dimanche 21 novembre 2010

Les Tréteaux de France :
La dernière séance à Jonzac
de Marcel Maréchal


« Il y a 40 ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien »…


En 2010, Marcel Maréchal effectue sa dernière tournée avec les Tréteaux de France. Un moment particulier de sa carrière où, comme Rabelais qu’il a joué sur scène, il veut offrir au public « la substantifique moelle ».
Pour notre plus grand plaisir, il a choisi le Bourgeois gentilhomme de Molière. L’an prochain, il laissera les rênes du théâtre itinérant à Francis Huster.

L’arrivée des Tréteaux de France en terre saintongeaise ne passe pas inaperçue. Le grand chapiteau, dressé sur la place du Champ de Foire, est rouge de plaisir : les baladins sont entrés dans la ville.



Grâce aux Feuillets d’automne proposés par la Ville, mardi soir était consacré aux joies de la comédie. Marcel Maréchal, dont la carrière a été bien remplie, quitte les Tréteaux de France en rendant hommage à Molière. Il incarne M. Jourdain, le personnage “flamboyant” du Bourgeois gentilhomme. En présentant cette pièce, le répertoire classique reprend le devant de la scène. « Je me suis dis : pourquoi pas Molière ? » avoue-t-il. L’une des difficultés est qu’il ne possède pas un physique qui prête à rire : « j’ai bien étudié le rôle et j’ai appris à composer ». Et le résultat est probant : avec ses envies et ses tocades, M.  Jourdain n’a pas que l’air, il a aussi la chanson et les ambitions qui vont avec !
Marcel Maréchal n’a pas souhaité en faire un pur vaniteux. C’est pourquoi, il a pris soin de le montrer en homme attentif, qui tient bien ses comptes. Toutefois, le marchand enrichi cherche à entrer dans la Cour des Grands et son vœu secret est que sa fille devienne marquise…

Ça lui fait une belle jambe !

Grand Mamamouchi

Les comiques de situation ne manquent pas. Le début de la pièce en est truffé : les professeurs de danse, de musique et d’escrime en sont la cocasse représentation. En exploitant la situation, le maître de philosophie a bien compris ce que voulait son élève. M. Jourdain paie pour apprendre les manières du “monde”.Qu’à cela ne tienne ! A, e, i, o, u !


M. Jourdain, paré des plumes du paon

Il pleut, il pleut, bergère !


Les profiteurs le flattent et la seule à raison garder est bien encore sa femme, inquiète de ses nouvelles prétentions. Que le naïf, paré des plumes du paon, soit entouré d’une ronde de courtisans est habituel, mais elle doit veiller à ce qu’il garde des plumes ! Dans ce rôle, la comédienne est remarquable de vérité.

L’épouse écartée n’entend pas rester sur la touche. Fine mouche, encouragée par Nicole, sa piquante servante, elle rentre d’un dîner au moment opportun, surprenant en sa demeure un dénommé Dorante et la blonde Dorimène qui exhibe un diamant rutilant. Jalousie…

Mme Jourdain, exaspérée...


Aux intrigues du mari, s’ajoute une histoire sentimentale, une vraie. La fille de M. Jourdain, jouée par Laetitia Godès - dans la précédente version de Jean Danet, ce rôle était par la fille de Michel Galabru, Lucie Emmanuelle - aime secrètement Cléonte.


L’histoire est compliquée. Il n’est pas assez fortuné et le père se fâche. Le jeune tourtereau invente alors un subterfuge. M. Jourdain, intronisé grand “mamamouchi“, est emberlificoté, tel un bonbon scintillant, par le fils du Grand Turc (alias Cléonte). Rassurez-vous, l’amour finit par l’emporter.

Grand “mamamouchi“, emberlificoté tel un bonbon scintillant

Le fils du Grand Turc vous salue bien

Dans ce cadre haut en couleurs, les comédiens évoluent avec légèreté. Le théâtre est une belle rencontre avec le public. « Quand les Tréteaux ont commencé à aller de ville en ville, il y avait cinquante personnes sous le chapiteau. Maintenant, elles sont cinq cents » disait Jean Danet. « L’aventure vaut le coup d‘être vécue » ajoute son successeur Marcel Maréchal. Jean-Baptiste Poquelin a occupé une place privilégiée dans leurs cœurs : faire le même métier que lui ont honoré leurs existences !
L’an prochain, nous retrouverons Francis Huster (qui a remporté, dimanche dernier, un grand succès en présentant “la Traversée de Paris“ de Marcel Aymé) à la direction des Tréteaux. Autre temps, autre façon d’évoluer ?

En tout cas, merci à Marcel Maréchal et à sa troupe, nous ne les oublierons pas !


Dernière représentation à Jonzac. Ce n'est qu'un au revoir ?

Photos Nicole Bertin

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