vendredi 13 juin 2008

80000 euros pour "liquider" sa femme

Les histoires d'amour finissent mal en général, dit la chanson. Celle-ci, particulièrement sordide a failli coûter la vie à une habitante de Meschers, Michèle Vollet, laissée pour morte dans un fossé...


Le 15 avril dernier, l’émotion est grande à Meschers, près de Royan. Michèle Vollet, une femme de 52 ans demeurant rue des Vignes, est retrouvée, atrocement mutilée, par un automobiliste dont le regard a été attiré par une “forme bizarre“. Sa surprise est grande quand il réalise que sa voisine agonise dans le fossé, la gorge lacérée. Miracle, elle est encore en vie. Aussitôt secourue, elle est transportée à l’hôpital de Saintes où les médecins préfèrent la plonger dans un coma artificiel. Aujourd’hui, malgré un état grave, ses jours ne sont plus en danger.
Une enquête est ouverte et les gendarmes optent pour la plus grande discrétion. En effet, ils estiment la victime en danger puisqu’on a cherché à la tuer. Le lieu où elle est soignée est tenu secret, y compris de sa propre famille.Les premières questions qui se posent coulent de source : Que s’est-il passé et qui a bien pu commettre un tel acte ?
Les recherches, minutieusement menées, conduisent à un résultat stupéfiant : le mari de la victime, qui a été placé en détention provisoire, serait à l’origine de ce geste insensé. C’est, en tout cas, le motif invoqué par le Juge d’instruction qui l’a mis en examen dernièrement.
Au départ, se trouverait une affaire de divorce, mal vécue par Jean-Claude Gardrat, qui aurait tourné à l’obsession. Partage de biens ? Rancunes ? Les divorces, on le sait, sont des périodes pénibles et l’aspect matériel - partage des communautés en particulier - peut être à l’origine de querelles profondes...
Bref, l’homme aurait imaginé l’inimaginable, c’est-à-dire supprimer son ex épouse. Il aurait alors demandé à Thierry Noirot, 49 ans, de Saint Sulpice de Royan et Évelyne Courtioux, 28 ans, domiciliée à Royan, d’agir pour son compte moyennant 80.000 euros. Cette coquette somme aurait manifestement recueilli leur approbation. Dans le jargon, on appelle ça un "contrat".

Ils travaillaient chez un ambulancier de Royan


Après avoir élaboré un plan machiavélique, les exécuteurs cagoulés passent à l’acte. Ils choisissent d’agir de bonne heure, au moment où Michèle Vollet se rend à son travail dans une grande surface. Ils la guettent sur une petite route peu fréquentée. La forçant à descendre de son véhicule, ils lui demandent de s’allonger derrière leur propre voiture. Ils passent alors deux fois sur le corps de la quinquagénaire - en reculant, puis en avançant - et prennent la fuite. Toutefois, estimant que leur but n’est peut-être pas atteint, ils reviennent et lui infligent des coups de cutter, avant de la jeter dans la nature. La suite, on la connaît puisqu’elle est retrouvée... vivante.
La gendarmerie a reconstitué le puzzle de cette matinée sanglante. Des perquisitions, effectuées par la brigade de recherches de Poitiers, ont permis de retrouver le sac de Michèle Vollet ainsi que des effets tâchés de sang. Jean Claude Gardrat, responsable de la station auto bilan de Saint Georges de Didonne, Thierry Noirot et Évelyne Courtioux (qui travaillent pour une société d’ambulances de Royan) ont été interpellés. « Aucun n’a de casier judiciaire » souligne Philippe Darphin, vice-procureur du Tribunal de Grande Instance de la Rochelle. Toutefois, Thierry Noirot est connu de la police. Interrogés, ils seraient passés aux aveux. Les 80.000 euros, quant à eux, n’auraient pas été versés.
Cette histoire fait grand bruit dans la région. De nombreux témoignages de soutien ont été apportés à la victime, mère de deux enfants, Aurélie et Damien. Il est évident que le procès qui suivra, dans quelques années, sera l’occasion de mieux comprendre les motivations du trio. Certes, l’argent est en filigrane, mais il n’explique pas tout. Du côté de Saint-Georges, la clientèle de Jean-Claude Gardrat, professionnel apprécié, a du mal à réaliser qu’il puisse être poursuivi pour « complicité de tentative d’assassinat ». Quant à sa famille, elle est consternée...

Photo 1 : C'est sur cette route que Michèle Vollet a été sauvagement aggressée. A Meschers, l'aspect sordide de cette affaire a choqué la population, à commencer par le maire, Jean-François Negret. "De tels actes sont dramatiques" dit-il et d'évoquer un autre moment difficile pour la commune, il y a quelques années. Un forcené s'était enfermé chez lui et le GIGN avait été appelé en renfort. Fort heureusement, il n'y avait pas eu de victime...

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