dimanche 22 novembre 2009

Cinéma :
2012 ou la fin du monde ?
Entre arche de Noé et syndrome du Titanic


Depuis quelques semaines, on ne parle que de lui : 
2012 ou la fin du monde vue par un cinéaste s’inspirant (partiellement) d’une
 prédiction maya. 
À voir si vous aimez les 
effets spéciaux 
pharaoniques, les grands sentiments et les miraculés s’extirpant de situations 
extrêmes. À éviter si vous êtes une âme sensible et que le cliché du gentil héros US vous agace. Par la violence de son contenu, ce film est à déconseiller aux jeunes enfants…


2012 : les salles de cinéma ne désemplissent pas. Mais qu’à donc ce film catastrophe pour mobiliser les spectateurs ? Il traite tout simplement de la fin du monde. En mêlant observations scientifiques et religion, le réalisateur a touché une fibre sensible. Il rappelle aux pauvres Terriens qu’ils vivent sur un caillou perdu aux fins fonds de l’univers. Pire, ils foulent une écorce terrestre fragile et ignorent tout du noyau qui anime le cœur de leur vaisseau.

Évoquer la fragilité de l’espèce humaine est un créneau qui fait généralement recette. Bien sûr, il y a des précédents - Terre victime des envahisseurs ou menacée par un astéroïde, situations épouvantables sur fond de cataclysme - mais cette version-là a quelque chose de biblique et d’apocalyptique. C’est précisément par cette “ouverture“ qu’elle touche les esprits.
Serait-elle une nouvelle adaptation de la fin du monde (Harmageddon) que les Témoins de Jéhovah avaient annoncée pour 1975 ou une caricature des psychoses de l’an 1000 où les populations, victimes d’une hystérie collective, pensaient que le ciel allait leur tomber sur la tête ? Paco Rabanne en a d’ailleurs remis une couche en l’an 2000, annonçant que la station Mir menaçait Paris…

Que Roland Emmerich, le père de "Independance Day" et du "Jour d’Après" ait repris ce vieux thème n’a rien d’étonnant. L’anéantissement, ça marche au cinéma quant au nombre d’entrées. Seul problème, il ne mentionne pas qu’il s’agit d’une fiction.
Le péquin, qui va voir son film tranquillement, s’en prend plein les yeux et s’interroge : l’issue fatale de l’humanité serait-elle en marche ?
Autrement dit, il aurait été bon d’inscrire dans la bande annonce, comme sur les Tables de la loi : « ce film, tu ne goberas pas ! ».

C’est qui les plus beaux ?

Qu’en est-il du scénario ? Un écrivain américain, Jackson Curtis, travaille occasionnellement pour un richissime Russe. Au gré des rencontres, il fait la connaissance du professeur Adrian Helmsley qui appartient au staff du Président des États-Unis. Avec d’autres savants, l’éminent chercheur a remarqué un réchauffement de la Terre qui va la transformer en cocotte-minute.
Ce phénomène est dû aux fortes éruptions du soleil et aux neutrinos que cette aventure éclaire d’un jour nouveau. Sans reprendre un cours de physique, le neutrino, ce petit coquin, peut traverser la Terre entière sans pratiquement se faire détecter. Ce sont précisément ces neutrinos, victimes d’une étrange mutation, qui détraquent le noyau terrestre et provoque la fin des haricots.

Avertis d’une destruction imminente, les chefs d’État font construire des arches en Chine où la main-d’œuvre, plus nombreuse, y travaille également plus vite. Les sous-marins blindés, capables de résister au déluge, accueilleront des passagers “comptés sur le volet“ moyennant une somme importante. Ces rescapés seront chargés de repeupler la Terre dévastée. Que certains aient l’âge de la ménopause ou de l’andropause n’est pas dérangeant ! Le réalisateur n’a pas été sensible à la question, se focalisant sur le couple fétiche de 2012, Laura, la fille du président des États-Unis, et Adrien dont l’âge permet d’entrevoir une lignée !

Après moult péripéties, dont des courses épiques entre buildings qui s’écroulent et un jet de bombes volcaniques dans le parc de Yellowstone, l’écrivain retrouve, quant à lui, ses enfants et son ex-femme qui l’avait plaqué pour un chirurgien esthétique, lequel meurt d’une façon pathétique. Toutes ces infos sur l’échéance finale, il les tenait d’un écolo illuminé qui avait pénétré les secrets des « Grands ». Voyez comme les choses sont bien faites !

En finir avec Jésus et Bouddha, mais gare à Mahomet...

Le film, d’une durée de 2 h 40, est une suite ininterrompue de catastrophes qui scotchent le public sur son siège. Vive l’action : on ne s’ennuie pas ! Par contre, le côté américain « je suis le plus brave et j’appartiens au peuple élu » a des aspects franchement agaçants. Depuis le temps, nous devrions pourtant être habitués !
Même le pauvre Russe est liquidé, alors que la guerre froide est finie depuis longtemps. Tant pis pour lui : seuls ses fils embarquent sur l’arche. Ça l’apprendra à être communiste !
L’affaire se termine en Afrique, le berceau actuel de l’humanité. Selon toute vraisemblance, le drapeau US devrait flotter sur cette Terre promise. On est loin de la fameuse prédiction maya. Elle annonce, en effet, un changement radical, voire le retour des extraterrestres sur Terre le 21 décembre 2012, et non l’apocalypse selon Roland Emmerich.

Certains intellectuels prétendent que le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. Pour l’instant, dans cette version cinématographique en tout cas, le cinéaste brasse de l’air en conjuguant science et croyances. Il pointe sa caméra sur les soubresauts d’une Terre qui secoue son échine pour accoucher d’une morale fondamentale : « aimez-vous les uns les autres avant que le grand Maître de l’univers ne vienne vous balayer, comme il l’a fait pour les dinosaures ». Les nations sont averties.
D’ailleurs, l’image la plus symbolique est la fissure qui apparaît dans la chapelle Sixtine (avant son écroulement) entre la main de l’homme et celle de son créateur. Michel-Ange doit se retourner dans sa tombe !

Si Chrétiens et Bouddhistes sont anéantis en direct par des tsunamis, Roland Emmerich s’est montré plus prudent avec les Islamistes. Il aurait coupé volontairement une scène, dit-on « où l’on voyait des Musulmans priant à La Mecque se faire balayer par une vague ainsi que la Kaaba détruite, afin de ne pas provoquer une fatwa et devoir vivre avec des gardes du corps ». Courageux, mais pas téméraire, notre cinéaste allemand installé outre-Atlantique !
Qu’importe, il a atteint son objectif : qu’on parle de lui. Et tant pis pour ceux qui croient naïvement à ses hallucinations, la boîte de tranquillisants n’est pas fournie à la sortie !
Et maintenant, si vous aimez les sensations fortes, rendez-vous avec Twilight 2. Les vampires sont de retour à l’écran…

• L'info en plus


Dans un entretien publié dans le magazine Science et Avenir, Harald Kloser, scénariste de 2012, déclare : « la science n’est là que pour soutenir notre scénario, lui donner une aura de crédibilité, mais elle vient en seconde position, sacrifiée pour l’émotion ». Et d’ajouter : « 2012 est différent des précédents. Ce qui nous intéresse n’est pas, comme dans le Jour d’après, d’alerter sur les risques climatiques que notre planète encourt. Dans notre film, nous montrons que les décideurs savent et se préparent en cachette. Si nous ne changeons pas notre manière de vivre ensemble dans nos sociétés, nous allons vers une apocalypse, même si celle-ci sera bien différente de celle décrite dans 2012 »…

• 2012, réalisé par Roland Emmerich avec Danny Glover (Président des Etats-Unis), John Cusack (Jackson), Chiwetel Ejiofor (Adrian), Thandie Newton (Laura), a coûté la coquette somme de 205 millions de dollars (studios Sony/Columbia).

• Destruction de Los Angeles par des tremblements de terre, apparition d’un énorme volcan dans le parc de Yellowstone, séismes sur toute la planète, Washington victime d’un tsunami géant, mort du président des Etats-Unis refusant de monter dans l’arche pour mourir avec son peuple, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce film une fresque contant la fin du monde ou plutôt le dernier voyage des hommes…
Enfin, pas de tous puisqu’une poignée, choisie sur le volet de l’argent, va survivre dans des arches construites en Chine. Destination l’Afrique où s’érige désormais le sommet le plus haut du monde, l’Everest n’étant plus qu’un souvenir…
Après les films d’Al Gore et de Nicolas Hulot, cette fiction sur la fin des temps est une suite logique…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir,

C'est étonnant le nombre de blog parlant de cette prophétie de la fin du monde.

Je vais souvent sur un blog qui m'interesse et qui parle un peu de tout, lavoixduveilleur.blogspot.com.
Il a fait un bel article sur ce sujet également. Si ca vous tent de le lire nhésitez pas.

Sasha