lundi 24 août 2009

Astrophysique :
Sommes-nous seuls dans l’univers ?


Cette grande question, que les hommes se posent depuis des lustres, trouve peu à peu des réponses qu’apportent les astrophysiciens.
Ne vous attendez pas à des déclarations fracassantes du type OVNI ou créatures bizarroïdes, les découvertes des chercheurs sont rigoureuses et détaillées, malgré les distances immenses qui nous séparent des autres galaxies.
Mercredi dernier, Jean-Philippe Beaulieu, fils de Françoise et Jean-Claude Beaulieu, député, animait une conférence sur ce thème. Il y avait affluence et pour cause, le sujet est passionnant...



Par les soirées d’été, pendant que les vacanciers rêvent aux milliers d’étoiles qui éclairent leurs nuits d’une gerbe de romantisme, les astrophysiciens entrent en action.
Grâce aux technologies avancées, ils se glissent dans l’univers, un espace infini où la Terre est une minuscule tête d’épingle. Voilà qui devrait rendre les hommes plus modestes sur leur condition, mais là est un autre sujet !

Mercredi dernier, dans le cadre des rencontres organisées par les Archives départementales, Hélène Taillemite recevait l’astrophysicien Jean Philippe Beaulieu.
Enfant du pays de Jonzac, il donne régulièrement des conférences dans la capitale de la Haute Saintonge. Le public, qui adore ce dépaysement galactique, est toujours nombreux. Il y a quelques années, la vedette de la soirée était la découverte d’une exoplanète, petite sœur de la Terre, mais il fallut se rendre à l’évidence. Difficile pour nous de s’y rendre, elle est trop éloignée !

Une annonce intéressante suivit. Résultat d’une observation faite au Chili, deux planètes analogues à Jupiter et Saturne, tournant autour d’une étoile deux fois moins massive que le Soleil, furent localisées par des équipes utilisant la microlentille gravitationnelle.
Chaque année apporte sa moisson de "trouvailles". Si la connaissance progresse, une question reste en éternel suspens : Existe-t-il d’autres formes de vie dans l’univers ? Autrement dit, y a-t-on trouvé des “briques“, molécules organiques prébiotiques qui, une fois assemblées, s’organisent pour former des cellules ?


Ovni soit qui mal y pense

«La question n’est pas nouvelle » rappelle Jean-Philippe Beaulieu : elle hante l’esprit des hommes depuis des siècles.
Déjà Néandertal devait se sentir bien seul face à la voûte céleste qui gardait ses secrets. Et pour peu que la foudre ne terrasse l’un des siens, il en déduisait qu’une présence invisible avait jeté ce sort funeste ! Inconsciemment, les hommes n’aiment pas naviguer seuls sur leur vaisseau.
Dans l’Antiquité, Démocrite écrivait : « il y a un nombre infini de mondes de différentes tailles et de différentes natures avec ou sans vie».
Au XVIe siècle, Copernic présenta une théorie dite révolutionnaire. Le soleil se trouvait au centre de l’Univers et la Terre tournait autour de lui : elle n’était donc pas centrale. Prudent, il mit trente ans à publier ses travaux, craignant d’être traité d’hérétique. L’Église n’appréciait guère qu’on vînt bouleverser ses théories, il est vrai.
En Italie, elle sacrifia Giordano Bruno. S’appuyant sur les travaux de Copernic et Nicolas de Cues, il avait tenté de démontrer la pertinence «d’un univers infini, peuplé d’une quantité innombrable de mondes identiques au nôtre». Mal lui en prit. Après huit années de procès, les Inquisiteurs le condamnèrent au bûcher, mettant fin à ses dérangeantes insinuations.
«A cette époque, j’aurais fait un métier dangereux» remarque Jean-Philippe Beaulieu qui n’a plus rien à craindre des théologiens de la Sorbonne !

Au siècle dernier, la position de la Terre n’entraînant plus de controverses, cinéastes et producteurs de séries laissèrent gambader leur imagination. Et pour cause, la science avait avancé ! Mieux, Neil Armstrong avait marché sur la lune le 21 juillet 1969 dans le cadre de la mission Apollo 11 (enfin, si la Nasa n’a pas monté cette affaire, comme le prétendent certains observateurs).





À l’écran, les envahisseurs furent d’abord mal intentionnés à notre égard, puis le célèbre E.T. offrit une version amicale de l’extraterrestre... en attendant la saga des Aliens qui terrorisèrent la galerie.
Conjointement, les apparitions d’Ovni et autres phénomènes non identifiés devinrent légion. Des associations, recensant les apparitions inexpliquées, virent le jour. L’ufologie, avec ses nombreux courants, était née.
Les Gouvernements, bien entendu, constituèrent leurs propres bureaux et depuis mai dernier, les Anglais ont ouvert au public certains dossiers déclassifiés.
En dehors du ciel, qui reste un vaste terrain d’observation, les hommes ne sont pas au bout de leurs surprises. Des émotions les guettent sur leur propre planète.

Les explorations marines profondes, par exemple, ont révélé des organismes inconnus, dont le crabe yéti et des vers qui vivent des conditions incroyablement compliquées. Ces bestioles, qui ont des allures étranges, font penser à des créatures venues d’ailleurs !



Voyage au bout de la vie ?

Jean-Philippe Beaulieu profite de cette conférence pour rafraîchir les mémoires.
La Terre se serait créée il y a environ cinq milliards d’années. Son atmosphère est composée d’azote, d’oxygène, de gaz rares, de vapeur d’eau et de dioxyde de carbone. Dans l’univers, le gaz le plus répandu est l’hydrogène et, curiosité, de l’alcool a été repéré dans un secteur où se forment étoiles et planètes.
Pour qu’une zone soit habitable, elle doit posséder de l’eau liquide. Qu’en est-il pour Mars, quatrième planète du système solaire en partant du Soleil ? En 1870, un astronome italien y remarquait des canaux. Plus tard, on crut apercevoir un «visage» taillé dans la roche, témoin d’une civilisation oubliée. En réalité, il s’agissait d’une illusion d’optique. L’arrivée d’une météorite martienne sur la Terre (dans la région Antarctique) relança le débat. Des restes de bactéries fossiles y auraient été visibles. Les scientifiques tentèrent d’élucider le mystère et démontrèrent qu’il s’agissait d’une mauvaise interprétation.

Excitées, les grandes puissances élaborèrent des robots. En 1996, la Nasa envoya, à destination de Mars, le satellite Mars Polar Lander pour rechercher des traces de glace. Malheureusement, victime de deux équipes qui mesuraient l’altitude l’une en mètre, l’autre en pied, l’engin s’écrasa, creusant un cratère à «200 millions de dollars». Le parachute s’ouvrit trop tard !
Fort heureusement, d’autres missions aboutirent (dont Phénix). Aujourd’hui, de nombreuses indications prouvent la présence d’eau sur Mars, dessous la croûte désertique.
Sur Encelade, lune de Saturne où la température est de - 200 degrés, des stries sont distinguables. Elle posséderait une surface de glace très tourmentée d’où jailliraient des «geysers froids».
La liste s’allonge avec Titan, autre satellite de Saturne, où l’on remarque des paysages désolés et un océan de méthane liquide.
Sur Europe, second des quatre principaux satellites de Jupiter, une mer liquide pourrait se cacher sous une épaisse couche de glace.
La présence de cette eau entraîne-t-elle des formes de vie ? «À part sur la Terre, notre système solaire n’est pas hospitalier» souligne Jean-Philippe Beaulieu.

La diversité des mondes environnants n’en reste pas moins passionnante et que dire des 200 milliards d’étoiles qui peuplent notre galaxie ? Pour l’instant, l’endroit agréable, où les hommes pourraient élire domicile, n’a pas encore été repéré.
Les lunes, gravitant autour d’une exoplanète, sont des pistes à explorer. Pour détecter ces futurs lieux de résidence où devra régner une atmosphère compatible avec notre système respiratoire, satellites spatiaux et télescopes scrutent le ciel sans interruption.

La recherche avance lentement, mais sûrement... d’autant que les voyages sur la Lune pourraient être relancés. L’astre servirait alors de base à des déplacements sur Mars prévus aux alentours de 2030. «Le retour sur la Lune serait plutôt d’ordre militaire et, en l’état actuel, avec les budgets dont disposent les Etats, on ne peut aller sur la Lune et sur Mars» précise Jean-Philippe Beaulieu.
La détection de planètes, qu’elles soient petites, grosses, chaudes ou froides, se poursuit avec, pour objectif, la recherche de molécules, signatures de la vie.

Alors, sommes-nous seuls ? «Pour répondre à cette interrogation, nous sommes nombreux à travailler sur le sujet !» déclare le conférencier avant de répondre au public.
Univers en expansion, big crush, survie des bactéries, vents solaires, débris tournant autour de la Terre (dont une trousse à outils), trous noirs, rien ne lui est épargné ! Et de conseiller (pour ceux que cela amuse) la divertissante lecture du «Guide du routard galactique» autour duquel gravite le fameux nombre 42.
Ce chiffre est d’ailleurs le diamètre du futur télescope européen géant «Extremely large» qui devait mesurer 100 mètres au départ. Vraisemblablement installé au Chili, son coût est d’un milliard d’euros.



Photo 1 : Jean-Philippe Beaulieu (à droite de la photo), chargé de recherches au CNRS, travaille à l’Institut d’Astrophysique de Paris. Depuis 2009, il enseigne à l’University College de Londres.


Photo 2 : Un nombreux public participait à cette soirée jonzacaise, consacrée à l’astronomie

Photo 3 : Hélène Taillemite, responsable de l'Annexe des Archives départementales à Jonzac

Photos 4 à 10 : Conférence de Jean Philippe Beaulieu, suivie d'observations par l'association Oasis qui dispose de télescopes (dont l'un a été financé par la Communauté de Communes de Haute Saintonge).

Photo 11 : Jean Philippe Beaulieu remercie son équipe !

Emotion au bout des télescopes ! L’un des avantages de la technique de microlentille gravitationnelle est de pouvoir détecter des planètes autour d’étoiles lointaines, inaccessibles par d’autres techniques d’observation. Si, en plus, le système planétaire découvert ressemble au nôtre, il serait tentant d’écrire que notre système solaire n’a rien de particulier…

Un nombreux public participait à cette soirée jonzacaise, consacrée à l’astronomie


• l'info en plus


• 42, v’la la réponse et la serviette de bain !

Publié en 1979, “Le Guide du Voyageur Galactique“ est le premier volume de la trilogie de H2G2 écrit par Douglas Adams. En 2005, année de sortie du film, le livre a été réédité.
L’histoire met en scène Arthur Dent qui assiste à la destruction de la terre par les affreux Vogons. Il est sauvé par son pote, Ford Prefect, qui le conduit dans l’univers en astrostop. Ils montent à bord du vaisseau Cœur en Or où des aventures les attendent. Dans ce roman, une réponse à la grande question sur «la vie et le reste» est apportée.
Elle gravite autour du chiffre 42 qui conserve tout son mystère. L’auteur, qui ne manquait pas d’imagination, donne un conseil pratique aux lecteurs : celui d’avoir toujours avec eux une serviette de bain. Si une personne possède une serviette de bain, elle ne manque de rien ! La prochaine fois que vous irez chez votre banquier demander un prêt, vous savez ce qui vous reste à faire...

• Babelfish, site de traduction sur internet, figure dans ce livre. Il s’agit d’un poisson interprète qui se glisse dans l’oreille et facilite la compréhension de tous les langages intergalactiques. Arthur Dent parvient ainsi à communiquer avec les créatures de l’univers.

• Que penser des déclarations d’Edgar Mitchell sur les visites d’extraterrestres sur la Terre ?


Toujours sur internet, on peut voir une intéressante vidéo où cet éminent scientifique américain, sixième astronome à avoir posé le pied sur la Lune, avoue à un journaliste que la Terre est visitée depuis longtemps par des extraterrestres. Finalement, nous ne serions pas seuls dans l’univers !
Pour étayer cette thèse, il s’appuie sur des documents et recherches dont il a eu connaissance (dont le crash de Roswell).

Une telle déclaration a tout de même de quoi interloquer et le speaker n’en croit pas ses oreilles.
Par chance, nos visiteurs auraient des intentions pacifiques, sinon il y aurait belle lurette que nous ne serions plus là (ceci dit, les hommes n’ont pas besoin de présence extérieure pour s’exterminer !). Bref, si l’on en croit les propos d’Edgar Mitchell, les gouvernements ne devraient pas tarder à communiquer sur le sujet. Reste à savoir quand et qui sera le premier ?

«Sur le chapitre extraterrestre, on peut dire tout et n’importe quoi» objectent des scientifiques.


• Des acides aminés dans l’espace ?

La nouvelle vient de faire sensation : Un élément essentiel de la vie terrestre, composant de base des protéines, aurait été découvert dans une comète pour la première fois. Ce sont les échantillons de poussières cométaires, délivrés par la sonde américaine Stardust, qui ont permis cette découverte annoncée par l’Agence Spatiale américaine.
Stardust est passée dans la queue de la comète Wild-2 en janvier 2004, à 390 millions de km de la Terre. Les échantillons étaient revenus sur Terre deux ans après à bord d’un caisson automatisé. Cette découverte renforce l’hypothèse selon laquelle la vie pourrait être d’origine extra-terrestre.

• Les Anglais aussi !

Depuis Mai dernier, le Ministère anglais de la Défense a ouvert pour la première fois ses archives consacrées aux phénomènes paranormaux. Ces dossiers déclassifiés, à découvrir sur internet, rassemblent des images, des portraits-robots d’extra-terrestres et divers témoignages. Si vous ne savez pas quoi faire ce week-end, la visite vaut le détour !
Il est à noter que les gouvernements belge, français, brésilien et mexicain permettent l’accès à certains documents.

• Les soucoupes volantes et la grippe porcine ont un point commun : le Mexique !

Sur internet, plusieurs sites expliquent à quel point le Mexique, pays d’Amérique Centrale, est une terre d’accueil pour les objets volants non identifiés. Et ils vont plus loin : « Chaque année, de nombreux témoignages, plus extraordinaires les uns les autres, apparaissent dans les médias mexicains ». Une bonne façon de faire grimper les tirages !
Parmi les faits marquants, des soucoupes volantes surgirent dans le ciel mexicain le 11 juillet 1991, grand jour d’éclipse. Annoncées par une prophétie datant de l’an 755, elles étaient attendues par la population.
A l’époque, des prêtres mayas avaient prédit l’avènement d’un nouveau soleil tigre (le sixième) devant entraîner deux évènements : des modifications de la vie sur Terre et des rencontres cosmiques avec les maîtres des étoiles. S’y ajoutaient l’éveil de la conscience universelle des êtres humains et la régénération de la Terre. L’échéance serait fixée à 2012. Nous serons fixés prochainement !

Sur la toile, l’ensemble est accompagné de vidéos plus ou moins crédibles. La plus drôle est l’apparition d’une créature, à peine visible, à des enfants qui jouent au ballon.

Par ailleurs, il est amusant de constater que la fameuse grippe porcine, qui devrait nous anéantir si nous ne sommes pas vaccinés en masse, a commencé à sévir au Mexique. Cette nouvelle épidémie aurait-elle été transmise par des extraterrestres à tête de cochon ? L’avis des laboratoires sur ce point serait intéressant à recueillir !!!

Exposition :
Filippo Capperucci à la Bribaudonnière

A partir du 28 août jusqu’au 20 septembre, Giancarlo et Renata Vedana, propriétaires de la galerie d’art la Bribaudonnière, à Saint Palais de Phiolin, accueillent une nouvelle exposition de Filippo Capperucci. Ce peintre, qui vit dans la région de Florence, immortalise à merveille oiseaux et animaux, au milieu de gerbes de couleurs.
En octobre prochain, ses toiles seront présentées au restaurant du Bois Saint Georges à Saintes.

Photo 1 : Giancarlo Vedana et Filipp Capperucci.Cette exposition est ouverte tous les après-midi à Saint Palais de Phiolin (près de Saint-Genis). La Bribaudonnière propose également des chambres d’hôtes.

Balade sur la côte charentaise :
L’estuaire de la Gironde a une sentinelle : Cordouan


La Charente-Maritime est un département attrayant. La variété de ses paysages et son patrimoine en font une région que les touristes, épris d’authenticité, visitent régulièrement. Parmi les lieux les plus beaux, une étape au phare de Cordouan s’impose...



Quand on habite Paris, les bateaux-mouches sont plus familiers que les filadières et la célébrissime Tour Eiffel ignore tout des villages nichés à l’ombre des falaises crayeuses. Talmont, Meschers, Mortagne, Saint Seurin d’Uzet...

Au fil des années, grâce à l’émission Fort Boyard que la télévision a largement médiatisée, la Charente Maritime est devenue l’un des départements les plus fréquentés de France. Parmi les hauts lieux à découvrir, l’estuaire de la Gironde, le plus grand d’Europe, est un royaume à part, un espace où l’on pêche le maigre, le poisson qui grogne, la civelle, baptisée l’or gris, l’alose et la lamproie, une drôle de bestiole qui fait des envieux quand elle est cuisinée à la bordelaise.
Jadis, on y trouvait l’esturgeon et son fameux caviar. Surexploitée, la ressource a fini par se tarir et la convention de Berne, qui ne badine pas avec l’extinction des espèces, a mis un terme à cette activité.

Long cordon d’argent bordant l’horizon, l’estuaire annonce l’ailleurs. Pour l’apercevoir chaque matin, certains “amoureux” ont acheté des maisons dans le secteur, heureux d’avoir un pied sur la terre et l’autre dans cette “petite mer“, symbole d’évasion et de liberté.

Magique Cordouan

Le charme du phare de Cordouan réside en sa situation. Sentinelle de l’estuaire, on y aborde à des heures précises, en fonction des marées. Quand l’eau se retire, elle dévoile des bancs de sable, dont l’un s’étire en longueur. Chassant les mouettes pour un court moment, les touristes peuvent y jouer les Robinson Crusoé. Partant à l’abordage de l’îlot, ils s’y baignent dans une eau claire, oubliant qu’à quelques encablures, se trouvent Royan, les grottes de Régulus et la ville de Soulac.


Assuré, le dépaysement est d’autant plus précieux qu’il est à temps compté. Bientôt, les vagues recouvrent cette terre avec la promesse de la dévoiler une nouvelle fois, selon une chronologie immuable. De l’éphémère, naît une étonnante sensation !

Du port de Royan, des sociétés (dont la Sirène) assurent la navette jusqu’à Cordouan en donnant des consignes utiles : se munir de chaussures commodes et de vêtements peu fragiles.
Pour les non initiés, l’arrivée vaut son pesant de rigolade. Pantalons retroussés, jupes relevées, les passagers sont invités à quitter le bateau en pataugeant dans l’eau. Les uns ne sont guère rassurés, les autres s’amusent, savourant cette excursion rafraîchissante au milieu des patelles et bigorneaux.


En atteignant l’allée dallée, ils sont encore hésitants : les pieds dans l’élément liquide, ils s’immortalisent pour le meilleur et pour la frise, celle qui ornera leur bureau quand les vacances seront terminées. Avec une légende, du style le jour où j’ai marché sur les eaux de Cordouan !
Une fois l’aspect folklorique terminé, deux possibilités s’offrent en ce lieu enchanteur : profiter de la plage et visiter le phare. L’édifice a inspiré de nombreux artistes dont Richard Texier et notre ami Brochard.

Contre vents et marées

Cette élégante construction possède une histoire intéressante contée dans le livre de Jacques Péret paru chez Geste Editions. Longtemps, les bateaux se brisèrent dans cet estuaire où «la mer était quelquefois affreuse». Selon la légende, l’îlot rocheux, appelé Antros, aurait été beaucoup plus étendu. Un chemin d’une demi-lieu, accessible à marée basse, l’aurait rattaché à la Côte du Médoc. Les Maures y auraient installé une tour (d’où Cordouan venant de Cordoue ?).

Au XIVe siècle, le Prince Noir y ordonna l’édification d’une autre tour dotée de grands feux afin d’éclairer et guider les navires. Deux siècles plus tard, elle était en ruine.
Le Maréchal de Matignon, gouverneur de Guyenne, passa alors commande du phare de Cordouan à un architecte de talent, Louis de Foix. Il consacra une grande partie de sa vie et sa fortune à cette “œuvre royale”. À sa mort, en 1602, le chantier n’était pas achevé.

Son fils reprit le flambeau, puis il le céda à François Beuscher qui acheva le travail en 1611, vingt-sept ans après la signature du contrat. En 1724, la partie supérieure de la tour fut reconstruite par le Chevalier de Bitry, ingénieur en chef des fortifications de Bordeaux. Par la suite, Joseph Teulère, après avoir rehaussé le phare à 60 mètres au-dessus des plus hautes mers, mit au point le premier feu tournant à réverbères paraboliques.


Depuis, modernisme aidant, d’autres améliorations ont été apportées et le phare brave les tempêtes avec le même courage. Selon les spécialistes, Cordouan fait partie des pièces majeures du patrimoine maritime mondial. Comme tous les trésors, il est fragile et son statut de “monument historique” le protège, pour l’instant, des intentions mercantiles de certains promoteurs. Ses gardiens veillent au grain, mais jusqu’à quand habiteront-ils ce chef-d’œuvre d’architecture ouvert au public quelques semaines par an ?...



• L'info en plus
Lors de sa mise en service, au XVIe siècle, le phare était constitué d'un petit dôme à huit baies fermées de vitraux. Dans un bassin, on brûlait un mélange de bois, de poix et de goudron. La fumée était évacuée par une pyramide creuse de 6,50 m de hauteur. Le feu était situé à 37 m au-dessus des plus hautes mers.
En 1948, l’électrification du phare de Cordouan fut réalisée au moyen de deux groupes électrogènes autonomes. En 1984, une lampe de 450 W au xénon a été installée, remplacée trois ans plus tard par une lampe de 2000W aux halogènes.
Entre 2005, une gaine de béton de 70 mètres de long et de 8 mètres de hauteur a été construite sur le flanc ouest du bouclier afin de protéger le phare des assauts de la houle d'ouest qui entraînait des vibrations. Coût des travaux : quelque 4,5 millions d'euros.

Photos 1 et 2 : Un phare sentinelle

Photo 3 : Du sommet, l'arrivée des touristes

Photos 4 et 5 : Rencontre dans la mer !

Photo 6 : L'un des bancs de sable de Cordouan

Photos 7 et 8 : L'intérieur du phare, dont l'église où des offices sont encore célébrés de nos jours.

Photo 9 : Une eau si claire que le soleil inonde...

Photo 10 : Des excursions vers Cordouan sont organisées à partir de Royan

mercredi 19 août 2009

L’église de Vallet, endommagée par les frères La Rochefoucault : Sa crypte est à découvrir


Sa simplicité actuelle, qui se réduit à quatre murs sobres, résulte des guerres de religion. Quelle était sa structure initiale ? On l'ignore, mais on peut toujours imaginer un clocher, des sculptures et des piliers à chapiteaux !
Il y a quelques années, lors d’une conférence, l’historien Marc Seguin a relaté « les malheurs »
que subirent certaines églises du canton de Montendre au XVIe siècle…

«Entre 1570 et 1580, les Saintongeais ont sans doute subi la décennie la plus douloureuse de leur histoire depuis la Guerre de Cent ans» souligne Marc Seguin.
Avant d’énumérer leurs malheurs, il est bon de rappeler dans quelle situation se trouve alors le pays. La Réforme, grande révolution religieuse du XVIe siècle, divise l’Europe chrétienne en deux camps distincts, les Catholiques et les Protestants. La puissante congrégation des Jésuites ne parvient pas à «contrecarrer» la percée calviniste. Cette division donne naissance à des guerres très sanglantes dont l’épisode le plus connu est la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572. Aux croyances des uns et des autres, se mêlent passions et convoitises “terrestres” avec, en filigrane, le sacro-saint pouvoir.

La Saintonge n’est pas épargnée. Particularité, la sénéchaussée de Saintonge compte deux sièges, Saint-Jean d’Angely, au nord et Saintes au sud. En véritable capitale locale, cette dernière dispose d’un présidial et d’un sénéchal. Les affaires sont traitées au Parlement de Bordeaux qui se réunit au palais de l’Ombrière et représente l’autorité. Le territoire est composé de châtellenies. Elles sont approximativement de la taille de nos cantons, à part Ozillac et Fontaines d’Ozillac qui n’appartiennent pas à Jonzac.

Dans les zones occupées par les Protestants, la messe n’est plus célébrée depuis dix ans et les églises sont gravement endommagées.


L’église de Vallet malmenée

La région de Montendre n’a pas échappé aux règlements de compte. A cette époque, Vallet, dans la Châtellenie de Montendre, dépend du baron Louis de la Rochefoucault, seigneur huguenot également propriétaire de la châtellenie de Montguyon où est rendue la haute justice. Il vit dans le château de Montendre dont subsiste la fameuse tour carrée.
La châtellenie de Montendre réunit de 24 paroisses. Elle déborde sur "le Vitrezay" qui comprend, entre autres, Reignac, Marcillac et Donnezac, communes qui se trouvent actuellement en Gironde.

« Les fils la Rochefoucault sont de sacrés lascars » dit-on. Ils répondent aux prénoms de Louis, François et Gaston. Aux alentours de 1562, ne doutant de rien, ils font, au nom de Dieu, main basse sur les églises du coin, en chassent les curés et s'empressent d'empocher leurs revenus. Leurs exactions sont nombreuses. Charles, par exemple, prend possession du presbytère de Chardes tandis que celui de Vallet est rasé.

La période où ils sévissent le plus se situe vers 1568, 1569. Les églises sont carrément démolies selon une méthode invariable : les assaillants détruisent d'abord la façade, puis ils remontent jusqu'au chœur. Sont ainsi pillées Reignac, Donnezac, Souméras (où existe un édifice consacré à Saint Blaise), Montendre, Corignac, Jussas, Chardes, Coux, Chartuzac, Expiremont, Pommiers, Moulons, Chaunac, Vibrac, Messac, le Pin, Chatenet (moins malmenée par rapport aux autres) et celle qui nous intéresse, Vallet.

Dans cette dernière, ne subsistent de l’architecture primitive que l'abside et la crypte. Au Moyen âge, elle était réputée pour soigner les maux de tête et les paroissiens y venaient en procession.
Victime des actes de vandalisme commis par les frères La Rochefoucault, cette crypte a été consolidée en son milieu par deux gros piliers. Cependant, une autre hypothèse est envisageable : si le plafond présentant des faiblesses, ces appuis devinrent nécessaires pour protéger la population d’un effondrement, tout simplement.


Condamnés à mort par contumace

Après la signature de l'Edit de Nantes, la liberté de culte apporte un certain apaisement dans la région. Les Catholiques du secteur de Montendre rebâtissent leurs vaisseaux spirituels et peuvent à nouveau pratiquer leur culte en toute tranquillité.
En 1565, les tensions étant moins fortes entre les deux camps, le roi Charles IX et Catherine de Médicis avaient entrepris un Tour de France en province. Parmi les objectifs poursuivis, ils purent constater « de visu » si les Protestants avaient restitué les églises aux prêtres. Dans la majorité des cas, les choses étaient rentrées dans l'ordre, sauf à Montendre où les trois frères agissaient comme au temps d’avant.

Un commissaire du Parlement, M. de Bellot, fut mandaté sur les lieux. Un frère La Rochefoucault récalcitrant fut arrêté et écopa d'une amende. Courageux mais pas téméraires, les deux autres préférèrent prendre la fuite. Ils furent condamnés à mort par contumace.
Lorsque les hostilités reprirent, on les vit bien sûr réapparaître jusqu'à la signature, en 1598, du fameux Edit qui mit un terme aux agitations.

Dans la région, plusieurs édifices religieux eurent la chance d'être épargnés pour des raisons diverses et variées : Rouffignac appartenait au Roi de France avec Nancras, Saujon et Champagne. Comme Chevanceaux, la paroisse de Mérignac appartenait à l'Angoumois, territoire commandé par le célèbre Duc de Montausier, cousin de Léon de Sainte-Maure. Tugéras avait un seigneur qui rendait la haute justice (il pouvait doc prononcer une sentence de mort). Bussac et Lugéras dépendaient de l'ordre des Hospitaliers, successeurs des Templiers ; Polignac était sous la responsabilité d’un avocat bordelais, protestant mais loyaliste. Quant à Sousmoulins, elle fut épargnée (ce dont on peut se réjouir car cette église est l’une des plus intéressantes du secteur). On peut s'interroger à son sujet car cette église qui ne semblait pas figurer dans la châtellenie de Montendre...

Aujourd’hui l’église de Vallet, qui a été restaurée dans le cadre des Chantiers Solidarité Jeunesse par Philippe Lalande, alors maire, est trop souvent fermée. Les offices y sont rares et, fatalité, les seuls rassemblements sont les enterrements.
Des concerts pourraient y être organisés et pourquoi pas des expositions ? Que les organisateurs de la randonnée aient inscrit à son programme la visite de l’édifice est une excellente idée !

Photos : les bases du clocher découvertes durant les travaux, la crypte et les randonneurs écoutant l'histoire de ce lieu.

Randonnée pédestre à Vallet :
O gué, promenons-nous dans les bois !


Par Monts et par Vaux, l’association que préside Jean Claude Bouyer, organisait lundi soir une randonnée semi nocturne à Vallet et ses environs. Les promeneurs étaient nombreux (87 au total), adhérents, marcheurs, vacanciers… sans oublier quelques habitants de la commune d’accueil, trop peu nombreux sans doute.







Le circuit, de huit kilomètres, serpentait à travers bois et vignes. Un vrai plaisir que de découvrir paysages vallonnés, sous bois fleurant bon le cèpe et vignobles préparant, sous le soleil de l’été, la prochaine cuvée. S’y ajouta un volet « patrimoine » avec la visite de l’église de Vallet.
A l’arrivée à la salle des fêtes, il faisait grand nuit. Un rafraîchissement, offert par la municipalité, clôtura cette sympathique rencontre.




Photos de cette sortie et verre de l'amitié servi en la salle municipale de Vallet

dimanche 9 août 2009

Découvrez l’Amérique en Saintonge ! Exposition chez Dinah et Claude Teulet


Dinah et Claude Teulet accueillent, en leur grande maison de Saint Georges des Agouts, les œuvres récentes d’une artiste américaine, Lindsay Fogg Willits.

La maison est située sur une colline, à Saint Georges des Agouts. L’endroit est calme, enchanteur. Ce havre de paix fait oublier la cohue et l'animation des villes.
A la campagne, les routes, étroites, presque uniques, desservent des hameaux qui se cachent derrière la verdure. Celui qui nous intéresse porte le joli nom de Font Moure. Clin d'œil à une source, selon toute évidence !
Samedi, il y avait affluence en ce lieu. Dinah et Claude Teulet avaient invité leurs amis à découvrir l’exposition de Lindsay Fogg Willits, dont les parents possèdent une maison à Saint Bonnet.

Blonde, souriante, Lindsay n’est pas seulement peintre, elle enseigne cette discipline dans le Massachusetts aux enfants et à tous ceux que le dessin attire.
A travers ses toiles, l'artiste recrée l’univers qui l’entoure et les émotions qui l’habitent. Joie d'un été dorant les champs de tournesols, soleil printanier illuminant les jardins...
Grâce à une palette combinée à de subtils collages, l'environnement devient charme et poésie. Parfois, l’horizon s’obscurcit : la terre attire vers elle les couleurs sombres qui rappellent la dure loi de l’existence. Automne, hiver, éternel recommencement...
Le monde de Lindsay est limpide, aussi clair que son regard qui veut chasser les nuages. Et si vous veniez partager avec elle "ces quatre saisons" au cœur de la Saintonge ?


Exposition à découvrir jusqu’au 14 août de 14 h à 17 h. Itinéraire fléché à partir de Saint Georges des Agouts, non loin de Mirambeau.



Photo 1 : Une vingtaine de toiles sont présentées par Lindsay

Photo 2 : Lindsay et ses proches

Photo 3 : François Huchet en charmante compagnie

Photo 4 : Un jeune admirateur !

Environnement : Une enfant de douze ans pose les vraies questions

A méditer et à montrer à tous ceux qui pensent d'abord à leur nombril...


http://www.dailymotion.com/video/x90jh3_une-fille-de-12-ans-met-une-claque_news

lundi 3 août 2009

Faites-en un feuilleton !
Jean-Charles et François au quotidien


Le journal Sud-Ouest renoue avec la tradition des feuilletons qui faisaient le bonheur des lecteurs, il y a quelques années.
Sélectionné, le roman de Jean Charles Chapuzet, “Verticale“ paru chez Féret à l’occasion de Vinexpo, est à découvrir dans le quotidien jusqu’au 27 août (édition girondine). Les deux héros du livre, Bertrand et Audrey, vous conduiront dans des aventures passionnantes au cœur du terroir viticole.

Les photos sur la Gironde et sa région ont, quant à elles, été réalisées par François Huchet qui n’a jamais renié sa vocation première. Fini le restaurant le Vieux Logis, dont il a tenu les rênes avec Joëlle durant de nombreuses années, il a repris du service en reprenant son appareil !
Félicitations à ce duo original et talentueux qui conjugue écriture, soleil et évasion.

Première page de Sud-Ouest (article de Christophe Lucet) avec Jean-Charles Chapuzet, jonzacais pure souche, maire adjoint de Jonzac et écrivain (dont plusieurs livres consacrés aux régions viticoles) et François Huchet, photographe qui prend parfois des airs d’agent secret, mais c’est pour mieux vous immortaliser, mon enfant !

En 2010, un nouveau film au Paléosite :
Aô, le dernier Néandertalien


Ça bouge au Paléosite qui connaît une fréquentation en constante progression ! Outre les activités extérieures qui plaisent beaucoup aux jeunes (peinture, taille de silex, allumage du feu, tir au propulseur, maquillage préhistorique, découverte nature etc), le Paléosite renoue avec les collections d’outils et de pierres taillées (objets de Bernard Dubiny et du musée de la Préhistoire de Saintes acquis par le Département, dons de particuliers).
Elles seront exposées en différentes salles. Le volet audiovisuel va être renouvelé avec un film long métrage réalisé par Jacques Malaterre. Produite par UGC, cette fiction, inspirée du roman de Marc Klapczynski, s’intitulera « Aô, le dernier néandertalien ».
Elle sera commentée par Marylène Patou Mathis, spécialiste de l’homme de Neandertal. Le film sera projeté non seulement au Paléosite, mais au cinéma à partir de février 2010. Les tournages se déroulent en Sibérie, Bulgarie et France.
Le Paléosite de Saint Césaire récupérera l’ensemble des décors que le public aura plaisir à découvrir. Les fouilles, quant à elles, vont reprendre à la Roche à Pierrot selon les résultats d’un sondage. S’il est positif, le terrain renouera avec les équipes de chercheurs.

• Ces animaux disparus


Ces animaux, qui ont vécu sur la Terre, n’existent plus. Grâce au savoir faire et au superbe talent de Manu Janssens, responsable de la société Othis située dans la région d’Agen, ils reprennent vie. Ainsi, dans le hall du Paléosite, vous êtes face à des tigres aux dents de sabre, un grand cerf des tourbières, le megaloceros, dont la ramure mesurait 3,50 mètres d’une extrémité à l’autre, un rhinocéros laineux et un mammouth de Sibérie (entre autres).
Si vous êtes intéressés, à voir également au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse un calamar géant de 25 mètres. De quoi alimenter les rêves de Jules Verne !

Paléosite de Saint Césaire :
Il y a trente ans, François Levêque tombait sur un os...

1979 - 2009 : Les trente ans de Pierrette la Néandertalienne


Samedi dernier, le Paléosite de Saint Césaire a fêté les trente ans de la découverte de “Pierrette“, l’héroïne des lieux.
C’est en 1979 que la fouille, entreprise à la Roche à Pierrot sous la direction de François l’Évêque, mit à jour des restes humains qui allaient bouleverser les milieux scientifiques. En effet, le squelette retrouvé démontra que les Néandertaliens étaient encore présents à la fin du Paléolithique moyen.
En conséquence, ils avaient côtoyé les Homo sapiens (nos ancêtres) installés en Europe. Ce fut une révélation puisqu’on pensait que les deux branches s’étaient succédé ! Dès 1976, Bernard Dubiny, chercheur amateur, avait attiré l’attention des universitaires sur la richesse du site saintongeais…



L’affaire remonte à juillet 1979. En découvrant le squelette partiel d’une Néandertalienne dans des couches de terrain du Châtelperronien, les équipes de François Lévêque, conservateur à la Direction régionale du Patrimoine de Poitou-Charentes et Bernard Vandermeersch, alors directeur du Laboratoire d’anthropologie de l’université de Bordeaux, ont “changé“ l’histoire de l’humanité. Néandertal et Cro-Magnon avaient été contemporains : La nouvelle était à peine croyable !

La découverte est d’autant plus intéressante qu’elle concerne la Charente-Maritime. Le gisement se trouve à Saint Césaire, entre Saintes et Burie. Quelques années avant cette annonce retentissante, Bernard Dubiny, un passionné de préhistoire, avait remarqué d’abondants silex aux abords d’une champignonnière. Ces témoignages du passé avaient provoqué sa curiosité. Il prévint alors des amis qui alertèrent les milieux intéressés.

Vous connaissez la suite. Les fouilles, étalées sur plusieurs années, aboutirent à l’événement qui fit de cette région un lieu connu des scientifiques du monde entier.
« L’aventure aurait pu s’arrêter là et rester la chasse gardée des spécialistes » remarque l’un des pionniers, le professeur Bernard Vandermeersch.

Sur place, les élus avaient des avis partagés sur le sujet. Un mot est resté célèbre, celui d’un conseiller général qui déclara, quand fut lancée l’idée d’un musée : « on ne fera pas du pot au feu avec cet os » !
Heureusement, d’autres personnalités voyaient la question sous un autre angle, à commencer par le regretté René Boucher, ancien maire de Saint-Césaire et propriétaire de la carrière de Pierrette, baptisée ainsi pour une raison simple : le lieudit de sa “localisation“ s’appelle “la Roche à Pierrot“ ! Cette petite femme pouvant devenir aussi célèbre que Lucy, pourquoi resterait-elle dans l’ombre ?


La création d’un centre d’interprétation de l’homme de Néandertal fit son chemin dans les esprits, poussée par le Président de la Vallée du Coran, Xavier de Roux. Séduit, le Conseil Général, que présidait à l’époque Claude Belot, soutint ce projet validé par d’éminents chercheurs dont Yves Coppens.

L’histoire de nos origines, revue et corrigée, était en marche. Le centre ouvrit en 2005. Depuis, il reçoit de nombreux visiteurs, intéressés par ce retour dans le temps. Des films, dont “L’odyssée de l’espèce“, y ont été projetés. L’intérêt grandit car la mise en scène, par une scénographe moderne, capte l’attention du public. Contrairement à certains lieux, fort intéressants mais figés, le Paléosite est à la fois interactif et pédagogique.

Les Entretiens de Saint-Césaire

Intéressant pour la région, ce rendez-vous annuel réunit d’éminents spécialistes, dont l’astrophysicien Hubert Reeves venu parler de la sixième extinction.
Cette année, Bernard Vandermeersch, qui enseigna à l’Université de Bordeaux, Jean-Jacques Hublin, professeur à l’Institut Max Planck d’anthropologie de Leipzig et Marie Soressi, archéologue préhistorienne, étaient invités à faire le point sur les recherches actuelles.

Réunis à la Roche à Pierrot, sous l’œil attentif des responsables du Paléosite, Vincent Armitano Grivel et Virginie Teilhol, l’assistance a écouté avec attention les anecdotes des fouilleurs, alors étudiants, que dirigeait François Lévêque (décédé en 2008).
La découverte des premières dents retint leur attention (non, ce n’était pas du cochon !) et l’émotion fut à son comble quand des ossements apparurent. Le souffle coupé, tous avaient l’intime conviction de vivre un moment exceptionnel dont ils étaient les acteurs. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre !

La découverte de Saint Césaire (un scoop, selon le terme journalistique) a modifié la chronologie admise : Néandertal était toujours présent quand les hommes modernes ont commencé à coloniser la Terre.

Pour mémoire, les Néandertaliens (dont les premiers spécimens ont été localisés en Allemagne en 1856), ont peuplé l’Europe et le Proche-Orient entre 120000 et 35000 ans avant J.C. Bien qu’ils aient été contemporains de l’Homo sapiens à une époque, ils se sont peu rencontrés. Et quand ce fut le cas, ils se combattirent probablement (d’où la disparition progressive, mais bien réelle des Néandertaliens)…


On ignore si ces deux espèces étaient interfécondes. De nombreuses polémiques ont eu lieu à ce sujet et, à ce jour, le chaînon manquant reste à trouver. Quant à la perméabilité des cultures, il est évident que les uns ont forcément bénéficié du savoir-faire des autres.

 
Néandertal parmi 17 espèces d’hominidés

Quel que soit le scénario, l’image négative que nous avions de Néandertal, « gros demeuré qui tire sa femme par les cheveux, sa massue dans l’autre main » est à ranger définitivement.
Dans sa vie quotidienne, Néandertal n’était pas aussi primaire que l’ont prétendu les livres d’histoire durant des décades. Pour preuve, il employait de fines lames taillées et non plus de simples éclats.
Il a été victime « d’une sorte de racisme » comme le fut l’homme de Pékin découvert en 1921 aux côtés d’une belle panoplie d’objets. Intrigués, les érudits le jugèrent incapable d’une telle dextérité. Ils les attribuèrent à un être plus évolué qui, funeste destin, l’aurait mangé (l’anthropophagie était répandue)…

La grande histoire de l’homme est peuplée d’incertitudes et d’une foule d’interrogations. Comment pourrait-il en être autrement ? Le temps, en effet, est une barrière bien plus insurmontable que la chaîne de l’Himalaya. La Terre s’est formée il y a 4,6 milliards d’années. Une broutille au regard de l’éternité, un gouffre pour nous ! Des premières cellules aux grands dinosaures, que de chemin parcouru que les scientifiques essaient de décrypter…

Durant une très longue période, les animaux (dont on peut voir des reproductions au Paléosite) n’eurent aucune idée de l’être humain. L’homme restait à inventer !
Son arrivée changea littéralement la face du monde et de l’environnement. Il devint l’élément dominant et, sur les 17 espèces d’hominidés qui peuplèrent la planète, « Homo sapiens est celui qui s’est imposé et n’a jamais été évincé » souligna Jean-Jacques Hublin.

Des générations d’écoliers ont appris que l’homme descendait du singe, hérédité qui déclenchait des fous rires dans les salles de classe. Aujourd’hui, cette théorie a été abandonnée. La lignée humaine est “buissonnante“ avec des rameaux bien distincts, les pré humains et les singes ayant emprunté des voies parallèles.

Nos ancêtres, les australopithèques, ont pour berceau l’Afrique et la Vallée du Rift. Leurs découvreurs les ont surnommés Lucy (3 millions d’années), Abel ou Orrorin (six millions d’années). Ils marchent et grimpent à la fois, à condition que leur “linea aspera“ (muscle du fessier) soit propice à cet exercice. Sinon, ils ont les fesses plates, comme ce fut le cas pour Lucy. Avec ses 1,10 m et ses 25 kg, elle n’était pas un top modèle et se dandinait. Des siècles furent nécessaires pour que sa postérité prenne une plus fière allure.

 
Le règne de l’Homo Sapiens tout puissant

Face au changement climatique - coup de fraîcheur d’un côté, aridité des régions tropicales de l’autre - les hominidés ont la bougeotte et sont dans l’obligation de migrer (réchauffements et glaciations sont des épisodes courants sur la Terre).
Prospecteurs de nouvelles niches écologiques, ils n’hésitent pas à se déplacer. Manger, c’est assurer leur survie et celle de leur race. Leur curiosité est-elle le symbole d’un début de conscience ? Ils façonnent du matériel de plus en plus performant qui leur permet de traquer le gros gibier. Et s’il vient à manquer, le groupe se déplace et fait de nouvelles rencontres, d’où des métissages.

Néanmoins, il existe une exception pour l’Europe actuelle dont les frontières sont fermées par un immense glacier. Cette barrière rebute les tribus venues du Proche-Orient et d’Afrique. En nos contrées, il ne fait pas bien chaud et Pierrette doit grelotter. Nous avons un permafrost et le sol est gelé comme dans la toundra. Cet isolement, et le moindre choix qui en découle quant aux unions, ont vraisemblablement favorisé une dérive génétique. Néandertal aurait ainsi trouvé son “accomplissement“ et ses traits se seraient accentués.

Peu à peu, il adopte les pratiques des Cro-Magnon. Il enterre ses morts, s’orne le corps, collecte des fossiles et prend le virage des nouvelles technologies paléolithiques. Bref, il fait travailler ses méninges !

Sans qu’on sache vraiment pourquoi, Néandertal a disparu il y a un peu plus de 30 000 ans (comme son cousin de Java, d’ailleurs) après une évolution de près de 400 000 ans. A-t-il été exterminé, s’est-il éteint de sa belle mort en raison d’une forte consanguinité ? A-t-il été victime d’une épidémie ou de malnutrition ? Pierrette garde jalousement son secret.

« Par la pensée, l’homme a développé une responsabilité qui lui est propre » déclarait Yves Coppens lors d’une conférence à Saint-Césaire.
Malgré sa vulnérabilité, Homo Sapiens a traversé les âges et dompté la nature, dans la mesure de ses moyens. Un miracle que cette créature qui possède l’incroyable volonté d’avancer, quels que soient les embûches et les dangers qui jonchent sa destinée.

Et si c’était la plus belle histoire au monde ? Ou la plus délicate puisqu’en occupant la Terre, cette espèce est en train de la piller, d’où les doutes qui l’animent ? En effet, comme le souligne Jean Jacques Hublin avec réalisme, « les hommes modernes se sont répandus sur toute la Terre, ont supplanté toutes les formes d’humanités archaïques, intensifié leur exploitation de l’environnement et mener à l’extinction bien d’autres espèces ».

Surpopulation, maladies, pollutions, cataclysmes, pratiques d’apprentis sorciers : Homo Sapiens a démontré sa supériorité, mais son intelligence est-elle suffisamment accomplie pour le protéger de lui-même ?


 
• L'info en plus :

Pierrette ou Pierrot ?


À Saint-Césaire, une controverse s’est produite quant aux ossements mis au jour : s’agissait-il d’un homme ou d’une femme ? Dans un premier temps, Pierrette fit l’unanimité, puis certains scientifiques prétendirent qu’il s’agissait un homme baptisé “Pierrot“. Face à une déception grandissante, de la part des féministes en particulier, on s’accorda sur un point : la question n’ayant pas une importance capitale, Pierrette l’emporta ! D’où la réflexion d’Yves Coppens : « le sujet est aussi ambigu que le sexe à attribuer à Saint-Césaire ».
Il est vrai que l’on dit plus facilement Sainte-Césaire que Saint-Césaire. Pourtant, il n’y a pas d’équivoque à ce sujet : Césaire était évêque d’Arles au VIe siècle, époque des sépultures trouvées devant l’église de Jonzac. Il eut même une grande influence dans l’église franque.
Quant à Pierrette, seul son bassin dirait si c’est une dame. Or, il n’a pas été retrouvé.

Pourquoi Néandertal a-t-il disparu ?

Jean-Jacques Hublin a soulevé une question importante : Pourquoi l’Homo Sapiens a-t-il évincé Néandertal ? Il y a fort peu de chances pour que Pierrette ait croisé un homme moderne, les populations étant réparties sur d’immenses territoires. Tant pis pour les âmes romantiques qui imaginaient une histoire d’amour entre cette jeunette et un Cro-Magnon ardent ! Selon de récents travaux universitaires, le nombre de femmes néandertaliennes en Europe a été estimé à 3 500. L’équivalent de la population actuelle de Jonzac…
Le nombre total d’individus était limité : si les Néandertaliens disparurent, les Homo sapiens se multiplièrent !



Un nouveau champ de réflexion

Marie Soressi, ingénieur de recherche à l’INRAP, a parlé de la façon dont la découverte de Saint Césaire a relancé le débat sur les capacités des Néandertaliens. Étudiante, elle a travaillé avec François Levêque dont elle a salué la rigueur et le professionnalisme : « Quand Pierrette est découverte dans une couche de terrain associée à une industrie laminaire datée de 35 000 ans considérée jusque-là œuvre des hommes modernes, une nouvelle ère de recherche s’ouvre. La vision quant à l’évolution des comportements a donc changé, des influences entre populations migrantes et locales pouvant aboutir à des convergences ».

Une sorte de coup de tonnerre  !

Le gisement de Saint Césaire aurait pu disparaître sans l’action rapide et coordonnée de Bernard Dubiny qui alerta François Levêque, lequel sollicita Bernard Vandermeeersch, alors directeur régional des Antiquités. Ce dernier réalisa le dégagement des restes osseux avec Mario Chech, ingénieur au CNRS.
« La surface fut isolée et le bloc ainsi dégagé fut consolidé dans sa totalité, puis plâtré et retiré avec précaution de la couche pour être emporté au Laboratoire de paléontologie de Paris VI.
Après avoir sorti une mandibule et une partie du frontal, il devint évident que nous étions devant un néandertalien. Ce fut pour nous comme une sorte de coup de tonnerre. Un néandertalien dans du Châtelperronien ! La première annonce de cette découverte fut une dépêche de l’AFP qui surprit les chercheurs du monde entier. Certains n’y crurent pas et il fallut plusieurs années pour qu’ils se rendent à l’évidence. Cette découverte a suscité de nouvelles interrogations sur les rapports entre Néandertaliens, les hommes modernes et leurs influences réciproques. Saint Césaire restera une source importante de réflexion pour les chercheurs » remarque Bernard Vandermeersch.

 
Jack Bouyer, de Biron, a sculpté la statue de Pierrette qui se trouve au Paléosite. Sur cette photo d’archives, il est aux côtés de René Boucher, François Levêque et Anna Baker, chercheuse américaine qui fouille régulièrement en Saintonge avec ses étudiants (archives Nicole Bertin).




L’une des premières réunions du Comité Scientifique, avec Yves Coppens, Xavier de Roux et Claude Belot (archives Nicole Bertin). 

Samedi dernier, le fils de René Bouchet, propriétaire de la champignonnière, rappela le combat de son père pour que la découverte de Pierrette puisse connaître une suite. Curieusement, ce maire communiste obtint le soutien des élus de droite (dont Claude Belot et Xavier de Roux) et peu de gauche. Aujourd’hui, le Paléosite, qui figure parmi les grands projets du Département, est encadré par le président du Conseil Général, Dominique Bussereau (UMP).
Le climat reste toujours tendu puisque le conseiller général de Burie, Sylvain Brouard (PS), ne participe pas aux Entretiens de Saint-Césaire. Ambiance…

Visite au musée des Bujoliers, cher à M. et Mme Maixent, par Jean Jacques Hublin, Alain Galteau et l’équipe des fouilleurs de François Lévêque et Bernard Vandermeersch. Des vitrines sont consacrées à l’histoire de Pierrette. Que de souvenirs !

M. Blanchet a rendu hommage à Bernard Dubiny ainsi que M. Chantereau, maire de Saint-Césaire

Pendant tout l’été, exposition autour de la découverte de Pierrette. 
Renseignement au 05 46 97 90 90 ou paleosite.fr


 
Photo 1 : Néandertal a sans doute peu croisé les Hommes modernes

Photos 2 et 3 : Le public réuni à la Roche à Pierrot

Photo 4 : Le bloc de "Pierrette" exposé au musée des Bujoliers

Photo 5 : D’anciens étudiants et étudiantes, dont Françoise Lavaud Girard et Lysiane Belloy-Petit, ont raconté leurs campagnes de fouilles à Saint Césaire (de 1976 à 1987), évoquant moult détails et anecdotes. Bernard Dubiny suivait l’affaire de près, ainsi que René Boucher et les habitants de la commune.

Photo 6 : Jean Jacques Hublin, Marie Soressi et Bernard Vandermeersch

Photo 7 : Jean Jacques Hublin et Alain Galteau

Photo 8 : Xavier de Roux et M. Boucher

Photo 9 : Visite au musée de Bujoliers

Photo 10 : Le crâne de Pierrette

Photo 16 : M. Buisson-Catif, conservateur régional de l’Archéologie, lors du dîner.

Photo 17 : Lors du dîner servi au Paléosite, Alain Galteau a longuement parlé, avec Xavier de Roux, du parcours numéro 5 à faire dans l’autobus de Kéolis entre Saint-Jean d’Angély et Saintes, avec étape à Saint-Hilaire, Saint Sauvant et Chaniers. La suite au prochain numéro !

Photo 18 : Le fils de René Boucher qui suivit de près cette découverte. Pourquoi la découverte de Saint Césaire est-elle devenue célèbre rapidement ? Tout simplement parce que les travaux scientifiques ont été publiés en anglais ! D’ailleurs Pierrette a été présentée lors d’une exposition aux États-Unis. Une façon comme une autre de répondre aux théories créationnistes !

Reportage/Photos Nicole Bertin