lundi 8 février 2010

Benoît Biteau, agriculteur bio :
Pourquoi il a rejoint Ségolène Royal


Candidat aux élections régionales, Benoît Biteau est un ardent défenseur de l'agriculture biologique, domaine qui le passionne. Ingénieur agronome de formation (avec trois spécialités, environnement hydraulique et génétique), il a d'abord travaillé dans la fonction publique. Conservateur de patrimoine dans le marais poitevin, il a participé à l'élaboration du projet de territoire pour la labellisation du parc.
Ce fils d'agriculteur a repris ensuite l'exploitation familiale de Sablonceaux. Son objectif était de faire d'une pierre deux coups : proposer des produits sains tout en démontrant qu'on peut vivre sans inonder la terre de pesticides.
Aujourd'hui, il cultive deux cents hectares avec son frère et deux maraîchers. « Tout est bio. Nous gagnons notre vie et avons créé des emplois. Aujourd'hui, nous sommes huit ! Une exploitation peut être viable sans être dans la recherche constante de foncier » dit-il. De nos jours, on ne parle que d'extension en effet ! Sa ferme produit des légumes (lentilles, pois verts) et des céréales (orge, blé, soja, tournesol, sorgho, alternative au maïs). S'y ajoute l'élevage de vaches maraîchines, de chèvres poitevines et de races à protéger car elles sont menacées (baudet du Poitou, cheval de trait poitevin).
Aux côtés de Ségolène Royal, Benoît Biteau entend représenter une agriculture qui ne soit pas synonyme de scandales alimentaires...



Benoît Biteau, vous êtes candidat sur la liste aux Régionales de Ségolène Royal. Quelles motivations vous poussent à briguer ce mandat ?

Elles sont multiples. Mon engagement vers une forme d'agriculture un peu différente a retenu l'attention de Ségolène Royal. Pratiquer une agriculture responsable, c'est respecter l'environnement et la ressource en eau. C'est aussi tenir compte des contribuables puisque cette activité, soutenue par la PAC, est alimentée par des fonds publics. Avec 55_milliards d'euros, l'agriculture représente 43_% du budget de l'Europe. Aujourd'hui, on constate que les attentes de la population ne concordent pas avec l'agriculture qui est généralement pratiquée. Les élections régionales sont l'occasion d'ouvrir le débat. Ségolène Royal est favorable à une agriculture solidaire et équitable.

La liste de Ségolène Royal n'a pas encore été dévoilée, mais elle est "plurielle" ? Vous-même appartenez à la famille radicale. Que pensez-vous du ralliement de certains membres du Modem et des Verts à vos côtés ?

Les candidats de la liste de Ségolène Royal partent sur la base d'un programme, tout en s'appuyant sur le bilan de l'action régionale conduite avec succès par la présidente. Si des personnes, issues d'autres partis, ont choisi de la rejoindre, c'est qu'elles se retrouvent dans les grandes lignes qu'elle a tracées. Peu importe leur appartenance politique, qu'elles soient Modem ou Verts. Il est d'ailleurs plus cohérent d'afficher son adhésion à un programme dès le premier tour que de faire des transactions entre les deux tours du scrutin. Les Radicaux de gauche, auxquels j'appartiens, ont contribué à l'élaboration du programme avec Ségolène Royal pour les quatre ans à venir.


Quels seront les grands axes de votre campagne ? Je suppose que vous allez parler agriculture...

Oui, bien sûr ! Les trois axes qui me tiennent à cœur sont l'agriculture, l'environnement et la gestion de l'eau. En ce qui concerne la ressource en eau, le niveau actuel des nappes est correct, mais est-ce une raison pour que les volumes prélevés atteignent les proportions que l'on constate ? Tous les scientifiques - BRGM, Solagro, Ministère de l'Environnement - s'accordent sur une réalité : le bassin moyen et en aval de la Seudre est nul. Or, on continue à prélever sans se soucier de ces études. Et que dire de l'ostréiculture qui pâtit de l'irrigation, voire qui agonise...

À votre sens, quelles seront les qualités que devra afficher la "nouvelle vague" d'élus pour conduire une politique adaptée aux réalités du XXIe siècle ?

Quand on s'engage dans la vie politique, il faut être à l'écoute de citoyens. C'est ainsi que je conçois mon engagement. Il ne faut pas gaspiller l'argent public sur des projets qui sont aux antipodes de l'attente citoyenne. Je pense en particulier aux réserves de substitution que finance le Conseil général. Il s'agit de creuser des cuvettes de plusieurs mètres de profondeur et d'élever des digues sur des parcelles de dix à douze hectares. Les cuvettes sont recouvertes de bâches et l'eau vient des forages. On légitime cette démarche pour des motifs économiques. En fait, elle sert en premier les maïsiculteurs. Ces réserves sont financées à 70 % par de l'argent public et le Département apporte 16 millions d'euros. Si on cumule, on doit être à 50 ou 60 millions d'euros pour la Charente-Maritime. La maïsiculture, soutenue par des fonds publics, est une économie plus que discutable et pourtant, on va encore lui apporter une aide !
Force est de reconnaître que les pays riches spéculent sur la nourriture et c'est très regrettable. L'agriculture spéculative n'est pas capable de nourrir l'humanité puisque de nombreuses personnes meurent de faim dans le monde. Il y a bien un problème. Un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization) dit que l'agriculture biologique serait en mesure de le faire. Pratiquée dans les pays du Sud, elle améliore d'ailleurs leur productivité. Edgard Pisani, qui fut ministre de l'Agriculture, avait pressenti les difficultés actuelles. Il était visionnaire...


À une période où l'écologie est devenue une priorité politique, pensez-vous que les modes de culture seront obligés d'évoluer ?

Les gens intéressés par l'agriculture biologique ont souvent le même profil : leurs enfants, qui sont collégiens et lycéens, les ont interpellés sur le sujet. Sensibilisés, ils prennent en compte l'avenir des générations futures et c'est pourquoi ils se remettent en question. Aujourd'hui, dans notre société, la culture du risque reste étroite. Généralement, les agriculteurs qui veulent changer leurs méthodes se sont installés plus tardivement que les autres. Attentifs aux demandes des citoyens, ils ont souvent connu une expérience à l'étranger et ont une autre perception.La situation évoluera forcément. Dans les filières agricoles, l'enseignement des matières techniques est encore trop tourné vers l'agriculture conventionnelle.


• L'info en plus


Label AOC : les bovins ne savent pas ce qu'est un brin d'herbe...

Voilà un sujet qui intéresse Benoît Biteau. En effet, le label AOC délivré pour les bovins dans la région serait sujet à commentaires. Explication : Quand cette AOC est née, les bovins étaient élevés dans les prés salés de la Seudre. Ils étaient donc herbivores, de race maraîchine, et les caractéristiques de leur lait leur permettaient de se démarquer dans la fabrication du beurre. Aujourd'hui, l'AOC Poitou-Charentes englobe cinq départements, La Vendée s'y étant ajoutée. « Il ne peut pas y avoir homogénéité de territoire sur cinq départements » déplore Benoît Biteau. « Quand on analyse la façon dont on produit le lait, on s'aperçoit que les bovins ne savent pas ce qu'est un brin d'herbe. Ils mangent de l'ensilage de maïs et du soja venant d'Amérique du sud avec des OGM de préférence. On continue donc d'utiliser une AOC quitte à dénaturer complètement tout lien au terroir ». Benoît Biteau est intarissable sur le sujet. Il préconise de revisiter le cahier de charges afin de privilégier la qualité des produits AOC dans ce domaine en tenant compte des spécificités.

Indiscrétion : Il y aura deux agriculteurs sur la liste de Ségolène Royal, Benoît Biteau et un exploitant de Saint Eanne dans les Deux Sèvres. « Nous sommes tous les deux éleveurs de chèvres et nous retrouvons sous de nombreux aspects » souligne Benoît Biteau.

Photo 1 : Benoît Biteau

Photo 2 : En février 2009, lors du Salon de l'Agriculture, Benoît Biteau a reçu le premier prix des trophées de « l'agriculture productive et écologiquement responsable » des mains de Michel Barnier et Erick Orsenna.

Photo 3 : Vaches maraîchines. Les femelles sont vendues pour créer de nouveaux élevages. Un bâtiment pour la traite est envisagé. La ferme commercialise également du fromage de chèvre.

Photo 4 : Race de chevaux à protéger

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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