mardi 16 mars 2010

Xynthia : Nicolas Sarkozy en Charente Maritime et en Vendée


Mardi matin, le président de la République s'est d'abord rendu à la Rochelle, puis à Charron avant de rejoindre la Roche sur Yon en Vendée. Des mesures importantes ont été annoncées.

Plusieurs semaines après la tempête, les maisons sont toujours dans un triste état

Les explications du maire de Charron
Nicolas Sarkozy s'est arrêté dans ce village, terriblement éprouvé par la tempête



• Le discours de Nicolas Sarkozy, publié ci-dessous, met en évidence la volonté de ne plus connaître une telle tragédie. Des décisions fermes seront prises en matière d'urbanisme et de reconstruction des habitations :

« Le 28 février dernier, la Charente-Maritime et la Vendée ont été frappées de plein fouet par une catastrophe nationale.

Lors de ma venue sur place dès le lendemain des évènements, l’ampleur du désastre n’était pas encore connue. Aujourd’hui, nous savons ce qu’il en est : 29 morts en Vendée, 12 en Charente-Maritime. Sur l’ensemble du territoire français, la tempête Xynthia a causé la mort de 53 personnes.

C’est d’abord aux victimes que vont toutes mes pensées, aux hommes, aux femmes, aux jeunes enfants qui se sont trouvés piégés en pleine nuit dans leurs maisons, par la montée soudaine des eaux.

Face à ce drame épouvantable, je tiens à exprimer à leurs familles et à leurs amis la douleur et la solidarité de toute la Nation. Le cauchemar de cette nuit du 28 février 2010 restera gravé dans la mémoire des Français.

Les dégâts matériels sont considérables. La Charente-Maritime et la Vendée sont deux départements martyrs.

1000 maisons ont été sinistrées en Vendée, 5000 en Charente-Maritime. 767 personnes ont dû être évacuées en Vendée, 2 000 en Charente-Maritime.

192 exploitations agricoles ont été inondées en Vendée, 350 en Charente-Maritime réduisant à néant le travail harassant de nos agriculteurs. La profession ostréicole a également payé un très lourd tribut.

Dans les deux départements, des centaines d’entreprises du commerce et de l’artisanat présentes à proximité du littoral ont été frappées de plein fouet par cette tempête d’une violence tout à fait exceptionnelle.

Les digues elles-mêmes ont été submergées et, en certains endroits, découpées comme des feuilles de papier alors qu’elles avaient été édifiées un mètre au-dessus du niveau le plus haut jamais connu par l’homme.

Aujourd’hui, 120 kilomètres de digues en Charente maritime, 75 km en Vendée sont à reconstruire. Des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires ont été détruites ou fortement endommagées sur tout le littoral.

Je le redis aux victimes de la tempête Xynthia, en Charente-Maritime, en Vendée et dans tous les départements touchés : la solidarité nationale a commencé à se manifester. Elle continuera à s’exprimer.

L’Etat ne laissera pas tomber les sinistrés de la tempête.

C’est souvent dans la détresse et le malheur que se produisent les élans les plus spectaculaires d’unité nationale et de fraternité.

L’histoire de notre pays en porte témoignage.

Par leur courage, par leur ténacité face aux coups du destin, les Vendéens et les Charentais ont offert un formidable exemple à tous les Français.

Au cours de ces derniers jours, se sont côtoyés ici la plus grande détresse humaine et les actes de courage les plus exceptionnels.

Je songe à ces deux sapeurs-pompiers volontaires partis pour sauver des familles piégées dans leur grenier alors qu’ils venaient eux-mêmes de perdre leur maison !

Je songe à ce jeune homme, Samuel Veillard, dont on m’a rapporté l’histoire et qui, en tenue de plongée, exténué devant le centre opérationnel, demandait des nouvelles des ses deux enfants. Il n’avait pas pu s’occuper d’eux, car il avait été appelé en urgence pour sauver un enfant de 7 ans avec son grand-père et sa grand-mère.

Le drame du 28 février a suscité un élan de solidarité, d’autant plus bouleversant qu’il était naturel et spontané.

Je songe aux centaines de personnes qui ont ouvert leurs maisons aux sinistrés, abandonné leur travail pour venir en aide aux secours, fourni des vêtements et des couvertures.

Ici beaucoup de gens ont tout perdu. D’autres leur ont tout donné. Je tiens à le dire aux Charentais et aux Vendéens : je suis fier, comme tous les Français, de leur comportement exemplaire. Fier d’être le Chef de l’Etat d’un pays capable aujourd’hui comme hier, de susciter de tels élans de sacrifice et d’héroïsme, où les mots de communauté, d’entraide et de solidarité nationale ont gardé un sens.

Nous le savons aujourd’hui : le bilan aurait pu être encore beaucoup plus lourd si les pouvoirs publics n’avaient pas été réactifs et organisés face à la catastrophe.

Pour faire face à la tempête, des moyens considérables ont été mobilisés à l’échelle nationale les 27 et 28 février.

En Vendée : près de 1000 sapeurs-pompiers du SDIS ont participé aux secours d’urgence, appuyés par 220 sapeurs-pompiers venus de 23 autres départements et 111 militaires de la sécurité civile.

Même mobilisation en Charente-Maritime : 500 sapeurs-pompiers départementaux, 200 venus de l’extérieur, 156 militaires de la sécurité civile sont immédiatement intervenus.

Sans l’abnégation et le professionnalisme de ces hommes et de ces femmes engagés sur le terrain, le nombre de victimes aurait pu être dramatiquement plus élevé. 765 personnes en Vendée et 700 en Charente-Maritime ont été sauvées de la noyade et de l’épuisement, dont 90 par hélitreuillage.

Je m’adresse à tous ceux qui ont pris part aux opérations de secours: sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires, fonctionnaires et militaires de la sécurité civile, militaires de la gendarmerie et des forces armées.

Grâce à votre savoir faire, votre courage, et parfois votre héroïsme, des centaines de vies ont été sauvées.

Je tiens à vous le dire et à vous remercier au nom de la Nation toute entière.

J’associe aux mêmes remerciements les personnalités qui ont assuré la coordination et la direction des opérations de secours, en particulier les deux préfets, M. Henri Masse et M. Jean-Jacques Brot ainsi que leurs équipes des préfectures et des services de l’Etat.

Je tiens également à saluer l’action remarquable des présidents des conseils généraux, cher Dominique Bussereau, cher Philippe de Villiers pour leur contribution décisive au bon déroulement des opérations de secours avec l’ensemble des élus des deux départements.

Mesdames, Messieurs, je l’ai dit clairement dès le 1er mars à la Rochelle : je n’accepte aucun fatalisme dans l’analyse des causes de ce drame.

29 morts en Vendée, 12 en Charente-Maritime, le bilan de ce drame est absolument incompréhensible et inacceptable.

Certes, cette catastrophe est la conséquence de la conjonction de deux phénomènes naturels : une tempête d’une exceptionnelle puissance et un fort coefficient de marée.

Mais ce constat ne justifie rien, n’excuse rien. Comment, dans la France du XXIème siècle, l’une des premières puissances mondiales, un pays à la pointe de la modernité et du progrès technologique, plusieurs dizaines de personnes ont-elles pu périr noyées dans leur maison ?

J’ai voulu que toute la lumière soit faite et j’ai demandé qu’une mission interministérielle me présente un rapport sur ces évènements et qu’un premier pré-rapport me soit remis dans les 10 jours. Je dispose donc de ce document qui a un caractère provisoire mais n’en est pas moins éclairant.

Le pré-rapport confirme mes propos du 1er mars.

La catastrophe du 28 février n’est pas seulement le produit d’évènements climatiques. Elle est aussi le résultat d’une cascade de décisions litigieuses ou contraires au bon sens, de négligences, de prescriptions non respectées, d’expertises négligées.

Il ne m’appartient évidemment pas de pointer du doigt ou de déterminer les responsabilités dans ces dysfonctionnements.

Mon rôle est d’abord de tirer toutes les leçons des évènements du 28 février pour que jamais un tel drame ne puisse se reproduire. Jamais.

Après le temps des secours d’extrême urgence, la priorité absolue doit être la solidarité nationale envers les personnes sinistrées. L’heure est à l’indemnisation des victimes et à la réparation des dégâts.

L’objectif est bien sûr de permettre une indemnisation des personnes sinistrées aussi rapide et complète que possible.

La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle en Charente-Maritime et en Vendée, qui permet d’engager les procédures d’indemnisation, est intervenue dans des délais exceptionnellement brefs, comme je m’y étais engagé, dès le lendemain de ma venue le 1er mars.

D’ores et déjà, les sinistres de moins de 2 000 euros seront indemnisés sans expertise, dans les délais les plus rapides, inférieurs à un mois.

Par ailleurs, des moyens exceptionnels seront déployés par les compagnies d’assurances afin que les sinistres d’un montant supérieur, les plus graves, fassent l’objet d’une expertise la plus rapide possible. Je demande aux compagnies d’assurance de mobiliser tous les experts disponibles pour que les évaluations des sinistres puissent se faire le plus vite possible.

Je tiens à vous assurer de ma détermination absolue à obtenir des compagnies d’assurances une célérité et une efficacité optimales.

Je demande aussi aux banques de s’assurer que les personnes qui ont perdu leur maison bénéficient effectivement de facilités d’étalement de leurs échéances de prêts immobiliers pour qu’elles ne soient pas confrontées à des difficultés supplémentaires de trésorerie.

Je demande aux délégués départementaux de la médiation du crédit de se mobiliser sous l’autorité de M. Gérard Rameix, médiateur national du crédit, pour accompagner les entreprises touchées par la tempête dans leurs démarchés avec leurs banques.

Je demande qu’à titre exceptionnel, les personnes qui habitent dans les zones les plus touchées et qui ont perdu leur maison puissent faire appel au représentant local du médiateur du crédit en lien avec M. Yann BOARETTO, le « Monsieur Assurances » que j’ai nommé, pour les aider aussi en cas de difficultés éventuelles avec leurs banques concernant leurs emprunts immobiliers.

Dès le 28 février, le Ministre des comptes publics, Eric Woerth a donné instruction aux services fiscaux et aux URSAFF d’examiner avec une bienveillance particulière les demandes de délai de paiement et de remise gracieuse de majorations et de pénalités de retard, sollicités par les ménages, les entreprises, les commerçants, les artisans et les professions libérales.

Pour les particuliers, Les cotisations de l’année 2010 de taxe d’habitation et de taxe foncière sur les propriétés bâties seront remises en totalité, sur demande du contribuable, lorsque les locaux ont été détruits ou ont subi des dégâts tels, qu’après expertise, ils sont voués à la démolition.

Mais l’enjeu n’est pas seulement financier. Ce qui est en question, c’est la possibilité pour des personnes qui ont perdu leur maison, qui ont échappé de peu à la mort et qui ont profondément souffert, de pouvoir retrouver un toit et des murs et de recommencer à vivre !

Le groupement des entreprises mutuelles d’assurances (GEMA) a accepté de financer le relogement provisoire pendant six mois des personnes évacuées. Ce point est définitivement acquis. Je tiens à remercier le GEMA pour ce geste important et je demande à l’ensemble des compagnies d’assurances de faire de même.

Si nécessaire, l’Etat mobilisera le fonds d’aide au relogement d’urgence (FARU). Ce fonds, je le rappelle, est destiné à financer le relogement temporaire de personnes sinistrées. Il doit être sollicité par l’intermédiaire des mairies.

Mais au-delà de l’urgence, il faut que nous nous interrogions sur la question de l’urbanisation des zones à risques.

Qu’attendent les Français à la suite de ce drame qui vient d’endeuiller la Vendée et la Charente-Maritime ?

Ils attendent des choix clairs de la part des responsables publics.

Je tiens à leur dire avec la plus grande clarté : ce qui s’est produit le 28 février peut se reproduire à tout moment. Il y a eu trop de victimes, trop de larmes, trop de malheur. J’ai entendu aussi l’angoisse des sinistrés pour qui, comme le dit aussi Philippe de Villiers, « Là où la mer est venue, la mer reviendra ».

Dans les zones exposées aux plus forts risques, nous n’avons pas le droit de laisser nos concitoyens se réinstaller comme si de rien n’était. D’ailleurs, l’idée même de revenir habiter sur les lieux de la catastrophe est impensable pour beaucoup de personnes sinistrées. Comment imaginer reconstruire là où il y a eu des morts, là ou la mort peut frapper de nouveau ?

Une cartographie précise est en cours d’élaboration destinée à identifier les sites à fort aléa. Je veux être clair sur ce point : on ne peut pas négocier l'aléa, qui s'impose à tous, l'aléa n'est pas à géométrie variable la tempête Xynthia vient de nous le rappeler

Je demande aux préfets et aux maires concernés de prendre sans délai les mesures destinées à éviter la réoccupation à des fins d’habitation des sites qui ont été dévastées par la mer le 28 février. Il en va de la sécurité des personnes. Chacun doit le comprendre.

Dans ces zones, il est indispensable que toutes les reconstructions et aménagements soumis à permis de construire soient désormais interdites.

Dans le même temps, les personnes qui ne pourront retrouver leur domicile ravagé par Xynthia, doivent être indemnisées de la perte de leur maison.

Là encore, la solidarité nationale trouvera à s’appliquer, le cas échéant, dans le cadre de procédures d’acquisition amiable ou au travers de mesures d’expropriation pour utilité publique. Mais les assureurs devront aussi prendre leur part de cette charge, en acceptant d’indemniser les sinistrés même lorsqu’ils reconstruiront hors du site où se trouvait leur maison.

Parallèlement, je demande aux préfets de coordonner les actions des élus locaux, des assureurs et de l’Etat pour faire en sorte que les personnes qui ne pourront plus habiter dans les zones à risques puissent retrouver un logement ou en reconstruire un autre dans une zone sans risque. Tous les efforts devront être mobilisés rapidement pour identifier de nouveaux terrains constructibles, notamment par l’intermédiaire des établissements publics fonciers.

Il est du devoir absolu de l’Etat et des autorités locales de faciliter la réinstallation de nos concitoyens sinistrés dans des lieux sûrs et dans des conditions équivalentes.

Le « fonds de prévention des risques naturels majeurs », prévu pour ce type de circonstances ne couvre aujourd’hui que les crues torrentielles. Je demande à Jean-Louis BORLOO de mettre dès aujourd’hui en chantier une réforme législative pour étendre le champ d’intervention de ce fonds – connu sous le nom de fonds Barnier – afin de prendre en compte tous les types d’inondations, notamment par submersion marine. Des amendements seront apportés en ce sens au projet de loi Grenelle 2, examiné en urgence et qui doit être adopté d’ici à l’été prochain.

Les agriculteurs, ostréiculteurs et conchyliculteurs ont été une fois de plus durement touchés.

Une partie des dommages va être indemnisée par les compagnies d’assurance en particulier les pertes de récolte immédiates pour les grandes cultures ou les dégâts sur les bâtiments et matériels agricoles, d’ostréiculture ou de conchyliculture.

Quant aux pertes non assurables, elles feront l’objet d’une indemnisation par l’Etat. C’est le cas des dégâts occasionnés sur les prairies. C’est le cas aussi des travaux de remise en état des terres en culture, pour réduire la quantité de sel présent dans le sol, par l’utilisation du gypse. L’Etat procédera à l’indemnisation de ces pertes et des travaux de remise en état des sols par le Fond National de Garantie des Calamités Agricoles sur la base des règles d’utilisation de ce fonds.

Avec Bruno LE MAIRE, nous avons dégagé une enveloppe de 100 millions d’euros pour soutenir la souscription de contrats d’assurance par les agriculteurs. Je souhaite que la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche renforce ce soutien au développement de l’assurance contre les aléas climatiques en agriculture. Il faut que les agriculteurs tirent profit de ces dispositifs pour s’assurer.

Les enquêtes de recensement des « calamités agricoles » sont en cours depuis le 8 mars et s’achèveront avant la fin mars.

L’ostréiculture et la conchyliculture ont subi de lourds dégâts. On ne peut pas laisser détruire l’ostréiculture française, victime de calamités à répétition.

J’ai demandé le 1er mars la mise en place d’un plan d’urgence d’aide aux ostréiculteurs. Une enveloppe de 20 millions d’euros est disponible pour permettre la reconstruction de bâtiments et l’achat de matériels ostréicoles et conchylicoles. Le dispositif est en cours de notification à la Commission européenne. Il viendra naturellement en complément des indemnisations réalisées par les assureurs.

Face à l’urgence de la situation financière de chaque exploitant agricole, 2,5 millions d’euros de prise en charge de cotisations dues à la Mutualité Sociale Agricole viennent d’être débloqués. Par ailleurs, 3 millions d’euros de prise en charge d’intérêts d’emprunts viennent d’être délégués aux préfets de Charente Maritime et de Vendée.

Je vous annonce aujourd’hui que des apports en trésorerie immédiats seront réalisés par les banques, pour les ostréiculteurs, les conchyliculteurs et pour les agriculteurs les plus en difficulté, au travers d’avances sur les montants d’indemnisation par le Fonds National de Garantie des Calamité Agricoles. L’Etat financera les intérêts de ces prêts.

Par ailleurs, les aides directes européennes de la PAC seront préservées pour les exploitations agricoles affectées par la tempête, afin de garantir le revenu nécessaire aux familles vivant sur ces exploitations.

J’ai bien conscience que face aux dégâts causés par la mer sur les terres cultivées, le système de culture de certaines exploitations devra être adapté pour limiter les conséquences économiques de la présence du sel dans le sol et réduire les impacts des risques d’inondations futures. L’Etat accompagnera chaque agriculteur dans ce diagnostic, dans les travaux de réparation des terres, et dans l’indemnisation des pertes de récolte à venir en raison de cette tempête Xynthia.

L’Etat soutiendra également les entreprises commerciales et artisanales touchées par la tempête. Le Gouvernement a ainsi décidé de mobiliser le FISAC, le fonds d’intervention pour les services l’artisanat et le commerce dans l’objectif de les aider à surmonter les conséquences de la catastrophe. Les entreprises concernées pourront ainsi bénéficier d’aide d’un montant pouvant aller jusqu’à 8 000 euros pour des dépenses d’investissement liées à la restauration des locaux et de l’outil de travail. De plus les entreprises pourront bénéficier d’une indemnisation des pertes d’exploitation à hauteur de 2 000 euros.

La mobilisation du FISAC sera particulièrement nécessaire pour le secteur du tourisme, qui est si important pour l’économie de vos départements. Tout sera mis en œuvre pour que la Vendée et la Charente-Maritime soient en mesure d’accueillir les touristes dès l’ouverture de la saison.

En outre, des instructions de grande bienveillance à l’égard des entreprises sinistrées ont été données aux services fiscaux et sociaux. Les banques ont été invitées à apporter leur contribution active au rétablissement des acteurs économiques victimes de la catastrophe.

L’Etat prendra enfin toutes ses responsabilités en vue de la reconstruction des biens non assurables des collectivités locales. Il mettra à contribution les dispositifs prévus pour la remise en état les voiries et les réseaux endommagés. Il participe bien entendu aux travaux en cours pour les réparations en urgence des digues endommagées.

Nous mettrons à contribution toutes les sources de financement disponibles. Ainsi, j’ai demandé à M. Pierre Lellouche, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes de solliciter le fonds de solidarité de l’Union européenne prévu pour faire face à ce type de situation.

Après le 28 février 2010, rien ne peut plus être comme avant en matière de prévention des catastrophes naturelles.

Nous devons améliorer les systèmes d’alerte, les rendre plus précis plus performants. Je demande à Météo France d’intégrer sans délai un dispositif de vigilance « vague submersion » dans ses procédures de vigilance météorologique.

Je veux que toutes les communes situées dans des zones à risque disposent d’un plan communal de sauvegarde destiné à anticiper les situations de crise.

La tempête Xynthia soulève la question de la façon dont nous sommes collectivement préparés à faire face aux catastrophes naturelles.

Le plan de prévention des risques (PPR), arrêté par le préfet après délibération du conseil municipal, est l’outil fondamental de protection des populations. Il s’impose aux règlements d’urbanisme. Lui seul permet de fixer les règles et les limites nécessaires en matière de construction dans les zones à risque.

Il faut dire la vérité : en Charente Maritime comme en Vendée, nous étions dramatiquement en retard. Et ce constat vaut hélas pour l’ensemble du territoire national.

Sur 864 communes exposées au risque de submersion marine en France, seules 46 disposent d’un plan de prévention approuvé. La situation n'est pas meilleure pour les autres risques, incendies de forêts, risque sismique. Ce n’est plus tolérable.

Nous devons généraliser le plus rapidement possible les plans de prévention des risques. Pour cela il faut en finir avec les approches bureaucratiques et avec les manœuvres dilatoires. On a trop perdu de temps.

On ne peut pas continuer ainsi et laisser quelques individus bloquer des procédures vitales pour nos concitoyens. Le bon sens a depuis trop longtemps déserté cette question, pourtant cruciale, de la gestion des risques naturels. Et on a, au bout du compte, perdu de vue l’intérêt général. Car ce qui est en jeu ce sont des risques mortels, ce qui est en jeu c'est la vie humaine. Seule l'efficacité et le bon sens dans la protection des hommes et des femmes doit compter. J’entends remettre de l’ordre dans notre politique de prévention et de gestion des risques.

Je souhaite une véritable accélération dans le déploiement sur le territoire des plans de prévention des risques. Nous ne pouvons plus attendre des années et des années pour que ceux-ci soient mis en place. Souvenons nous que les plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) ont été créés par la loi du 2 février 1995. Qu’on ne vienne pas me dire que ce n’est pas possible, que les procédures sont compliquées, qu’il faut allonger la concertation… Cela fait 15 ans que cela dure. Notre objectif est simple : d’ici trois ans, je veux que toutes les communes situées dans des zones à risques soient couvertes par un plan de prévention.

Des instructions vont être données aux préfets dans ce but. L’Etat va prendre ses responsabilités. La décentralisation est un formidable acquis, mais elle ne s’effectuera pas au détriment de la sécurité de nos compatriotes. Mieux protéger nos compatriotes en renforçant les pouvoirs du représentant de l’Etat, c’est aussi mieux protéger nos élus.

Je demande aux ministres en charge de ce dossier, M. Jean-Louis Borloo et M. Brice Hortefeux, de veiller personnellement à ce que les évolutions législatives nécessaires soient prises pour simplifier et accélérer les procédures d’élaboration des PPR. Le préfet doit être en mesure de faire prévaloir les impératifs de sécurité des populations sur toute autre considération.

Dans le même ordre d’idée, il est également indispensable de réformer notre système d’assurance des catastrophes naturelles.

Ce système est incompréhensible. Il est évidemment inefficace, puisqu’il n’incite absolument pas à la prévention, et il est injuste. Je demande aux ministres concernés d’engager une réforme du régime de catastrophes naturelles. Je veux que tout en restant fondé sur la solidarité nationale, ce régime prenne en compte la nécessité de renforcer la prévention et d’encourager les comportements responsables.

Le plan « digues » dont j’ai demandé la mise en place à Jean-Louis Borloo s’inscrit dans le même esprit, la même démarche. Il vient en complément de la réforme et la généralisation des PPR. Son objectif est de renforcer les digues pour améliorer la protection des populations. Je veux dire tout de suite qu’il n’est bien évidemment plus question de créer des digues nouvelles, ces digues spéculatives, immobilières, dont le seul objet est d’ouvrir à l’urbanisation des zones exposées à un risque important de submersion.

La tempête Xynthia a fortement endommagé les digues littorales. Au moins 150 kilomètres doivent être rénovés de toute urgence. Pour y parvenir dans les délais les plus brefs, je souhaite que l’Etat prenne à sa charge, de manière tout à fait exceptionnelle, 50 % du coût de ces travaux. Mais la tempête a mis en lumière l’état déplorable de l’ensemble du réseau national des digues, des 1 000 kilomètres de digues littorales et des 7 000 kilomètres de digues fluviales que compte notre pays, car il ne servirait à rien d’ignorer une partie de la réalité. Et la réalité, c’est qu’au moins la moitié de ces ouvrages aurait aujourd’hui besoin d’être consolidée. Sur la base d’un coût moyen d’un million d’euro par kilomètre, notre retard d’investissement se situerait entre 3 et 4 milliards d’euros.

Il faut dire que nous payons, dans ce domaine, les conséquences d’un système totalement confus et obsolète. Les maîtres d’ouvrage sont innombrables. Le principe d’un financement exclusif par les propriétaires et les personnes directement protégées – principe posé par une loi de 1807 – n’est manifestement plus opérant. Et, dans ce domaine aussi, les investissements publics ont été notoirement sous-dimensionnés depuis des décennies.

Je souhaite donc que me soient présentées rapidement des propositions pour un plan national pluriannuel en faveur des digues. L’Etat prendra toutes ses responsabilités en mobilisant durablement le fonds Barnier, sur la base d’un taux d’intervention de 40%.

Enfin, compte tenu de l’effet des digues sur le reflux des eaux, une précaution élémentaire aurait dû être prise depuis longtemps : dans les zones à risque élevé de submersion, il ne doit plus être possible de construire des logements derrière les digues. Car tôt ou tard, quelle que soit leur hauteur, quelle que soit leur solidité, celles-ci sont un jour submergées. Un peu de bon sens ne nuit jamais, surtout en matière d’urbanisme.

*

Mesdames et Messieurs, dans les années récentes, la France a été durement frappées à trois reprises par des catastrophes naturelles : en décembre 1999, en janvier 2009, en février 2010.

Le drame que nous venons de connaître en Vendée et en Charente-Maritime n’a pas de précédent de mémoire d’homme, même en 1940 qui a connu de graves inondations. C’est un simple constat, je n’en tire pas de conclusion quant à un lien de causalité avec des phénomènes plus globaux comme le dérèglement climatique. Cependant, ces évènements dramatiques nous rappellent que nous ne pouvons pas tricher avec la nature, que c’est elle qui continue de dicter sa loi aux hommes et non l’inverse. Demain, à tout moment, de tels phénomènes peuvent se reproduire. Il faut changer nos manières de voir et d’agir face aux risques naturels. Mais plus largement, il faut changer notre manière de voir et d’agir face à l’environnement.

La prévention des risques naturels doit s’imposer comme une priorité absolue de tous les responsables publics, nationaux et territoriaux. Mais nous devons avec la même énergie nous appliquer à réduire les impacts sur l’environnement des activités humaines. Car au bout du compte, c’est toujours l’Homme qui est menacé par la pollution, par la perte de biodiversité et par le dérèglement climatique. Cette prise de conscience est au fondement du Grenelle de l'Environnement. Nous continuerons de le mettre en œuvre demain comme aujourd’hui, pour nous-mêmes et pour les générations à venir ».

Photos Nicole Bertin

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