samedi 24 juillet 2010

Jonzac :
Pourquoi une grève de la faim ?


Une grève de la faim à Jonzac n’est pas un acte ordinaire. C’est pourtant la seule solution qu’ait trouvée Frédéric Blanc, bibliothécaire, pour faire entendre sa voix.


Mardi matin. Voici plusieurs jours que Frédéric Blanc a entrepris une grève de la faim et ses effets commencent à se faire sentir, malgré une apparente vitalité d’esprit. Son médecin, qui vient de le placer en arrêt de maladie, lui a conseillé de s’alimenter. Le corps, en effet, possède ses propres limites. La question qui vient à l’esprit coule de source : Pourquoi cet homme, bibliothécaire de formation, dont la valeur professionnelle est reconnue, en est-il arrivé à cette situation ?

Il raconte son histoire et cet amour qu’il a toujours eu pour la diffusion de la culture en milieu rural. Le bibliobus, il le connaît depuis son plus jeune âge, quand il habitait à Haimps, dans le canton de Matha. Sans ce camion qui apportait aux petits villageois des livres d’aventure et de science fiction, comme la vie aurait été monotone ! Pas étonnant qu’il ait rejoint cet univers, après avoir suivi une formation à Bordeaux.

Il est nommé à Bibliothèque Départementale de prêt de Charente-Maritime en 1999. Son poste est à Jonzac. Dans un premier temps, tout va bien. Le principe est rôdé : Choix des livres et albums, gestion des titres et des abonnés, livraisons aux bibliothèques et dans quelques communes du Sud, isolées. Cette formule accessible pourrait se résumer en une phrase : «si tu ne vas pas à la lecture, elle viendra à toi !».
Quand Gérard Michel, le responsable de la BDP, s’en va en 2006, l‘équipe pense à l’avenir avec l’arrivée de Mme Leclerc. Elle constate néanmoins que la Médiathèque Départementale, qui comprend deux satellites autour de Saintes, les centres de Rochefort et Jonzac, ne délivre plus de DVD et de CD : «Nous nous sommes cantonnés aux livres. Non averties de ce changement, les communes ont été placées devant le fait accompli. Par ailleurs, nous avons été les derniers à changer de camion. Ça peut se comprendre puisque l’investissement est important. Désormais, il n’y a plus que deux passages du camion par an, contre trois autrefois. On veut faire des économies, c’est une évidence» explique F. Blanc.

Une affaire à l’ampleur anormale

Le ton monte bientôt entre Frédéric Blanc et sa direction au sujet d‘une formation. L’intéressé (qui a son franc-parler) reçoit un avertissement de sa direction, qu’il conteste «puisque j’ai été condamné avant d’être jugé». Il contacte le syndicat Sud. «Ma demande de recours gracieux ayant été refusée, j’ai mis l’affaire en justice pour vice de procédure. Le tribunal administratif de Poitiers m’a donné raison». L’avertissement est annulé. Or, le Conseil Général, qui chapeaute la Médiathèque Départementale, fait appel du jugement et lui demande 1500 euros de dommages et intérêts. Le dossier est en cours. «On dit que je suis insolent de manière récurrente» avoue ce salarié qui ne pratique pas la langue de bois.

Choqué par cette nouvelle procédure qui résulte d‘un différend ayant pris une ampleur anormale, Frédéric Blanc a décidé de faire une grève de la faim. En effet, et même s’il a été reçu à la Rochelle par MM. Fradin, DRH, et Gapail, directeur des services, et qu’une délégation de treize personnes de la MD (sur 29) a été entendue par Mme Leclerc, son souhait de rencontrer Jean Louis Frot, bras droit de Dominique Bussereau, est resté lettre morte. «Deux conseillers généraux, M. Roustit et Corinne Imbert, m’ont dit qu’ils faciliteraient ce rendez-vous, mais je suis toujours dans l’attente» remarque-t-il. Le soutien d’élus du Sud Saintonge et de plusieurs bibliothèques l’ont réconforté dans sa «lutte». «Je veux être traité en être humain. C’est tout» conclut-il.

Qu’ajouter sinon que cet employé doit être victime de sa liberté de parole : toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, et son côté «militant» n’est sans doute pas fait pour arranger les choses avec ses supérieurs. Ceci dit, une telle affaire ne devrait pas alimenter la presse. Elle aurait dû être traitée en interne.
Nous sommes tous attachés au bibliobus et même s’il doit évoluer avec son époque, il rend de grands services en campagne. Le réduire à sa plus simple expression ne va pas dans le sens de la décentralisation et de l’aménagement des territoires ruraux…

Nous espérons que dans les jours qui viennent, Frédéric Blanc aura cessé sa grève de la faim et qu’une entente aura été trouvée avec la Médiathèque Départementale...

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