dimanche 22 juin 2008

Conseil Général : Entre grévistes, estuaire de la Gironde et "chère" communication


Ils ont chacun leur style. Au fil des années, Claude Belot est devenu consensuel. Comme son prédécesseur radical, André Dulin, il a essayé de ménager la chèvre et le chou, c’est-à-dire la gauche et la droite. Si l’UMP et les Divers Droite lui étaient acquis, Il avait réussi à convaincre les MRG sudistes de se rallier à sa cause. Avec Dominique Bussereau, s’ouvre une ère nouvelle. L’allure est plus politique (normal, il appartient au Gouvernement !) ainsi que le langage, direct et franc, tout en conservant des formes arrondies qui siéent aux coutumes et usages charentais maritimes. À l’étude de la nouvelle session, une cinquantaine de rapports…

Le Conseil Général est une sage assemblée. Contrairement au Parlement, il ignore les turbulences excessives et les salves d’artillerie minutieusement préparées par des élus remontés.
La Charente-Maritime est une terre humaniste : ceci explique sans doute cela !
Lundi matin, toutefois, une belle agitation règne devant la Maison du Département.
Baissées, les grilles de l’entrée sont gardées par un copieux service d’ordre. Pourquoi un tel déploiement alors qu’une nouvelle session va commencer ? Des salariés de la Direction des Infrastructures Départementales et de la Société d’Économie Mixte des Autocars et Autobus Aunis et Saintonge manifestent leurs inquiétudes face à un avenir professionnel "assombri". Cette action les rapproche un moment des journalistes, coincés sur le "pavé" en attendant qu’on veuille bien leur ouvrir. Bientôt, un passage se dégage et Daniel Laurent, l’homme des routes au Département, reçoit une délégation syndicale. La presse se fraye un chemin jusqu’à l’hémicycle, après avoir montré plume blanche...
À la tribune, Dominique Bussereau, dont c’est la première session en tant que président, fait face aux événements. Les mouvements sociaux, il en a l’habitude puisqu’il siège au Gouvernement depuis six ans ! Les routiers, quant à eux, ont respecté leurs engagements, ne bloquant ni le déroulement des épreuves de baccalauréat, ni les travaux des élus.


Le RSA généralisé

Dominique Bussereau présente les chiffres de l’emploi. Bonne nouvelle, le nombre de personnes inscrites à l’ANPE a baissé de 2,4 %, passant de 20.000 à la fin du premier trimestre 2007 à 19.220. Une maison des activités saisonnières sera créée afin que salariés et patrons puissent entrer en contact. Une expérience a eu lieu sur le Pays royannais et elle donne satisfaction.
Le RSA (Revenu de Solidarité Active) sera généralisé sur le département en 2009. Jean-Louis Frot, conseiller général de Rochefort, soulève des problèmes de gestion: « l’opération a démarré en janvier sur Rochefort et Saint-Jean d’Angély. Des difficultés apparaissent dans le suivi des dossiers. Il est lourd. Si nous devons travailler à l’échelon départemental, ce sera encore plus difficile. Pourrait-on envisager des éléments de simplification car les situations personnelles bougent sans arrêt et je vois les piles s’amonceler ? ». Malgré ces difficultés de traitement, Claude Belot estime les premiers résultats du RSA encourageants, « le système venant en aide à des demandeurs d’emploi cassés par des années de rejet ». Sur les 100 premiers RMA, 64 ont repris une vie normale, « le RSA va dans le même sens ».


Estuaire de la Gironde : La fin du port méthanier ?

En ce qui concerne l’environnement, un bilan carbone de toutes les installations du Conseil général sera réalisé ainsi que dans les collèges. « Ces mesures s’inscrivent dans le respect des engagements de Kyoto » souligne le président qui souhaite y ajouter un plan de mobilité afin de réduire l’usage de la voiture. Puisqu’il est question d’écologie, comment ne pas évoquer le port méthanier du Verdon ? De nombreux élus sont opposés au projet de la société 4Gas dans l’estuaire de la Gironde. « Il est néfaste et inutile. Installer un Seveso industriel à l’entrée d’un estuaire protégé ne va pas dans la direction du Grenelle de l’Environnement » remarque Dominique Bussereau. On imagine déjà les travaux qu’occasionneraient la mise en place des cuves, le passage d’un gazoduc et d’énormes navires sous le regard médusé des vacanciers. L’État ne serait pas favorable à ces infrastructures, même si 4Gas insiste pour poursuivre des études.
Didier Quentin, député-maire de Royan, s’est largement mobilisé : il est à l’origine du prochain classement en aire marine protégée de notre estuaire préféré. En l’attente du décret officiel, la mobilisation reste forte et samedi dernier, une manifestation a eu lieu en Gironde. Selon toute vraisemblance, les Hollandais devraient abandonner cette installation qui enlaidirait à jamais un sanctuaire peuplé d’espèces rares : « Je ne suis pas contre le développement du port du Verdon, ni contre le port de Bordeaux, mais je ne peux qu’être hostile à ce port méthanier » ajoute Dominique Bussereau qui l’a dit à l’ambassadeur des Pays-Bas. À l’État de trancher en prenant ses responsabilités...
Toujours dans le domaine des innovations, le Conseil général favorisera les énergies nouvelles avec l’achat de véhicules hybrides. Un domaine que sera chargé de valoriser Dominique Clément, fustigé par la Gauche pour son salaire « trop important »...


Isabelle Pichard : « Clément, ce doit être superman !!! »

Et pourtant, il est bel homme avec sa chevelure argentée ! Pourquoi Isabelle Pichard a t-elle une dent contre Dominique Clément, engagé par le Conseil général pour y promouvoir la communication ainsi que les véhicules propres auprès des collectivités ? Les raisons sont simples, il cumule ! Ses fonctions de maire de Saint Benoît dans la Vienne et de vice-président de la CDA de Poitiers ne lui suffiraient pas : « Ce poste en Charente-Maritime coûtera 6000 euros par mois au Département pour une ou deux journées de travail par semaine » lance-t-elle. Voilà qui en fait un bon parti, mais cet élément matériel n’intéresse guère l’élue socialiste saintaise : Dominique Clément (Divers droite) est un proche de Jean-Pierre Raffarin que Ségolène Royal a remercié après son élection au Conseil Régional. Bref, ils ne sont pas du même camp politique...
Toute plaisanterie mise à part, la remarque d’Isabelle Pichard est fondée : ces frais supplémentaires sont-ils justifiés ?
Dominique Bussereau répond que le Département a besoin d’un pôle de communication efficace. Dominique Clément a prouvé ses qualités dans ce domaine quand il était directeur de la communication de la Région Poitou-Charentes. Il a également présidé le Comité régional du Tourisme, poste qu’occupe actuellement Denis Leroy, conseiller général PS de la Rochelle : « il est utile pour le Département d’avoir de bons professionnels afin de réorganiser la communication qui est un peu artisanale. Le fait que Dominique Clément soit un élu me rassure. Il collera aux réalités du terrain, contrairement à ces sociétés parisiennes qui nous prennent pour des imbéciles » ajoute le président (des noms, des noms !!!). Et de poursuivre : « Je suis désolé qu’il ne partage pas les convictions de Mme Royal. Elle a eu tort de s’en séparer ». Nullement désarçonnée, Isabelle Pichard reste pragmatique : « Comment Dominique Clément va-t-il concilier son emploi du temps ? Ce doit être Superman ! ». « De nombreux élus ont conservé leur activité professionnelle. Évidemment, ils ne font pas 35 heures » rétorque Dominique Bussereau qui ne souhaite pas envenimer la conversation.
Elle repart cependant avec l’absence de la mention “Conseil général“ sur les documents du Moto-Cross de Saint Jean d’Angély. Un service communication sert précisément à éviter ce genre d’oubli...

Qui va à la chasse perd sa place

L’élection du nouveau bureau de l’Institution pour l’aménagement de la Charente fait couler de la salive. En effet, la présidence en était jusque-là assurée par Xavier de Roux qui avait établi un consensus avec le département de la Charente, estimant que la gestion du fleuve n’avait pas à souffrir de querelles politique ciennes, aussi gênantes qu’un amoncellement d’alluvions. Le maire de Chaniers ne s’étant pas représenté au Conseil Général, la présidence était donc renouvelable. La Charente-Maritime espérait retrouver les rênes de cette assemblée via son candidat, M. Godineau, conseiller général de Saint-Savinien. Or, coup de théâtre, deux socialistes, Didier Louis, vice-président du Conseil général de la Charente et Christophe Dourthe, l’élu saintais, ont décroché la présidence et la première vice-présidence. Bref, la Gauche a pris les commandes, rompant avec la tradition instaurée !
Depuis, les élus charentais maritimes, vexés, soupçonnent Christophe Dourthe d’avoir manigancé l’affaire : « Cette élection a malheureusement pris un caractère politique. Je vais rencontrer Michel Boutan, actuellement en vacances dans les fjords, pour voir comment on peut sortir de cette impasse afin de permettre un fonctionnement normal de l’Institution. En Charente-Maritime, nous avons à régler le bouchon vaseux de Saint-Savinien » déclare Dominique Bussereau.
Visiblement agacé, Christophe Dourthe s’explique : « Pourquoi un tel tintamarre alors que la même chose s’est produite en sens inverse sur la Sèvre Niortaise où un Villieriste a été élu avec les voix des Charentais Maritimes ? ». Selon lui, le nouveau bureau est composé de "gens raisonnables" qui ne souhaitent pas finir devant le Tribunal administratif pour non entretien du fleuve Charente. D’une manière générale, chacun s’accorde sur un point : la gestion de l’eau se situe au-delà des partis politiques !
Michel Doublet exprime néanmoins sa déception quant à l’échec de M. Godineau "alors que la Charente Maritime apporte une forte contribution financière à l’Institution". Bien sûr, il ne remet pas en cause "les qualités de Christophe Dourthe". Ambiance...


Après avoir abordé de nombreux sujets, Dominique Bussereau laisse le mot de la fin au Secrétaire général de la Préfecture, Patrick Dallènes, qui synthétise son intervention. Parmi les informations, la première révision du plan d’élimination des déchets, confié au cabinet Gibus, a été engagée. Le timing étant respecté, le Président convie la presse, plus nombreuse qu’à l’habitude, à une conférence. Nouveauté qu’il convient de souligner.

Photo 1 : Arrivée au Conseil Général. Les grilles d’accès sont baissées, les grévistes attendent d’être reçus…

Photo 2 : Daniel Laurent, responsable des routes, s’apprête à recevoir la délégation syndicale.

Photo 3 : Dominique Bussereau, dont c’était la première session en tant que président.

Photo 4 : Dominique Clément, chargé de promouvoir les véhicules nouvelle génération dans le Département.

Photo 5 : Les Sudistes réunis : Claude Belot, Bernard Louis Joseph, Bernard Lalande, Francis Savin. Bernard Lalande et Claude Belot organisent une réunion à l’intention des maires et conseillers municipaux du canton de Montendre le 26 juin (à Montendre) afin de leur présenter les actions de la Communauté de Communes de Haute Saintonge.

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