pour le propriétaire et son épouse qui attendaient un geste de la part des élus. En vain. Conséquence : le musée a fermé ses portes
au public dimanche dernier...

Pour mieux comprendre cette affaire, nous vous proposons de lire la présentation du musée, publiée voici quelques années :
Le musée de la poche de Royan est situé au Gua, à une quinzaine de kilomètres de la Perle de l'Atlantique. Ses "fondateurs", Alain Dodat (aujourd'hui disparu) et Philippe Lelaurain ont tous deux vécu les terribles bombardements de Royan durant la Seconde Guerre mondiale. D'où cette réalisation pour que « vive la mémoire ». Avec une patience infinie, ils ont réuni plus de deux mille objets regroupant des véhicules d'épo-que restaurés, des tenues, des armes et des documents écrits, révélateurs d'un état d'esprit qui a disparu, fort heureusement.
«Ce musée est le plus riche du Sud-Ouest de la France» confie le propriétaire qui se livre volontiers à la confidence : « Dans la région, il ne fait pas l'unanimité parce qu'il ravive des souvenirs. Les écoles y viennent rarement. Les enseignants préfèrent le zoo de la Palmyre ou découvrir les Jardins du Monde. Pourtant, nous représentons une page d'histoire contemporaine et notre souci est l'objectivité. Le second conflit mondial est un événement qu'il semble aberrant d'occulter. Parfois, on nous dit : mais pourquoi avez-vous choisi ce thème, pourquoi remuer le passé ? Tout simplement parce que la vérité doit être regardée en face. Les jeunes générations ont le droit de savoir ce qui s'est passé à Royan, bombardée par "erreur" à trois reprises par les Alliés alors que le conflit touchait à son terme. Les nombreuses photos que nous exposons sont révélatrices des destructions commises ici pour une cause qui reste encore floue »...

Vendre à des collectionneurs étrangers ?

C'est pour rendre hommage à cette ville "martyre" que Philippe Lelaurain a ouvert ce musée, dont le mérite est d'apporter un éclairage particulier. On trouve des matériels très rares comme la moto-chenille Kettenkrad ou le schwimmwagen, un véhicule amphibie original. Un char (Sherman M4 A1), enterré dans les dunes, a été remis en état. Chaque tenue (dont l'une a été offerte par le fils du Maréchal Leclerc) est présentée avec une fiche explicative. « Cet endroit est le lieu de retrouvailles. Un vacancier allemand a reconnu son père sur l'une des photos. Un ancien soldat américain, caché dans une famille de la région, a retrouvé son amie Suzanne. Je l'ai aidé dans ses démarches. Quand ils se sont revus, nous avions presque la larme à l'œil ! » Les histoires se succèdent...
La série d'affiches, éditée entre 1939 et 1945, attire le regard. C'était l'époque de la propagande contre le bolchevisme. Le gouvernement de Vichy incitait les « populations abandonnées à faire confiance à l'occupant allemand ». Les jeunes, quant à eux, étaient invités à entrer dans la légion.
Certains documents entraînent un malaise. Néanmoins, et avant de porter un jugement, il est indispensable de se replacer dans le contexte de l'époque pour comprendre les motivations des belligérants. Aujourd'hui, des leçons ont été tirées. L'Europe a permis à des états, autrefois opposés, de se regrouper au sein d'une même communauté économique. La stabilité est devenue synonyme de paix.
En 1996, le musée de la poche de Royan a reçu le prix du Trophée des Découvertes décerné par le Comité Régional du Tourisme de la région Poitou-Charentes. « Nous accueillons environ 20.000 visiteurs par an. Pour équilibrer nos comptes, il en faudrait 25.000 » admet le propriétaire dont le moral a parfois tendance à fléchir. « Nous ne recevons aucune subvention de la collectivité. Pourtant, j'ai encore de nombreux objets à installer. Nous manquons de place et il est impossible de s'agrandir. Nous aimerions trouver un endroit plus stratégique mais où ? Dans quelques années, nous serons sans doute obligés de vendre ces collections à d'autres musées, étrangers vraisemblablement car la demande est réelle » ajoute-t-il.
Rendez-vous en mai 2008.

« Les élus m'ont laissé tomber »...

À 70 ans, Philippe Lelaurain et sa femme viennent de prendre leur retraite. Dimanche dernier, ils ont fermé officiellement les portes du musée, avec beaucoup de tristesse et d'amertume. Pourquoi ? Parce que depuis un an, ils ont contacté les collectivités pour les sensibiliser à leurs collections, aussi variées qu'importantes. « Elles représentent dix ans de travail. Nous avons acheté tout ce que nous avons pu trouver sur la deuxième Guerre mondiale. Comme je souhaitais vendre l'ensemble, j'ai proposé à la Communauté d'Agglomération de Royan de l'acquérir pour la somme 1,5 million d'euros avec le terrain de 5000 m2, le bâtiment de 1500 m2 doté de l'air conditionné et du chauffage » explique-t-il.
Le montant étant estimé "trop cher", il n'a pas été donné suite. Philippe Lalaurain a poursuivi sa "quête" mais en vain, le conseil municipal de Royan n'ayant même pas évoqué la question en séance publique. Quant aux "grands" élus, « je les ai invités, mais je ne les ai pas vus. Didier Quentin m'a toujours dit qu'il me soutiendrait. Toutefois, j'attends qu'il se manifeste ! Idem pour la gauche, j'ai entendu des paroles formidables. Toutefois, j'ignore la position de Régine Joly, proche de Ségolène Royal ». Et d'ajouter, franchement désabusé : « quand je pense que je connais les élus du secteur depuis des années, que je suis encarté et que j'ai même collé des affiches pour eux, je suis écœuré ! Tout le monde a botté en touche. On m'a dit : si Belot est d'accord, on te suivra, sinon... J'ai très bien compris que Belot n'était pas intéressé. Les gens qui me téléphonent sont surpris. Ceux qui ont vu le reportage sur TF1 vont plus loin et s'interrogent sur le bon sens historique de la classe politique locale. Et dire qu'elle est la première à prôner le devoir de mémoire »...
À la guerre comme à la guerre, c'est pourquoi Philippe Lelau-rain a décidé de faire appel à un commissaire priseur basé à Munich, Hermann Historica, spécialiste des matériels et équipements militaires. Il organise deux grandes ventes par an, au printemps et à l'automne. Dans quelques jours, une équipe d'experts fera l'inventaire du musée, soit 2.600 objets à photographier et filmer afin de réaliser un catalogue tiré à 40.000 exemplaires. Il sera diffusé auprès de la large clientèle dont dispose ce cabinet.
L'info sera également mise en ligne, sur internet. Bien sûr, des lots seront composés. « J'ai déjà reçu des appels des musées du Pas-de-Calais et de Normandie qui sont intéressés » avoue Philippe Lelaurain.
La vente aura lieu en mai 2008 au musée du Gua et à Munich où une grande salle, dotée d'écrans lumineux, sera mise à la disposition des acheteurs. Ils pourront ainsi faire leurs enchères en direct durant les deux ou trois jours que devrait durer cette opération. Des lignes téléphoniques internationales seront créées pour l'occasion.
Cette vente devrait faire la une des médias. Pourtant, Philippe Lelaurain aurait aimé suivre une autre voie, celle de conserver le musée où il est implanté. Nul n'est prophète en son pays, dit-on...

Les Américains ont "testé" le napalm sur Royan : une horreur...

Dans les années trente, Royan était une ville séduisante qui possédait un casino et de superbes villas. Deux photographes de talent, René Jacques et Jacques-Henri Lartigue ont immortalisé ces moments intimes où Sachy Guitry, Yvonne Printemps et autres célébrités passaient leurs étés entre sable et tapis vert. Puis survint la guerre.
Le secteur royannais était étroitement surveillé par les troupes allemandes. Les nombreux blockaus de la grande côte, dont certains sont encore intacts, en sont les témoins. Alors que la fin des hostilités était prévisible, un événement terrible se produisit dans la nuit du 4 au 5 janvier 1945. Venant du Lincolshire en Angleterre, 347 bombardiers Lancaster lâchèrent sur la ville (c'est-à-dire sur les civils) 1700 tonnes de bombes de quatre catégories : soufflantes, défensives à éclats, incendiaires et à retardement, très meurtrières dans les heures qui suivirent. La deuxième vague fit un nombre de morts encore plus conséquent que la première. L'agglomération fut détruite à 60 %. Entre 600 et 1000 personnes perdirent la vie... contre 35 du côté allemand. Inutile de vous décrire la colère de la population qui ne comprenait pas pourquoi elle avait servi de cible aux Alliés : « on a beaucoup épilogué sur cette erreur monumentale : jeunes pilotes inexpérimentés, retour d'Allemagne avec des chargements de bombes qu'ils ne savaient plus où larguer, rivalité politique entre Biarritz, voire Arcachon et Royan » souligne Philippe Lelaurain. « Je pense plus sérieusement qu'il y a eu une confusion de sites, les pilotes pensant qu'une garnison allemande se trouvait dans Royan même. On parle aussi d'un retard malencontreux dans la transmission des ordres ». Qu'importe, le mal était fait et il ne s'arrêta pas là.
Le 14 avril, 1200 forteresses volantes américaines prirent le relais en envoyant 7000 bombes sur Royan et ses alentours. Ce jour-là, dit-on, il y avait plus d'aviateurs dans le ciel que d'Allemands au sol ! La cité fut rasée à 90 %. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le 15 avril sonna l'heure de l'apocalypse avec une dernière offensive : 725.000 litres de napalm (1) furent déversés sur la grande périphérie de Royan. C'était la première fois que les Américains testaient cette arme nouvelle sur le sol français. Sans commentaires ! Le 17 avril suivant, les combats s'achevèrent avec la capture de l'Amiral Hans Michahelles, commandant la poche de Royan et ses hommes.
Le 8 mai, l'armistice était signé, proclamant la reddition sans condition de l'armée allemande devant les troupes alliées.
Pourquoi Royan a-t-elle été sacrifiée inutilement ? Le Général de Larminat a été accusé d'être à l'origine de ce «carnage» ainsi que le général américain Royce, "blanchi" par la suite. Le procès dura six mois...
« Cinq années ont été nécessaires pour reconstruire Royan. Quand on sait que cette pauvre ville a servi de champ d'expérimentation au napalm, je suis consterné » remarque Philippe Lelaurain...
Dans ce domaine, il est vrai, les Américains n'éprouvent aucun remords et il est toujours étonnant de les entendre faire la morale aux autres : lors de la guerre en Serbie, ils ont utilisé sur Belgrade, sans aucun complexe, des bombes au graphite et à l'uranium enrichi interdites par la Convention de Genève. Cette information a été dévoilée par le journal Newsweek. Et depuis, les armes ont encore évolué...