lundi 27 juillet 2009

Conte de fées à Jonzac


Tous les ans, c’est un privilège : les fées descendent dans la rue de Champagnac. Rencontre avec ces créatures venues d’un monde parallèle.




Si vous n’aimez pas la mer et que la campagne vous donne des boutons, rien de plus agréable et subtil que d’aller à la rencontre des fées. Celles qui habitent les vrais contes avec robes scintillantes, baguettes magiques et le charmant pouvoir d’exaucer trois vœux.
Le premier est de les regarder dans les yeux, une fois par an.






Venues de la troisième dimension, elles étaient présentes samedi et dimanche derniers dans la rue de Champagnac, révélées par le secret travail de trois elfes, Sandrine Chamoulaud, danseuse, Nathalie Bô, costumière et Dominique Debordes, créatrice.

Elles apparaissaient en des lieux particuliers, sur une faille, un puits ou à l’entrée d’un couloir obscur. Intrigués, les visiteurs les ont écoutées et les entendre était le deuxième vœu. Un cœur impur, en effet, ne saurait pénétrer leurs pensées.

Au bout du chemin initiatique, les heureux élus croisèrent deux anges et une licorne éléphant. L’étrange animal les invita à rejoindre la danse.
Le bouquet final, troisième vœu, était un « au revoir ». Les apparitions restent inoubliables si elles durent l’espace d’un court instant.


Sortant de la rue médiévale, il fallait alors se diriger vers les spectacles flamboyants d’Arche en sel et Célestroï, un ballet de trois géants gesticulant musicalement au milieu des passants. Tandis que la place du château s’illuminait de mille lueurs, des personnages tendaient leurs ailes, prêts à s’envoler au-dessus du vieux castel. Leurs silhouettes lumineuses et mystérieuses attiraient le regard.




Sur la République, devant Marianne, les bateleurs avaient élu domicile, évoluant dans des feux d’artifice à damner des saints. Enfin, près de la Seugne, les élèves de Savannah proposaient « Les caprices de Marianne » revus et visités, non loin des mobiles en mouvement de Trèfle en sol.

Les rues étaient drôles, je vous le dis et, confidence pour confidence, on aimerait bien qu’elles le restent tout l’été. Mais c’est aux fées d’en décider !




Un coup de chapeau aux organisateurs de Site en Scène, Conseil général, Ville de Jonzac (avec le soutien du Casino), Communauté de Communes, chevilles ouvrières et ateliers municipaux de la ville.

Photos Nicole Bertin

Ségolène Royal en campagne saintongeaise… et régionale


Ségolène Royal était à Jonzac jeudi dernier. Au programme, la visite des projets soutenus par la Région Poitou-Charentes dont elle est présidente.

On voit peu la présidente de la Région à Jonzac et pour cause, Ségolène Royal n’arbore pas la même couleur politique que le maire, Claude Belot (UMP). D’ailleurs, du temps où il dirigeait le Département, il n’hésitait pas à faire remarquer les “manquements“ de la Région Poitou-Charentes quand les subventions, par exemple, n’étaient pas à la hauteur des espérances. Que voulez-vous, c’est de bonne guerre quand deux camps rivalisent !

En cet été 2009, nous sommes à quelques mois des élections régionales de mars  2010 et les états majors commencent à s’agiter sur le terrain. Lors du dernier scrutin, toutes les régions (à l’exception de l’Alsace) ont basculé à gauche et la “dauphine “ de Jean-Pierre Raffarin, Élisabeth Morin, s’est inclinée devant les forces socialistes. Un rude coup pour l’UMP qui cherchera sans doute à prendre sa revanche lors la prochaine échéance. Reste à connaître la tête de liste à droite (Henri de Richemont, Chantal Jouanno ?) : pour l’instant, rien n’est officiel. S'y ajoutent les conclusions du rapport Balladur (attendues) qui pourraient réduire la durée du prochain mandat régional.

Quelles que les futures modifications, Ségolène Royal est partante. Elle se trouvait donc en Haute Saintonge jeudi matin entre rayons de soleil et averses. Vers 13 h, elle est arrivée aux Antilles avec Régine Joly. Pour la photo en maillot de bain, il faudra attendre, mais son covoiturage dans la fameuse 607 noire de Claude Belot valait bien le détour !


Dans la salle de réception, elle était l’invitée du premier magistrat, président de la CDCHS. Le déjeuner, composé par Jacky, responsable du restaurant, et son équipe comprenait entrée melon-jambon, côtes d’agneau ou magret au choix, assiette fromagère, tartelette et café gourmand. De quoi vous mettre l’eau à la bouche, mais vous n’aurez aucun cliché de ce repas puisque les photos n’y étaient pas autorisées (seule fuite : chaque convive y aurait mangé de bon appétit !).
Par contre, elles l’étaient lors des rendez-vous au Moulin de chez Bret, la médiathèque et la maison de l’Énergie.




D'un pas alerte

Ségolène Royal a visité les projets qui ont bénéficié des subventions de la Région. Au Moulin de chez Bret, il s’agit de la scénographie.
En cet endroit original, elle a rencontré Frédéric le meunier, Jean-Claude Texier, premier adjoint, Pierre Jean Ravet, maire adjoint et les hôtesses de l'office de Tourisme. Karine Robin, archéologue départementale, en profita pour présenter les fouilles de la villa gallo-romaine, située à proximité, et dont un large motif a été reconstitué.
La présence du sympathique meunier rappelait les aménagements réalisés dans le secteur (avec production de farine au moulin à vent, s’il vous plaît !).






À la médiathèque, Ségolène Royal était accueillie par un parterre socialiste, dont le conseiller général d’Archiac, Michel Lachaise et Monique Doucet, conseillère municipale à Jonzac.
Reçue par Danièle Giraudeau et la directrice des lieux, l’élue a découvert des espaces fonctionnels qui s’adressent à tous les lecteurs des environs.
Beaucoup auraient aimé obtenir des dédicaces ou parler avec elle, mais ce fut au pas de course, dit-on, qu'elle termina son "périple" à Jonzac. Il faut dire qu'elle n'avait pas trop le choix, son chauffeur n'étant autre que Claude Belot !




Photo 1 : Ségolène à Jonzac, la bise à Monique Doucet !

Photos 2, 3, 4 : Aux Antilles, on attend la présidente de la Région. Le chef cuisinier se prépare...

Photo 5 : Arrivée au Moulin de chez Bret

Photo 6 : De gauche à droite on reconnaît Karine Robin, archéologue, Frédéric, meunier, Ségolène Royal, Pierre-Jean Ravet, maie adjoint, Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, Régine Joly, vice présidente de la Région et Jean-Claude Texier, premier adjoint.

Photos 7, 8, 9 : Visite du Moulin de chez Bret situé non loin de la villa gallo romaine et du complexe aquatique des Antilles. Peu d'élus jonzacais participaient à cette manifestation...

Photo 10 : Et une dédicace pour Mona sous le regard de Claude Belot !

Photos 11 et 12 : A la médiathèque avec Danièle Giraudeau et les responsables du site

Photo 13 : Emmanuel Arcobelli salue la présidente

Photo 14 : le nouveau directeur des Antilles M. Maisonniaud

Photo 15 : L'attente est parfois longue...

Photo 16 : Savoir se coiffer de son bonnet demande une dextérité confirmée...

• Les principaux rendez-vous de Ségolène Royal : Saint Genis de Saintonge (passage au marché et visite des projets soutenus par la Région), Semillac (Jardins de la Réussite, structure d’insertion par l’activité économique), Jonzac (Antilles, Moulin de chez Bret, Médiathèque et Maison de l’Énergie), Montllieu la Garde (Maison de la Forêt et réalisations FRIL). Fin du périple à Aubeterre (soirée Nuits à l’église monolithe Saint Jean Baptiste).

• L'info en plus :

Le nouveau responsable des Antilles s’appelle Patrice Maisonniaud. Succédant à Laurent Vigezzi, il travaillait au service sports de la mairie de Bordeaux.
Nous lui souhaitons la bienvenue dans la capitale de la Haute Saintonge. Le complexe aquatique et ludique compte une trentaine de salariés.

• Rapport Balladur :

On ignore toujours si les régions évolueront en se regroupant. Dans ce cas là, les départements du Poitou-Charentes pourraient être répartis entre l’Aquitaine et d’autres territoires. Dossier à suivre de près à la rentrée. Un nouvel élu pourrait voir le jour : le conseiller territorial.


Photos Nicole Bertin

Mortagne rend hommage à l'écrivain Jean-Marc Soyez


« Estuaire et Écrivains d’chez nous » est une manifestation programmée sur cinq jours. Son but, promouvoir la rive droite de l’estuaire de la Gironde, à travers une programmation culturelle riche et diversifiée.

Mercredi 22  juillet, l’Office de Tourisme a rendu hommage à Jean-Marc Soyez, ouvrant le ban par la diffusion de son film “ Le Créa“. Cet écrivain, installé à Boutenac, nous a laissé de nombreux romans qui donnent vie à des personnages vrais : gens du cru, pêcheurs aux mains calleuses, femmes dures à la tâche. Ses témoignages sont de véritables viviers, même pour ceux qui croient connaître cette région qu’il aimait tant.

“Le Créa“ (1975) en est l’exemple type. L’histoire raconte l’amitié d’une bande de copains quadragénaires, qui vit chichement grâce aux maigres revenus de la pêche. Malgré un travail harassant, leur existence est paisible. On va à la tonne, on se retrouve inexorablement au café du port avant de renter chez soi. Jusqu’au jour où l’un d’eux ramène un créa (esturgeon) et fait fortune (il empoche 60 000 francs). Son argent, il le dépense dans le modernisme des années 70 pour son foyer et va jusqu’à acheter la mobylette que son aîné lui réclamait depuis si longtemps. Jalousie et méfiance s’installent. Notre héros est sollicité de toutes parts. Ses amis s’éloignent. Le ras-le-bol se fait sentir chez ce marin simple, mais dépassé par ce changement radical. Enfin ses rêves s’effondrent : l’électroménager ultramoderne ne tient pas ses promesses et son monde bascule lorsque son fils perd une jambe, lors d’un accident avec la fameuse mobylette. À partir de ce jour, il refuse de pêcher le premier créa qui tombe dans ses filets.

Cette projection fut suivie par une centaine de spectateurs, majoritairement du pays. Didier Catineau, animateur de la soirée, trouva dans la salle des personnes qui avaient joué des rôles de figurants. Fait du hasard, M. Berthelot, petit fils de marin, raconta comment son grand père, dont il est brièvement question dans le film, avait capturé un créa en 1937. Il expliqua que ce fameux créa n’avait rapporté que 700 francs de l’époque, soit le salaire d’un instituteur. Briseur de rêves ? Non, il s’agissait simplement de saluer le courage de ces pêcheurs qui trimaient pour un salaire incertain.

Ce soir-là, il fut bien entendu question de l’auteur, mais aussi de l’homme. Michel Lis, ami proche, résuma Jean-Marc Soyez en disant simplement : « Il avait le goût des autres, il était l’authenticité faite homme ».
Jean Marc Soyez était connu pour son franc-parler, ne s’embarrassant guère des apparences et des hypocrisies, mais il savait cultiver l‘amitié et quand il l’avait donnée, c’était pour la vie !
Quand on évoque ses souches creusoises, Claire, son épouse, déclare : « La Creuse était sa patrie, la Charente Maritime, son pays ». Une belle définition pour l’homme du terroir qu’il était, et une fort jolie conclusion à cette soirée dédiée à « l’homme qui avait trouvé la vérité au bord de l’estuaire, là où la Gironde est si forte qu’on ne peut pas lui mentir ».

Un homme éclectique

Durant la soirée, Didier Catineau a rappelé le parcours de ce « touche à tout ». Il a été tour à tour, journaliste, reporter, il a publié de nombreux livres, des ouvrages pour la jeunesse, des guides sur la forêt, la chasse ou la pêche, sans oublier ses romans. Il avait même participé à l’éclosion de la télé camerounaise. Une sacrée aventure dans un pays « où le président téléphonait en direct au présentateur lors des journaux télévisés ».

Photo 1 : Michel Suire, cheville ouvrière de cette manifestation, Didier Catineau, Claire Soyez et le journaliste écrivain Michel Lis.

Photo 2 : le public

Le musicien Cédric Burgelin au château de la Bruyère


Cédric Burgelin n’est pas seulement un organiste de talent, il joue aussi de l’épinette. Vendredi soir, il donnait un concert au château de la Bruyère, à Souméras.


Le petit salon du château de la Bruyère se prêtait à merveille à ce rendez-vous. Chandeliers allumés, épinette joliment décorée s’accordant avec l’ivoire des murs, le décor était dressé. Ne manquait plus que l’artiste qui rentrait d’un voyage à l’étranger.

Reposant sur trois pieds, l’épinette de cette soirée possédait un clavier aux touches de couleurs inversées. Pour honorer cet instrument peu courant en nos campagnes, Cédric Burgelin avait choisi des morceaux aux sonorités diverses, mais ô combien douces à l’oreille : Lully, les variations de Bach, Scarlatti, Mozart en passant le sublime canon de Pachelbel.

Avant chaque morceau et selon la coutume, il donna des explications détaillées : particularité du morceau, conditions de sa composition. Lui-même s’offrit une belle liberté en revisitant « La flûte enchantée » ! Cette « évasion très personnelle » ravit le public.
La soirée se termina par une gerbe d’applaudissements et une visite guidée de l’épinette, instrument à cordes pincées, plus petit que le clavecin. De proportion raisonnable, on en jouait en la posant sur la table.


Malgré le piano, cet instrument n’est pas tombé dans l’oubli. Les sonorités qu’il libère dans l’espace subliment l’ambiance. On se croirait à Venise, Versailles, Florence, Weimar ou Vienne en plein XVIIIe siècle ! En cette évasion intemporelle, réside la force des interprètes. Par le talent, les œuvres traversent le temps et charment le public comme une hirondelle au printemps.
Merci à Geneviève William, à l’origine de cette rencontre avec Jacques Bachet et Anne-Marie Molinié.
Une nouvelle manifestation sera organisée le 19 septembre. Cédric Burgelin y sera aux côtés du clarinettiste Roman Orlov.



Photo 1 : Cédric Burgeli et Geneviève William

Photos 2, 3, 4, 5 : Un concert apprécié du public, suivi de la "visite guidée" de l'épinette

• Un peu d’histoire :
La propriété de la Bruyère a été créée par Maurice Lannes de Montebello à la fin du XIXe siècle. « Une fourmilière de terrassiers, de maçons, de charpentiers, de mécaniciens, s’empara de ces terres pour les transformer à vue d’œil, tandis que des représentants de presque tous les corps de métier touchant à l’agriculture, s’employaient à les mettre en valeur, non seulement des laboureurs, des vignerons, des jardiniers, des cochers, des bouviers, des bergers, mais aussi des spécialistes, tels que beurriers, fromagers, aviculteurs et même charcutiers » dit-on.

L’idée de M. de Montebello était de rapprocher le producteur agricole du consommateur citadin en transformant sur place les produits de sa ferme-modèle. La laiterie, qui rayonnait à trente kilomètres à la ronde, obtint une médaille d’argent au Concours agricole de Paris en 1907 et une médaille d’or à Bordeaux. S’y ajoutaient une porcherie et un élevage de volailles.
Pour faciliter la vente de ses produits, le marquis de Montebello ouvrit des boutiques à Paris et Bordeaux. Gentleman-farmer, il avait le sens des affaires !

Aujourd’hui, les activités agricoles ont disparu, mais le château existe toujours. Propriété de Geneviève William depuis les années 1990, il propose des chambres d’hôtes meublées de mobilier ancien. Le parc arboré s’étend sur douze hectares.

dimanche 26 juillet 2009

Jonzac :
La sous-préfecture ne sera pas supprimée


Les craintes quant à cette suppression sont écartées pour l’instant. En effet, et même si Isabelle Duhamel Costes rejoint le corps des magistrats au Tribunal de Grande Instance de La  Rochelle à compter du 1er  septembre, elle sera remplacée par un nouveau sous-préfet en charge de la Haute Saintonge.
Son nom n’est pas encore connu.

Rappelez-vous, lors de la cérémonie des vœux 2008, Isabelle Duhamel Costes, sous préfet de Jonzac, lançait un appel qui ne passa pas inaperçu : « actuellement, les réformes s’accélèrent et génèrent certaines inquiétudes ». En effet, dans le cadre de la modernisation de l’État et afin de réaliser des économies, le Gouvernement envisageait à l’époque de réduire le nombre de sous-préfectures.
Le Département de la Charente-Maritime était concerné et certains bruits circulaient déjà. Isabelle Duhamel Costes demanda alors aux élus de la soutenir dans ses actions : « nous devons réagir et nous adapter. Ce sera notre défi pour le territoire. J’ai besoin de vous tous, de votre réactivité. Il est nécessaire de conserver les sous-préfectures rurales qui sont un lien important entre les collectivités locales et l’État ».

Face à elle, les édiles avaient hoché la tête : ils imaginaient mal devoir se rendre à Saintes pour accomplir leurs formalités. Claude Belot, maire de Jonzac, avait enchéri : « il faut que les habitants aient de l’espoir. Ici, le chômage a baissé, la Communauté de Communes est en bon état de marche et toute la population profitera bientôt de l’internet haut débit ».
Depuis la situation a évolué. En effet, la Préfecture de La Rochelle est claire sur ce point : Isabelle Duhamel Costes, nommée vice-procureur au Tribunal de Grande Instance de La Rochelle, aura un successeur. Selon la date où il entrera en fonction, l’intérim sera assuré par le sous-préfet de Saintes. Pour l’instant, on ignore son nom, le « dossier étant à l’étude ».
L’actuel sous-préfet de Jonzac quittera ses fonctions le 31  août. Selon le vœu qu’elle a émis en début d’année, elle rejoindra la magistrature (droit pénal), un domaine qu’elle connaît bien.

Nommée voici trois ans à Jonzac, elle déclare y avoir vécu « une expérience enrichissante », ses connaissances en droit étant un atout. « J’ai eu plaisir à travailler avec les maires des petites communes. J’ai pu les aider à conduire leurs projets, à résoudre leurs difficultés et problèmes administratifs » déclare-t-elle.

Bref, elle a apprécié le Sud Saintonge où elle reviendra sûrement : l’Aunis n’est pas très éloigné du paradis terrestre ! Nous lui souhaitons bonne chance dans ses nouvelles fonctions et à son époux, Jean-Paul, de naviguer en père pénard sur le beau littoral charentais.

Photo 1 : Isabelle Duhamel-Costes lors de la cérémonie des vœux 2008. Avec son époux Jean-Paul, elle s'est parfaitement intégrée à la Ville de Jonzac. Magistrat de formation, elle est également artiste peintre (et petite fille d l'académicien Georges Duhamel). Peut-être aurons-nous un jour l’occasion d’aller à l’une de ses expositions ?
Sur cette photo, elle est aux côtés de Jean Claude Beaulieu, député, Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports et Jacques Reiller, ancien préfet de Charente Maritime

Photo 2 : M. Verhoest, Gérard Masson, Christiane Proux, Jean Paul Costes avec un couple d'amis

Photo 3 : Avec les élus

Jonzac :
Des tombes mérovingiennes au pied de Saint Gervais et Saint Protais


Combien de fois les Jonzacais ont-ils foulé la place de l’Église, ignorant que sous leurs pieds, dormaient des hommes et des femmes enterrés en ce lieu depuis des lustres ? Ces présences invisibles les ont accompagnés, passant allègrement du VIe au XXIe siècle !
Des fouilles, entreprises par le Département dans le cadre de la réhabilitation du quartier, ont révélé de nombreuses sépultures mérovingiennes. Le point avec l’archéologue du Conseil Général, Léopold Maurel.


Voici plus de dix ans, la découverte de sépultures mérovingiennes, non loin de l’église de Chadenac, avait fait grand bruit. Durant plusieurs semaines, archéologues et chercheurs bénévoles avaient travaillé pour percer les secrets de ce cimetière dont une vigne avait masqué l’existence. Certes, les regards avertis avaient remarqué des détails laissant supposer une occupation ancienne mais, à une époque, le patrimoine retenait peu l’attention.

Les manuels d’histoire, d’ailleurs, ne faisaient pas preuve d’une grande objectivité. Les Gaulois, par exemple, semblaient arriérés par rapport aux Romains. Sur les gravures, on les voyait dans des cabanes misérables au milieu des cochons. De nos jours, on admet que nos ancêtres n’étaient pas ignares et possédaient une technologie avancée.
Il en est de même pour les Mérovingiens, issus du roi Mérovée, grand-père de Clovis (célèbre pour le vase de Soissons et son baptême dans la religion catholique, célébré le 25 décembre 498 à Reims par l’évêque Rémi).

Après la chute de l’empire romain d’Occident, victime des Barbares, Clovis, chef d’une tribu de Francs, s’imposa et conquit la Gaule presque entière. Habile stratège, il obtint de l’Empereur d’Orient le titre de Consul, titre que le fit accepter des Gallo Romains, inquiets à juste titre de leur sort.
Malheureusement, et alors qu’il s’illustra dans les combats, sa postérité connut une destinée peu enviable. Parmi les « rois fainéants », se trouve en effet ce cher Dagobert que tous les écoliers connaissent pour avoir mis sa culotte à l’envers. On s’éloigne des exploits héroïques !



Une découverte importante pour l’histoire locale

Jusqu’à présent, les Jonzacais ignoraient que les Mérovingiens avaient habité leur ville. Si les témoignages de l’époque médiévale y sont nombreux, subsistait un blanc entre la fin de l’occupation romaine (dont la villa des Antilles est un vestige) et le commencement du Moyen Âge. Une heureuse fortune l’a partiellement comblé.
Les fouilles menées actuellement devant l’église plonge le visiteur dans une période dite «"obscure ", les VIe et VIIe siècles en particulier.
L’apogée de Rome n’est plus qu’un souvenir et une nouvelle organisation a été mise en place. Jonzac (qui ne porte pas encore ce nom) est un lieu habité, fort de deux collines (emplacements de l’actuel château et de l’église). Imaginez-vous quinze siècles en arrière, avec des coteaux verdoyants et un habitat réparti autour de la rivière !

Grâce aux travaux conduits par Léopold Maurel, nous savons désormais que, devant l’édifice religieux (et sans doute dessous et au-delà de maisons d’en face), se trouve une nécropole mérovingienne qu’un précédent chantier laissait supposer. En effet, des sarcophages coupés avaient été repérés près de la balustrade.

«  Le périmètre où se succèdent les fouilleurs est important  » souligne l’archéologue départemental. On y remarque des sépultures de pierre organisées autour d’un bâtiment.
Le lieu était-il renommé au point d’y attirer les fidèles en ce début de christianisation ? Mystère. On parlerait alors d’inhumation «  ad sanctos  », acte qui consistait à se faire enterrer auprès de saints afin de bénéficier de leurs immenses bienfaits. Bien sûr, les travaux actuels ne permettent pas de dire si un honorable personnage reposait dans l’édifice (d’une quarantaine de m2) dont les bases ont été dégagées. Ou bien y avait-il une fontaine aux eaux curatives (ancêtre de la cure thermale) ?

Deux périodes cohabitent…

De nombreuses questions restent en suspens. Les sarcophages apparaissent les uns auprès des autres et les uns sur les autres en partie. Des inscriptions dans la pierre seraient les bienvenues pour éclairer les lanternes.
Près des squelettes, quelques objets ont été retrouvés, dont un fragment de statue gallo-romaine qui a servi de remblai.
L’agencement de la nécropole et les superpositions de sépultures à flanc de colline, littéralement calées contre la construction, soulève des interrogations. Serions-nous en présence d’une survivance du paganisme rural (culte à une divinité), aucun objet lié à la pratique chrétienne n’ayant été localisé ?



L’intérêt que présente cet espace est d’abriter deux époques distinctes. En effet, à quelques encablures des Mérovingiens, Léopold Maurel et son équipe ont remarqué d’autres tombes (avec emplacement creusé pour la tête). Pouvant remonter au Bas Moyen Âge, elles sont de construction différente et disposées selon un agencement réfléchi.
C’est une aubaine pour les chercheurs qui ont deux époques sous les yeux à décrypter. « On y verra plus clair en fin d’année quand mobilier et ossements auront été étudiés » estime Léopold Maurel.

Chaque jour, il encadre une vingtaine de personnes, passionnées par cette aventure saintongeaise. Le chantier durera jusqu’au 28 août.
Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à contacter la mairie de Jonzac. Toutefois, avant d’être opérationnel, une formation de deux semaines vous sera prodiguée car l’archéologie est une discipline minutieuse.
Il y a tout lieu de penser que le site n’a pas encore livré tous ses secrets. L’office de Tourisme y organise des visites guidées.

L'info en plus

• Anthème : Où est la vérité ?

À l’évocation d’un saint ayant pu être vénéré dans le bâtiment, Anthème vient à l’esprit puisque ses reliques auraient disparu de l’église (au moment des guerres de religion, dit-on). Cependant, il y a fort peu de chances qu’il s’agisse de lui pour une question de date. D’après Fouché, chanoine honoraire et curé de Jonzac, Charlemagne aurait réuni un concile à Jonzac au VIIIe siècle et fait déposer dans la chapelle les restes de l’évêque de Poitiers.
Cela reste à vérifier ! « Le Pseudo Turpin », qui sert de référence, est une fausse chronique historique rédigée au XIIe siècle par l’évêque de Compostelle, le pape Calixte II et l’abbé de Saint-Denis qui obéissaient aux ordres d’Alphonse VII et Louis VI. Il s’agissait pour eux de décrire la valeureuse attitude de Charlemagne et ses preux chevaliers venus délivrer des Maures le tombeau de Saint Jacques. De l’importance du récit, dépendait l’impact auprès des fidèles !
Léopold Maurel est réaliste : « Pour donner une valeur à un lieu de culte, rien de mieux que de constituer une légende » !



• Les Mérovingiens de Haute Saintonge étaient-ils chevelus ?

En effet, les historiens prétendent que les plus puissants d’entre eux tiraient leur force de leur opulente chevelure…

Les rois francs étaient en principe élus par les hommes libres du peuple, un concept juridique qui recouvrait à l’origine des situations sociales diverses. Ces hommes libres, que l’historien de l’église Grégoire de Tours désigne sous le nom de Francs, furent progressivement assimilés à un groupe supérieur de la société, des « Grands » qu’on ne peut pas encore appeler noblesse. Cependant le principe héréditaire prévalut et les « Grands » durent choisir le souverain parmi les descendants mâles de la famille mérovingienne, ainsi érigée en dynastie. Les rois mérovingiens détenaient le mund, puissance charismatique et surnaturelle transmise par le sang et légitimée par les victoires du chef. On pensait alors que l’ascendant magique du roi franc résidait dans sa chevelure : ils sont surnommés les « rois chevelus » (en latin reges criniti). C’est pour cette raison que le dernier des rois mérovingiens, Childéric III, fut tondu avant d’être enfermé par le nouveau roi, comme nombre de ses prédécesseurs qui avaient été écartés du trône. En 750, les derniers Mérovingiens, appelés ultérieurement « rois fainéants » par Eginhard pour légitimer la prise de pouvoir carolingienne, avaient depuis longtemps perdu tout pouvoir, excepté dans les apparences. Ce fut le temps d’une nouvelle dynastie franque issue de l’aristocratie austrasienne : les Carolingiens, dont le premier roi, Pépin III, dit le Bref, aussi nommé Pépin le Pieux, fut couronné et sacré après avoir déposé Childéric III, le dernier Mérovingien, avec l’aval du pape Zacharie.

(Extrait de Wikipedia)




Photo 1 : Léopold Maurel, archéologue départemental sur le chantier de fouilles de Jonzac

Photos 2 et 3 : Le chantier devant l'église de Jonzac

Photo 4 : Des sarcophages coupés avaient déjà été repérés près de la balustrade située devant l'église.

Photo 5 : Ces sarcophages sommeillaient à faible profondeur depuis des siècles devant l'édifice religieux

Photos 6 à 11 : Le chantier attire chaque jour de nombreuses de personnes qui suivent l'avancement de la fouille

Photo 12 : Longtemps, des tilleuls ont poussé sur cette place. Leurs racines se sont littéralement glissées entre les ossements. Etrange impression…