samedi 11 octobre 2008

Tchad : La situation sanitaire est critique…


Tous les ans, le député Jean-Claude Beaulieu, médecin colonel de réserve, accomplit une mission humanitaire. Après la Bosnie, la Roumanie, l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire et Djibouti, il se trouvait au Tchad en juillet dernier.


Dans la tradition humaniste, Jean-Claude Beaulieu possède plus d’une corde à son arc. La politique, il la pratique à l’Assemblée Nationale depuis qu’il a succédé à Dominique Bussereau, membre du Gouvernement.
Dans l’hémicycle, il siège à la Commission de la Défense que préside Guy Tessier, sans perdre de vue le serment qu’il a prêté quand il a consacré sa vie à la chirurgie : « Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux ».
Cet engagement, Jean-Claude Beaulieu le vit d’une manière particulière chaque année quand il se rend à l’étranger, dans l’un des foyers ardents de la planète. En tant que médecin colonel de la Réserve opérationnelle, il apporte sa pierre à l’édifice en opérant durant plusieurs semaines dans un hôpital militaire. En juillet dernier, il était en Afrique, à N’djamena.
En effet, dans le cadre de l’opération Épervier, l’armée française assure au Tchad un certain nombre de missions conformes à l’accord de coopération bilatérale signé entre les deux pays, dont une aide sanitaire.


À N’djamena, l’hôpital militaire bénéficie d’un équipement relativement important dont deux salles d’opération. L’établissement présente un avantage : il accueille toute la population, soldats et civils.
Les accidents de la circulation étant légion, les blessés, victimes de fractures diverses et variées, y affluent. Chez les femmes, les cas d’hyperthyroïdie, maladie résultant d’une mauvaise alimentation, sont également nombreux. S’y ajoutent les interventions habituelles...
Le travail ne manque pas, comme on s’en doute, d’autant que ce centre est doté d’aménagements modernes dont ne disposent pas les dispensaires plus éloignés. Appelé sur d’autres sites, Jean-Claude Beaulieu a remarqué cette évidente réalité... « Partout, il règne une grande misère » souligne-t-il.


Au Tchad, la situation reste incertaine en raison de problèmes ethniques internes et du proche Darfour, région située à l’Ouest du Soudan. C’est pourquoi l’armée est sur ses gardes depuis les événements du printemps dernier qui ont provoqué plus de 1000 morts, lorsque les rebelles tchadiens ont attaqué. Les ressortissants européens sont alors partis au Gabon ou retournés dans leurs pays respectifs. La situation s’étant stabilisée, la plupart d’entre eux sont revenus. Cependant, le climat est tendu.
Récemment, une employée de la Croix-Rouge a été mitraillée et il n’est pas rare que les étrangers reçoivent des jets de pierre...

Le roi pétrole

En toile de fond, il y a bien sûr les réserves pétrolières qu’abrite cette partie du continent noir. Détail qui a son importance, la présence de la Chine y est importante. Par la société China National Petroleum Corporation (CNPC), l’Empire du Milieu vient d’investir dans une raffinerie et signé un accord avec le gouvernement tchadien pour une seconde, au nord de N’Djamena.
Le Tchad a découvert treize champs pétrolifères depuis une quinzaine d’années. « Depuis sa première coopération dans l’exploration pétrolière avec le Soudan en 1996, la Chine a investi dans vingt-sept grands projets de pétrole et de gaz naturel dans quatorze pays africains incluant le Soudan, l’Algérie, l’Angola et le Nigeria. Abritant 9 % des réserves pétrolières mondiales et assurant 11 % de la production, l’Afrique est la terre promise dont rêve la Chine pour diversifier ses approvisionnements » remarquent les observateurs. On comprend alors tous les enjeux !


Bref, il existe un véritable contraste entre les richesses du sous-sol et le niveau de vie d’un Tchadien moyen. Et que dire de son état de santé, intimement lié à la pauvreté de son environnement. Sur place, Jean-Claude Beaulieu l’a constatée et ne peut que déplorer cet état des lieux, même si l’Europe finance des équipements pour améliorer les unités de soins.
En théorie, le Tchad possède des gisements qui devraient lui permettre de dégager une économie propice à son développement. Dans la pratique, c’est autre chose...
À l’avenir, les déséquilibres devraient encore s’accentuer, comme l’a souligné Hervé Morin, Ministre de la Défense : « Le contexte géostratégique est instable. De nouveaux acteurs dangereux émergent, qui ignorent les frontières nationales, comme les organisations terroristes et les mafias, qui peuvent d’ailleurs s’appuyer sur l’aide de certains États. La Russie, la Chine et l’Inde deviennent ou redeviennent des acteurs militaires majeurs ; le monde, plus généralement, se réarme, à l’exception notable de l’Europe. L’accès aux matières premières et aux sources d’énergie provoque de fortes tensions et en générera de plus en plus »...
Courage... On peut simplement s’étonner que la France ait laissé filer l’essentiel des ressources pétrolières tchadiennes aux Américains et aux Chinois alors qu’elles étaient déjà connues de l’ancienne puissance coloniale.
La France, il est vrai, avait fort à faire avec les méandres de la politique intérieure tchadienne et la défense de l’existence même de ce pays menacé par la Libye...


Infos en plus :

• Le dispositif Épervier de la France au Tchad

Le dispositif Épervier déployé au Tchad compte 1100 militaires sous le commandement du Christophe de Cugnac. Il comprend un état-major interarmées, un groupement tactique, un détachement de l’aviation légère de l’armée de terre (3 hélicoptères Puma), un groupement de l’armée de l’air (six appareils Mirage F1, un appareil de ravitaillement en vol C-135, trois appareils de transport C-160). Il est ponctuellement renforcé par un Atlantique II de la Marine nationale. Les deux bases principales sont le camp Kosseï à N’djamena, non loin de l’aéroport, et le camp Croci à Abéché.

• L’Afghanistan et l’opium...

Jean-Claude Beaulieu porte un regard objectif sur ces pays qui n’en finissent de panser leurs blessures et qui, pourtant, pourraient tirer leur épingle du jeu. En Afghanistan, par exemple, des progrès sont visibles avec la formation de médecins, des équipements financés par l’Europe, une université qui a rouvert ses portes et des écoles qui fonctionnent. Toutefois, ces avancées ne doivent pas faire perdre de vue que la principale économie du pays résulte du trafic de l’opium. Une drogue destinée aux pays dits développés. Autrement dit, tout est pure hypocrisie. S’il n’y avait pas de consommateurs, les paysans afghans reviendraient peut-être à la culture des céréales. Il faudrait pour cela refaire les réseaux hydrauliques gravement endommagés par les Russes.

• Le développement des écoles coraniques...

Selon les spécialistes, « les conflits au Tchad ont surtout été causés par les populations sahariennes musulmanes, de tradition guerrière, alors que les Chrétiens sont essentiellement des agriculteurs sédentaires. La rébellion vient du Nord. Le gouvernement en place est soutenu par la France tandis que les rebelles seraient financés par les Soudanais »...
Le développement économique du Tchad laisse à désirer. Il est vrai que les deux derniers chefs d’état ont peu de chance d’être canonisés. Hissène Habré a été condamné à mort par contumace le 15 août dernier pour crimes contre l’humanité par le tribunal de N’djamena. Deby, au pouvoir depuis 1990, traîne un certain nombre de casseroles derrière lui et, le 7 février dernier, il a échappé de justesse à une tentative de renversement. La vie au Tchad n’est pas un long fleuve tranquille d’autant que les écoles coraniques s’y développent largement. Inch Allah !

Photo 1 : À gauche, Jean-Claude Beaulieu en tenue militaire.

Photos 2 et 3 : Transport de blessé.

Photo 4 : Photo souvenir de la base de N’Djamena.

Photo 5 : Carte géographique du Tchad.

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