jeudi 24 juin 2010

Jonzac : Ancien déporté,
Michel Cavaillès à l’honneur


« Chaque homme dans la nuit s’en va vers sa lumière »

Samedi matin à Jonzac, une cérémonie était organisée en l’honneur de Michel Cavaillès, rescapé du camp de la mort de Sachsenhausen. Un hommage émouvant que méritait cet homme de cœur.

Michel Cavaillès, rescapé du camp de Sachsenhausen


« Je ne pourrai décrire l’émotion qui m’envahit quand je me trouvai devant la preuve évidente de la brutalité des nazis et de leur mépris profond de tout sentiment humanitaire. Je suis sûr que jamais, je n’ai ressenti un tel sentiment de stupeur »
déclara le général Eisenhower lorsqu’il entra pour la première fois dans un camp de concentration, en avril 1945.

Comme Homère Fonteneau, rescapé d’Auschwitch, Michel Cavaillès a connu l’univers concentrationnaire.Samedi dernier, la FDNIRP et l’Association "Ensemble pour la paix" lui ont rendu un hommage particulier avec, à leurs côtés, les amis pour la Mémoire de la Déportation et l’Amicale des déportés de d’Oranienburg-Sachsenhausen.
S’y ajoutait la communauté des personnes de bonne volonté, conscientes des atrocités que les hommes et les femmes déportés ont connues, il n’y a pas si longtemps… Hitler n’est pas un mythe, pas plus que Staline, mort en toute sérénité dans son lit. Et pourtant, combien de morts ont-ils sur la conscience ? La source n’est pas tarie puisque des dictateurs, de par le monde, imposent leur diktat au nom d’idéologies qui leur sont propres : « Quand tu verras les intellectuels bafoués et les livres brûlés, tu sauras que les signes d’une souffrance nouvelle sont réunis ».

Cette souffrance, Michel Cavaillès l’a ressentie au plus profond de sa chair. Né le 9 août 1922 à Bayonne, ville du Sud-Ouest où son père était receveur des Postes, il ne pouvait imaginer les heures tragiques qui l’attendaient. Sachsenhausen ; la détention bestiale ; la mort des camarades qui s’éteignent les uns après les autres ; la peur de se dire « quand viendra mon tour ? » ; le soubresaut de la survie pour prouver aux bourreaux qu’ils n’auront pas le dernier mot. Se mobiliser avec le peu de forces qui reste ; se rebeller ; prier Dieu de toutes ses forces pour éviter le four ; se rebeller contre ce Créateur qui vous abandonne ; se dédoubler de son pauvre corps malade pour garder le souffle, celui qui fait encore avancer ; quitter le camp pour fuir, ô ironie, les troupes qui viennent vous sauver ; voir ses derniers camarades tomber en cette ultime randonnée macabre ; se dire tout à coup : « si le soleil se lève à nouveau demain, il y aura forcément un autre jour, puis un autre et encore un autre »

Les enfants des écoles primaires participaient à cette cérémonie

En ce 12 juin, Michel Cavaillès était ému. La cérémonie organisée au monument aux morts était dédiée à ceux que le destin a fauchés dans l’horreur des camps. Fils barbelés, baraques, miradors, tenue à rayures… Chant des partisans, enfants des écoles chantant l’espérance, poème de liberté et de fraternité prononcé par Valérie Claverie, chant des marais… Des larmes dans les yeux, Michel Cavaillès s’est souvenu de ses compagnons disparus.

Un bâton pour appuyer ta route

Retour en arrière, en 1942. Refusant le STO, Michel Cavaillès, qui habite le Pays Basque, décide de rejoindre l’Espagne. Il est arrêté par des carabiniers qui le livrent à la Gestapo. Elle lui demande de s’engager dans la légion étrangère et de combattre les Russes. Il refuse et reçoit pour toute réponse à son obstination : « C’est très mauvais où vous allez aller ». Effectivement ! Après avoir été emprisonné en France, il est envoyé en Allemagne en mai 1943.
Il découvre Sachsenhausen et aujourd’hui encore, il a du mal à en parler. Parce que certains faits sont si horribles que les jeunes ne peuvent pas les entendre. Il y devient le matricule 66735.

En avril 1945, le camp est évacué et commence alors la "marche de la mort" en direction de la Baltique. « Les SS avaient pour mission de nous tuer pour supprimer les preuves » souligne-t-il. Par miracle, il survit et bientôt, il regagne la France. Au Lutécia, le fameux hôtel parisien, arrivent, les uns après les autres, les spectres des survivants…

Peu à peu, Michel Cavaillès se réadapte à la vie et apprend le métier de monteur électricien qui le conduira au Service technique des PTT. En 1952, toujours un 9 août, il se marie avec Simone dont il a deux enfants, Christine et Sylvie. Le hasard conduit le couple à Jonzac où Simone est institutrice à l’école Paul Bert.



Durant toutes ces années, Michel Cavaillès n’a jamais failli à sa mission de témoin. Avec Homère Fonteneau et M. Sermot, il est allé dans les établissements scolaires répondre aux questions relatives à la Seconde Guerre Mondiale.
Réunies à la mairie de Jonzac, les personnalités, dont le député Jean Claude Beaulieu, lui ont fait un beau compliment : « vous êtes un citoyen digne de ce nom ». Un bâton lui a été offert, sculpté dans le chêne du Pays basque, signe de sagesse et d’hospitalité. À l’intérieur, un message et de la terre du camp de Schasenhausen.

A la mairie, remise du bâton et chant d'espoir


Cette rencontre s’est terminée par des chants de Itxassou et un repas avec les amis. Pour célébrer le moment présent, évoquer l’avenir et se dire que le passé, qui appartient désormais à l’histoire, est une flamme qui ne doit jamais s’éteindre…


Aux côtés de Michel Cavaillès, on notait la présence des autorités militaires et civiles dont le sous-préfet, Philippe Brugnot, le conseiller général de Montendre, Bernard Lalande et le député Jean-Claude Beaulieu représentant Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux transports. Souffrant, Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, était absent. Nombreux ont regretté qu’il ne puisse être avec ses adjoints, Christian Balout et Madeleine Perrin.



Réception à la mairie en présence de la chorale d’Itxassou, village basque où Michel Cavaillès a été arrêté pendant la guerre.




Cette cérémonie du souvenir était organisée en partenariat avec la Fédération Nationale des déportés et internés, résistants et patriotes dont le secrétaire est Robert Creange, l’Amicale des déportés d’Oranienburg Sachsenhausen, la Fédération pour la mémoire de la déportation, l’association « ensemble pour la paix » que préside André Cuyeu.

• L'info en plus


Bernard Lalande : Des ambitions à Jonzac ?
Ce n’était pas l’endroit, mais on a beaucoup jasé en découvrant, parmi les officiels, Bernard Lalande, conseiller général socialiste de Montendre, candidat à la présidence du Conseil général. Claude Belot, qui était absent, lui avait-il demandé de le représenter ? Nul ne le sait, mais peu probable, d’autant que le député Jean-Claude Beaulieu (UMP comme Claude Belot), ami de la famille Cavaillès de longue date, était présent. Dominique Bussereau était excusé, retenu par des obligations.
Certains n’ont retenu que l’aspect politique : Bernard Lalande pourrait-il être candidat à la mairie de Jonzac aux prochaines élections ? Ou à la présidence de la CDCHS ? Après tout, pourquoi pas ? Mais qu’en pense Gilles Clavel ?

1 commentaire:

Pierre Soulard a dit…

Se souvenir de nos martyrs est pour nous tous un devoir. Visitez le site Internet de l'association Sachso :
http://www.campsachsenhausen.org/