jeudi 27 janvier 2011

Charente-Maritime : Alchimie
au château de Crazannes ?


Avec le château de Dampierre sur Boutonne, connu pour sa fameuse galerie des alchimistes, le château de Crazannes, situé près de Saintes, est l’objet de toutes les attentions. Le livre paru aux éditions du Croît Vif, "Crazannes, logis alchimique" permet de mieux comprendre le double langage des sculptures qui ornent sa façade.


Le savez-vous ? La façade du château de Crazannes, datant du XVIe  siècle, possède deux niveaux d’interprétation. L’être et le paraître ! Tandis que certains y voient des sculptures “ésotériques“, d’autres se montrent plus réticents. Alchimie ou pas alchimie ? Voilà bien la question…

En 2003, Nicolas Faucherre, alors enseignant à l‘Université de La Rochelle et Antoine Pellerin, un passionné d’alchimie, acceptent de travailler sur le sujet, répondant à la demande de François Julien Labruyère, directeur des éditions du Croît Vif.
Cette aventure littéraire n’est pas le fruit du hasard. D’une part, les deux hommes se connaissent. D’autre part, l’une des étudiantes de Nicolas Faucherre s’intéresse au château et ses recherches se heurtent à des interrogations.

C’est en l’accompagnant à Crazannes qu’Antoine Pellerin remarque les nombreuses sculptures qui embellissent la façade principale. Intrigué, il les observe minutieusement et arrive à cette conclusion : dans leurs représentations, les artisans ont glissé des “messages“ particuliers s’adressant à des initiés. L’alchimie y apparaît en toile de fond. Une telle révélation n’a rien d’étonnant. Les travaux de construction ont été commandés par Aimery Acarie du Bourdet au début du XVIe. Au cœur de la Renaissance, ce siècle est bouillonnant d’idées avec des humanistes comme Michel de Montaigne ou François Rabelais. Venant d’Italie, des aspirations nouvelles viennent rompre “la mystique austère“ du Moyen-Âge.

L’idée d’écrire un ouvrage prend rapidement forme. Nicolas Faucherre est chargé de la partie historique. Grâce à des documents précieux (dont les écrits de Denys Joly d’Aussy), il recueille bon nombre d’informations. Cependant, il reste une question à laquelle il ne peut répondre : « Quelle preuve a-t-on que Bourdet était apte à comprendre le double langage des sculptures qu’il avait sous les yeux ? ». Pas la moindre, malheureusement.

Au fil du temps, le logis a traversé des périodes difficiles. Au XXe, soucieux de protéger l’édifice qui menace ruine, Chaudruc de Crazannes entreprend une rénovation : « les sculptures d’origine, déposées vers 1830, ont été remises en place dans les années 1920. D’autres, trop abîmées, ont été refaites à d’identique, soit à cette période, soit en 1942 à la demande des Bâtiments de France qui confiaient ces réalisations aux artistes. Ils échappaient ainsi au
STO ».



Profitant d’un échafaudage, les deux auteurs ont localisé, dans les parties hautes, des éléments anciens réinsérés dans la maçonnerie. Ils ont identifié « des sculptures neuves, ainsi que celles qui avaient été simplement réparées par l’adjonction d’attelles de ciment pierre ». La seconde façade aurait dû être restaurée pareillement (les entourages de fenêtres avaient été préparés par les ouvriers), mais elle est restée en l’état. Elle affiche une allure étrange de manoir écossais, moins attrayante aux yeux des amateurs que sa “sœur jumelle festonnée“.
« Le livre que nous avons écrit est aussi l’histoire de cette enquête » remarquent Nicolas Faucherre et Antoine Pellerin.

Avant les travaux de restauration

Un alchimiste ne dira jamais qu’il l’est

« L’alchimie est un labyrinthe : vous pouvez frapper à sa porte et rester en errance ». En écoutant ces recommandations qui s’adressent aux “profanes“, on imagine un chemin long et semé d’embûches. La facilité serait de rester dans l’ignorance et de ne pas se prendre la tête. Toutefois, “la curiosité“, comme l’appelle Antoine Pellerin, chercheur passionné par l’imagerie et la culture alchimistes, est plus forte. Il nous livre un bel aperçu de ses connaissances dans l’ouvrage consacré à Crazannes.
Durant de longs mois, il s’est investi dans cette tâche avec une attention particulière. La publication du livre a été « une sorte de conclusion », lui permettant d’envisager d’autres champs d’investigation. Le thème est loin d’être épuisé, en effet !

Les demeures philosophales du département seront-elles un jour recensées dans un guide ? Et pourquoi pas en deux versions, l’une destinée aux touristes et l’autre s’adressant à un public ciblé ?
Le château de Crazannes est le premier édifice Renaissance de la région à présenter une façade ornée à usage privatif. Deux lectures y sont offertes, l’une esthétique, l’autre relevant d’une « métaphysique opérative ».

Au château de Dampierre, la fameuse galerie à caissons, restaurée après le tragique incendie de 2002, est un lieu incontournable. Ajoutons à cette liste l’église de Lonzac et le château d‘Usson, situé à Pons, dont la structure primitive se trouvait sur la commune d'Echebrune (il a été reconstruit pierre par pierre au XIXe siècle). Sans doute y manque-t-il des détails architecturaux, à moins que l’ingénieur William Augereau, en alchimiste averti, ait préservé les équilibres de sa nouvelle résidence !

Longtemps confondue avec la magie et l’occultisme, l’alchimie est entourée d’un halo secret. Au XIXe siècle, Marcelin Berthelot voyait en elle « la recherche, d’inspiration spirituelle, d’un élixir universel capable d’opérer la transmutation de l’être et des métaux vils en or ».
« Il s’agit d’une science traditionnelle » estiment les spécialistes, « on doit la définir en fonction de ses rapports avec les structures et les valeurs des sociétés, des civilisations orientales et occidentales, antiques et médiévales où elle est née et s’est développée. Il faut se garder de la réduire à nos systèmes. C’est une mystique expérimentale. Elle observe principalement les relations entre la vie des métaux et l’âme universelle. Son désir est de délivrer l’esprit de la matière et la matière de l’esprit ».

Les trois voies de pénétration de l’alchimie arabe en Europe ont été l’Espagne (les Maures nous ont légué l’alambic), la Provence et la Sicile. Chassés d’Espagne, les savants juifs, installés dans le Sud de la France, ont contribué à sa propagation. Toutefois, nous n’avons pas à rougir : la plus vieille formule alchimique que nous possédons revient au moine Théophile. Dans son traité datant de la fin du XIe siècle, intitulé « Schedula diversarum artium », il mentionne le traitement des métaux pour fabriquer « de l’or arabe et de l’or espagnol ». En fait, il s’agirait d’alliages.

S’il vous prenait l’envie de faire des expériences, il existe, dans la librairie du château de Dampierre, un catalogue édité par une association du centre de la France. Y sont recensés tous les objets dont l’alchimiste a besoin dans son laboratoire. Le feuilleter, c’est entrer dans un autre univers. De nos jours, il est vrai que le four à micro-ondes est plus répandu que la cornue ! Quant à l’athanor, appelé four philosophique car il devait permettre de réaliser la pierre philosophale (lapis philosophorum), il fait figure d’étrange objet. En forme de tour, il avait en son intérieur un récipient ovale (l’œuf) qui contenait la substance devant se transformer en pierre philosophale.

Qu’importe si tout cela dépasse l’entendement, ne dit-on pas que pour comprendre l’alchimie, il faut oublier le moment présent ?…


Autrefois propriété de M. et Mme de Rochefort, le château de Crazannes appartient à Jean-Pierre et Marie-Claude Giambiasi. En 2010, ils l’ont acheté à la barre du Tribunal de Saintes pour la somme de 1,33 M€. Le château, qui abrite des chambres d’hôtes, sera ouvert du 1er avril au 1er novembre. Le couple souhaite poursuivre les restaurations et aménager des jardins à la française.

• Crazannes a inspiré le conte du Chat Botté :
La sœur de Louis Acarie de la Rousselière, avait épousé Jules Gouffier, comte de Caravaz, marquis de Saint-Cyr (XVIIeme). C’est ce personnage que Charles Perrault transforma en marquis de Carabas dans “Le Chat Botté“. La famille ayant possédé Crazannes, le château est entré dans la légende !
Des personnages célèbres sont passés par le château de Crazannes, dont le Prince Noir en 1362, (son nom est associé au château de Lormont près de Bordeaux), et le roi François 1er en 1519. Pierre Louis de La Rochefoucauld, évêque de la ville de Saintes, qui fut massacré à Paris en 1792, y séjourna.


• La rosée des philosophes. Cette gravure extraite du Mutus Liber (conservé aux Archives de La Rochelle) montre l’alchimiste et son épouse étendant et tordant des draps pour recueillir la “rosée céleste“ qui doit devenir la “rosée cuite“ dans la suite des opérations. Le mot “rosée“ a le sens grec de “rosis“ qui veut dire force, énergie.

DE L’OR ALCHIMIQUE

• Le point de vue d’Antoine Pellerin

La curiosité est de toutes les époques. Dès l’antiquité, les hommes veulent comprendre le monde qui les entoure. La création les fascine. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, où vont-ils ? Le mystère reste entier et, aujourd’hui encore, des personnes continuent à chercher, à explorer pour essayer de trouver la clé des songes. La fusion des métaux, l’expérimentation des alliages leur ouvrent des nouvelles perspectives. La société progresse.

Contrairement à la chimie, née XVIIIe siècle, qui codifie les formules, l’écriture alchimique n’existe pas. La passation des connaissances est classique, elle s’effectue du maître à l’apprenti. Seuls les esprits suffisamment motivés, délivrés des œillères, accèdent à la connaissance.
Des ouvrages comme le “Mutus Liber“, édité en 1677 à La Rochelle par un dénommé Altus, est révélateur : il ne comporte que des gravures. En s’exposant, les alchimistes couraient un danger réel puisque l’Église leur était hostile. En conséquence, ils utilisaient un langage codé, allégorique. Les textes anciens parlent « de principes universels qui s’adressent au monde vivant ». La pierre philosophale est mentionnée plus tardivement.

Les livres sont cryptés et difficiles à comprendre. Il faut d’ailleurs lire les récits des alchimistes avec prudence car leurs textes, y compris ceux les concernant, sont dignes des agents secrets. Quand Nicolas Flamel va à Saint-Jacques de Compostelle chercher l’étoile, il ne part pas en pèlerinage ! Il s’y rend par la terre, c’est-à-dire par voie sèche et rentre par la mer, la voie humide. En alchimie, « la voie sèche et son terme », décrits dans le traité de Basile Valentin en 1599, correspondent à la douzième et dernière clé de l’Œuvre. Son symbolisme se rapporte à une suite d’opérations dont l’ensemble est nommé “voie sèche“ par opposition à “la voie humide“ qui exigerait des ballons en verre plutôt que des creusets pour la préparation de la pierre philosophale…

Il est évident que tous les alchimistes n’ont pas poursuivi les mêmes recherches. Au XVIe siècle, on les dit matérialistes, axés sur la transmutation des métaux. En France, des monnaies auraient été frappées avec de l’or alchimique, pur à 100 %, donc sans impuretés.
Au XVIIIe, c’est la franc-maçonnerie qui donne à l’alchimie sa connotation intellectuelle et philosophique, en la présentant comme une “aspiration à la connaissance“.
Au XXe siècle, “l’alchimiste“ de Paulo Cuelho devient un best-seller ! L’alchimie garde sa part de mystère et elle fascine toujours et encore. Quant à l’artiste de Crazannes, il nous laisse une belle énigme sculptée dans la pierre, « signature anonyme et magnifique qui s’accorde au précepte du prophète Zoroastre : savoir, pouvoir, oser, se taire »

L'écriture de pierre...

• Bernard Palissy, grand passeur alchimiste

Au XVIe siècle, seule l’élite accède au savoir. Le peuple, qui ne sait ni lire, ni écrire, est “éduqué“ par notre Sainte Mère l’Église. Elle lui inculque la voie. Pour éviter qu’il ne reprenne des pratiques païennes, lui donner une ligne de conduite est l’objectif à suivre. N’oublions pas que la fête de Noël a remplacé les “festivités“ qui entouraient le solstice d’hiver, trop débordantes aux yeux des ecclésiastiques.

L’Église a institué des codes qui permettent aux hommes et aux femmes de vivre dans une société structurée. Dire que le cadre est rêvé est affaire d’appréciation puisque les commandements enseignés ne sont pas forcément suivis, à commencer par ceux qui les enseignent ! Tandis qu’une partie de la population vit dans l’ignorance, les esprits libres s’évadent et formulent la critique. Ils veulent comprendre le monde, au-delà des apparences, sans s’arrêter au “divinement correct“.

Certains n’hésitent pas à braver l’Église en soutenant des thèses “révolutionnaires“. Essayer de démontrer que la Terre est ronde, et non pas plate, en est l’illustration. En 1633, l’astronome Galilée est obligé de se rétracter devant le tribunal de l’Inquisition et les théories de Copernic, astronome polonais, subissent de violentes attaques.
Exposés à des représailles qui peuvent leur coûter la vie, les alchimistes sont d’une extrême discrétion. Ils parlent par symboles, dans un langage dit hermétique. « Ils communiquaient par la sculpture, de la même manière qu’un portail roman conte l’histoire évangélique. Chez nous, les deux grands passeurs alchimistes sont François Rabelais, et Bernard Palissy qui était protestant » souligne Nicolas Faucherre.

Les historiens admettent qu’humanisme et Réforme ont une origine commune. En 1530, la première traduction de la Bible en français, afin de la rendre plus accessible, est condamnée par les autorités de la Sorbonne. D’abord favorable à la liberté de croyance, le roi François 1er durcit son attitude et fait brûler des Luthériens. Suivront les sanglantes guerres de religion.

Pendant ce temps-là, ceux qui n’entrent pas dans le moule - et les alchimistes en font partie - préfèrent garder le silence. Ils ne disparaissent pas pour autant, ils se protègent des intransigeances religieuses.
Si l’on en croit Antoine Pellerin, le témoignage de Crazannes est révélateur de leur présence “invisible“. De nos jours, ils poursuivent leurs travaux et des écrits comme ceux du grand Henry Corbin (auteur de “l’alchimie comme art hiératique“), qui fut titulaire de la chaire d’Islamisme à la section des Sciences Religieuses de l’École Pratique des Hautes Études, sont très édifiants.

Nicole Bertin

Poitiers : Vœux
à la Préfecture de Région


Des actions axées sur l’emploi des jeunes

Décidément, l’emploi des jeunes et des seniors préoccupe aussi bien la Région que la Préfecture de Région…

En cette période, les administrations présentent leurs vœux à la presse. Bernard Tomasini n’a pas échappé à ce rituel. L’autre mercredi, il avait invité les journalistes du Poitou-Charentes dans les salons dorés de la Préfecture de Région.


Dans son discours, il dressa les grandes lignes des actions 2011 parmi lesquelles figurent l’emploi, le développement durable et la sécurité des citoyens. Même si le chômage des jeunes a baissé, les efforts vont se poursuivre en ce qui concerne la réinsertion. Par contre, celui des seniors a augmenté. « L’emploi se crée par l’économie et les entreprises » a souligné le préfet, c’est pourquoi il a parlé « d’un état facilitateur » dans ce domaine pour inciter les porteurs de projets à s’installer.
Du côté de l’environnement, le Plan Santé Environnement et le Schéma de Cohérence Écologique vont se mettre en place avec la Région.

« Nous avons du pain sur la planche » a rappelé Bernard Tomasini. Les sujets d’actualité ne manquent pas avec la politique de la ville, la lutte contre la délinquance, l’agriculture, la dépendance des personnes âgées, les sports, la culture : « j’ai la volonté de servir les départements et la région avec le même engagement, sous l’égide de l’intérêt général » dit-il.

Il répondit ensuite aux questions. Furent évoqués la LGV (7,3 milliards d’euros, des centaines d’emplois), l’aménagement du port de La Rochelle (50 millions d’euros), le futur Center Parc dans la Vienne (400 emplois directs, ouverture septembre 2012), le Plan de Modernisation des Infrastructures et le terminal SCNF de Niort.


Bref, 2011 ne sera pas de tout repos pour Bernard Tomasini qui devrait prendre sa retraite dans deux ans. Pas avec Ségolène Royal, c’est une évidence…

• Toujours l’ère glaciaire entre Bernard Tomasini et Ségolène Royal

Si les services de la Région et de la Préfecture de Région travaillent ensemble, il n’en est pas de même pour leurs responsables. Selon Bernard Tomasini qui le déplore publiquement, Ségolène Royal n’a jamais répondu à ses invitations et l’ambiance, loin d’être au réchauffement climatique, serait carrément froide. « Ce doit être le prénom qui veut ça » remarque Bernard Tomasini qui n’a jamais connu pareille attitude dans le passé. En effet, les derniers préfets en poste à Poitiers s’appelaient Bernard et Ségolène les aurait tous boudés… Conséquence, « on perdrait du temps dans l’étude des dossiers », sans parler de « l’ostracisme politique », mais c’est une autre affaire. « Si nos relations étaient différentes, le Poitou-Charentes serait beaucoup plus avance qu’il ne l’est actuellement » estime Bernard Tomasini.

• Transparence : La Région s’ouvre par la mise en place d’un service de presse efficace, « relais des informations concernant les services de l’État » et la prochaine création d’un site internet.


• Sous le regard de l’Impératrice : Le déjeuner était servi dans la salle à manger XIXe où trône le portrait de la belle Eugénie. Sans compter les lustres magnifiques et les lambris. Une demeure qui honore le patrimoine poitevin.

2 000 visiteurs au salon
du livre de Thénac

Pour sa quatrième édition, le salon du livre de Thénac, organisé par la Médiathèque et soutenu par la municipalité, a connu un beau succès qui couronne les efforts de Françoise Souan et de son équipe.

Françoise Souan et Ingrid Parvaud, propriétaire des chais de Thénac

Françoise Souan ne change pas. Déterminée, soucieuse de favoriser la transmission de la connaissance en milieu rural, elle est à l’origine du salon du livre de Thénac. Le cadre choisi pour cet événement, les fameux chais, situés non loin de la propriété où vécut le baron Echassériaux, offre un espace généreux où chaque écrivain trouve sa place.

Pour la quatrième édition, l’agencement a été modifié pour une meilleure circulation des visiteurs. Ils ont été nombreux, samedi et dimanche, quelque 2 000 au total, venus à la rencontre des écrivains, artistes et conférenciers. Certains auteurs avaient dû décliner l’invitation, victimes de la fameuse grippe hivernale, dont Sorour Kasmai, une iranienne passionnée par la grande civilisation persane ou Laurent Vezin qui a effectué, avec Lucylle Mucy, 5 000 kilomètres en vélo de l’Ouzbékistan aux confins de la Chine. Nous aurons peut-être la chance de les voir l’an prochain.

Bonne lecture !

Pause déjeuner à l'atelier gourmand de Jean-Yves Homo, le patron du restaurant l’Atelier gourmand, chargé de la restauration.

Le public s’est allégrement rattrapé avec Jocelyne Ollivier Henry, la reine des Inuits, Ludovic Hubler qui a parcouru le monde en stop, Jamel Balhi, ambassadeur de la paix pour l’Unesco, Philippe Sauve, incollable sur les Sioux, Elsie Herberstein, amoureuse de la Namibie ou encore le succulent Michel Cardoze, un conteur sachant conter sans compter. Magnifique avec sa moustache blanche et son œil pétillant, il a conduit les enfants et leurs parents dans des univers parallèles où tous les rêves sont permis.

Judith Rapet vient de publier une histoire des moulins du canton de Montendre


Philippe Bichon, quant à lui, a fait bien des envieux du bout de son pinceau (c’est un aquarelliste né) tandis que Chantal Desbordes, femme amiral, a démontré que les vents qui soufflaient sur la Marine étaient des alizés ! S’y ajoutent des auteurs régionaux, jeune public et de bandes dessinées.

Bon voyage en Guadeloupe (photos présentées cette année par Nicole Bertin)


« Nous conserverons le thème du voyage »

Après des mois de préparation, Françoise Souan est satisfaite. Le salon a connu une bonne fréquentation et “il draine large“. Grâce aux bulletins remis dans les urnes, les organisateurs ont constaté que les visiteurs venaient, certes, de Charente-Maritime, mais aussi de Charente, Deux Sèvres, Vienne, Gironde, Dordogne et du Gers. Le site internet, créé cette année, a permis d‘ouvrir la manifestation à de nouveaux horizons.

Les élèves de BTS tourisme du lycée de Bellevue étaient chargés de l’accueil. Ce travail s’insérant dans leur formation professionnelle, ils se sont impliqués avec dynamisme et bonne humeur. Certains d’entre eux n’avaient jamais participé à un salon du livre : ce fut donc une expérience. « Ils ont apprécié » déclare Françoise Souan qui souligne au passage le succès rencontré par les animations jeunesse.

Désormais, elle regarde vers la prochaine édition qui conservera son identité, c’est-à-dire le voyage et l’évasion. La date pourrait être modifiée (la concurrence des soldes, samedi, était perceptible), mais il est encore trop tôt pour en parler.

Gérard Dufaud : après l'exposition Géo Maresté, il prépare une surprise...

M. Bouchet et son épouse, qui furent autrefois jonzacais...

Félicitations à Françoise Souan et à ses amis, le salon de Thénac était à la hauteur des espérances !

Jamel Balhi, ambassadeur de la paix pour l’Unesco

Un nombreux public aux conférences

Des voyageurs !

Un grand merci à tous ceux qui apportent leur aide à la réalisation du salon, la médiathèque, la mairie de Thénac et son maire Danielle Giraud, les conseils général et régional, la Saintonge Romane, sans oublier ceux qui s’impliquent (ils se reconnaîtront) ou qui participent à l’installation des stands. Dans ce domaine, citons Chantal Jouet, Benoît Hapiot et Patrick le Tuault. Jamel Balhi et Gérard Dufaud, spécialiste de Géo Maresté.

Benoit Hapiot en pleine conversation

•Tu entends la mer ?

Petit jeu proposé aux enfants par Nicole Bertin : Entendre la mer dans ce lambi venant de Guadeloupe. C’était plutôt rigolo et même les grands se sont laissé prendre au jeu ! Appelé strombe géant, ce gros coquillage est l’une des spécialités de la cuisine créole. Sa coque sert d’instrument de musique.






Yannick Veillon, sculpteur (photo N. Bertin)

Chantal Desbordes :
la première femme amiral
de France


Elle voulait faire du cinéma, elle est devenue première femme amiral !

Parmi ses invités, le salon du livre de Thénac accueillait une femme remarquable, l’amiral Chantal Desbordes. Histoire d’un parcours qui sort des sentiers battus puisque cette "pionnière" a participé à la féminisation des effectifs de la Marine.

Chantal Desbordes a passé sa jeunesse en Touraine
« près de la Loire, ce fleuve paresseux »


Elle a le regard franc et un sourire rassurant qui incite à la rencontre. Face aux étoiles qui brillent sur l’uniforme impeccable de Chantal Desbordes, le visiteur pourrait être intimidé. Il n’en est rien !

Son premier livre, paru chez Fayard, est une autobiographie où elle détaille les différentes étapes de sa vie professionnelle. « Je suis devenue la première femme amiral parce que je voulais faire du cinéma » dit-elle en riant. La réflexion intrigue !

Retour en arrière. Enfant, le septième art l’attire déjà : « Mon objectif était de devenir réalisatrice en commençant par le montage ». Suite logique de cette vocation précoce, elle se présente au concours de l’ESEC où son rêve s’effiloche. Elle n’est pas admise, comme ce fut le cas du scénariste Jean-Jacques Beinex qu’elle rencontrera plus tard.

Loin de broyer du noir, elle poursuit des études de lettres quand elle entend parler d’un recrutement d’officiers féminins dans la Marine nationale. Elle est sélectionnée et s’engage pour trois ans. Dans les années 70, les officiers féminins ne sont encore des militaires de carrière, elles n’obtiendront l’autorisation de naviguer qu’en 1993.

À son arrivée à Brest, elle constate que la présence féminine est bien modeste : « nous sommes alors 196 femmes, dont 10 officiers, pour 75 000 hommes, dont 6 000 officiers. C’est-à-dire un groupe microscopique ! ». On comprend mieux pourquoi, consciente de cette réalité, elle a toujours œuvré pour une meilleure intégration des femmes au sein des effectifs.
Après avoir travaillé au Service des relations publiques de la Marine (où son vœu de réaliser des films est enfin exaucé), elle intègre l’École Supérieure de Guerre Navale. Un choc pour ses camarades de promotion, tous des hommes, qui l’ignorent pendant quelques semaines et pensent à une erreur de casting. Car la séduisante Chantal Desbordes n’a rien d’un garçon manqué ! Fort heureusement, l’ambiance se détend : « par la suite, certains sont devenus des amis ».

Conséquence d’une Marine très “masculine“, les femmes ne sont pas envoyées sur le terrain. Depuis, la situation a évolué et quand Chantal Desbordes a embarqué sur le Charles de Gaulle en direction de l’Afghanistan, on comptait 160 femmes. « Les conditions de vie à bord peuvent expliquer que les femmes aient été longtemps tenues à l’écart. Ce sont des métiers qui usent prématurément parce que vous travaillez sur une plate-forme mouvante, c’est-à-dire qu’une partie de votre énergie est brûlée par la compensation permanente des mouvements de plate-forme, et le reste par votre activité professionnelle. Il y a aussi l’éloignement et la durée des missions. Il y a enfin la nécessité de maintenir la cohésion de l’équipage dans la durée » explique-t-elle.

« Je faisais figure de pionnière »

Elle rejoint la Direction du personnel où elle occupe un poste intéressant avant d’être nommée commandant d’école, chargée de former les jeunes recrues après la suppression du service militaire. En femme impliquée, soucieuse de l’avenir des femmes au sein du corps d‘armée qu’elle a choisi, elle accomplit rigoureusement le travail qui lui est confié. Tout en apportant sa part d‘innovation : « la condition et le rôle des femmes, parmi lesquelles je faisais figure de pionnière, évoluaient. J’ai été de toutes ces réformes et j’en ai dérangé plus d’un. Mais j’étais dévouée à l’institution et j’ai fini par imposer le respect ». Autour d’elle, un certain nombre d’hommes « éclairés et progressistes » changent d’attitude et lui apportent leur soutien. Sa formation littéraire n’est sans doute pas étrangère à ses facultés d’adaptation et de persuasion. Ses arguments, elle les exprime avec une évidente conviction et un charme indéniable empreint de générosité.

Chantal Desbordes est devenue amiral en janvier 2002. Elle a reçu avec émotion  les étoiles qui ont remplacé les galons de son uniforme: « J’ai ressenti comme un honneur d’être la première à incarner l’amiralat. Une grande fierté aussi. Une fois entrée dans la Marine, j’ai eu le sentiment que mon sort était étroitement mêlé au destin du groupe de femmes auquel j’appartenais. Cette circonstance particulière a donné à mon parcours une assise peu ordinaire. En même temps, elle a pesé d’un poids, lui aussi, extraordinaire. La Marine m’a demandé d’être exemplaire. Elle aura été pour moi une école d’exigence jusqu’au terme de mon cursus » avoue-t-elle.

Aujourd’hui, Chantal Desbordes a quitté la Marine, mais elle peut y revenir à tout moment si une mission l’appelle. En l’attente de se transformer en James Bond girl, elle prépare sagement un second livre, un roman psychologique sur un monde dont elle ignore tout. « C’est une fiction et pour moi l’occasion de vivre d’autres vies ». Comme au cinéma. Bons vents, Amiral !

Philippe Bichon :
Un globe-trotteur
sachant croquer !


Il a un nom bien français et pourtant, ce pyrénéen qui collabore à un cabinet d’architecture palois, a quelque chose, dans le visage et l’attitude, qui rappelle l’Orient. Pas étonnant qu’il ait choisi cette partie du monde pour s’y transformer en "globecroqueur"…


Philippe Bichon a deux amours, le voyage et la musique. Son bonheur est de concilier les deux. Dès qu’arrivent les vacances, il quitte la ville de Pau, où il travaille, pour des horizons lointains qui viendront murmurer à son oreille des notes fantastiques. Assuré du vieil adage « l’ennui naquit de l’uniformité », il s’envole vers d’autres cieux, mais pas n’importe lesquels. L’Orient et ses secrets le fascinent. Comme Aladin, il aimerait bien s‘y rendre sur un tapis volant…
Pour l’instant, il utilise des moyens de transport plus classiques avec un objectif : s’affranchir des idées généralement reçues en racontant, sur des carnets de voyage, ce qu’il vit au présent. Il a ainsi roulé sa bosse au Tibet, en Syrie, en Égypte, au Yémen, en Inde. Liste non exhaustive. Au salon du livre de Thénac où il dédicaçait ses ouvrages réalisés sur papier recyclé, il a longuement parlé de ses cinq semaines passées en Iran.


Un livre relate ses pérégrinations. Chaque soir, il a noté ses aventures de la journée en les ornant d’aquarelles d’une grande finesse. Avec une difficulté toutefois, celle de transcrire les couleurs persanes, lumineuses et subtiles.
Attiré par ce pays que lui avaient décrit des voyageurs, il y a privilégié le côté humain et culturel. On y découvre un patrimoine exceptionnel, la nécropole des rois perses, Karanaq, Shiraz, la tour Azadi, des éléments de l’ancienne Persépolis exposés au musée de Téhéran, Ispahan, mais aussi des scènes de la rue. Un beau dépaysement, loin de la révolution et des images violentes vues en 2009, quand le peuple a manifesté sa colère après les élections présidentielles.

L’Iran au bout de son pinceau

Lors de chaque voyage, Philippe Bichon éprouve le besoin de coucher sur le papier les événements dont il a été le témoin : « Il s’agit du récit de mon quotidien. La plupart du texte est écrit avant me coucher ou quand j’ai un moment, en attendant le bus, le train, dans un restaurant. Quand je rentre, j’ai souvent envie de m’écrouler sur mon lit, mais si je n’écris pas, le retard s’accumule. Ce n’est pas un style littéraire, on me dit que c’est justement ce qui fait l’intérêt de mes carnets, le brut de voyage ! » souligne-t-il avec la simplicité qui la caractérise.
L’idée de faire éditer ses “secrets“ lui est venue naturellement. Un calendrier illustré, offert à ses proches à Noël, ouvre la voie en 2003. Suivent des dessins et enfin la publication des souvenirs du "globecroqueur". Le premier est consacré à l’Égypte.


À Thénac, Philippe Bichon a détaillé ses expériences devant un public nombreux et attentif. Un vrai bonheur pour les Saintongeais qui admirent plus souvent le clocher de Saint Eutrope que la Mosquée bleue ! Cet auteur original se trouve d’ailleurs face à un cas de conscience : il ne dispose guère de temps entre sa profession, ses voyages, ses livres et leurs promotions. « Je rentre à Pau et je reprends mon travail demain à 14 h » disait-il dimanche soir quand le salon a fermé ses portes. En effet, le temps lui file entre les doigts. Mais il est passionné et ne veut pas s’arrêter en si bon chemin : « il y a tant de choses à voir sur cette chère planète que je n’ai pas fini de croquer » avoue-t-il ! À pleines dents et sans craquer, bien sûr…

Pour en savoir plus sur les carnets de voyages de Philippe Bichon : www.bleueditions.net

Conseil Général : Les vœux
de Dominique Bussereau


Il y avait foule dans l’hémicycle du Conseil Général vendredi dernier pour la cérémonie des vœux.

Dominique Bussereau, Henri Masse et leurs épouses

On a rarement vu une telle affluence dans l’hémicycle, y compris lors de l’élection des présidents. L’échéance d’avril prochain, Dominique Bussereau y pense forcément puisque les Cantonales se dérouleront fin mars.


En l’attente de cette période importante pour l’actuelle majorité départementale, le président du Conseil Général évoqua des sujets généraux, dont la confirmation de Rochefort en tant qu’aéroport départemental. En 2011, le désenclavement du port de La Rochelle sera engagé, de même que les liaisons ferroviaires seront améliorées. Sans oublier l’énorme chantier du TGV Tours Bordeaux qui serait l’un des plus grands au monde, sans la rivalité du Pékin/Shanghai que les Chinois construiront en deux ans sur 13 000 km. De quoi laisser rêveur ! Avec la réalisation de la LGV, Angoulême ne sera plus qu’à une demi-heure de Bordeaux. « Elle aura un impact sur l’économie de la Charente-Maritime ainsi que sur le tourisme » souligna Dominique Bussereau.


Après avoir abordé les thèmes de l’emploi et de l’aide sociale, il conclut son allocution en souhaitant bonne année à tous les habitants et bien sûr aux candidats qui se présentent ou se représentent au Conseil Général (pour information, sur la Saintonge, les cantons de Saintes ouest, Pons, Saint-Genis, Archiac, Montendre et Montlieu sont renouvelables).

Xynthia, de triste mémoire

Le préfet Henri Masse rappela, quant à lui, que l’État s’était mobilisé pour répondre aux attentes des citoyens. Il a d’ailleurs montré l’exemple en regroupant ses services. Ils sont passés de 26 sites à 15, d’où une nette diminution des loyers.

2010, c’est la tempête Xynthia et son cortège de tristesse. Les élus concernés ont fait face avec courage, mais cette épreuve restera dans toutes les mémoires. « 100 millions d’euros ont été versés et ce n‘est qu’un début ». Le renforcement des digues se poursuit pour éviter au littoral d’être une nouvelle fois victime de submersions marines.

Il fut aussi question de l’emploi avec le chômage des seniors et des jeunes qui constitue une réelle préoccupation. Priorité sera donnée à la formation en alternance. L’implication du monde économique et des CCI est déterminante.


La lutte contre la délinquance et les trafics reste prioritaire. « Pour ce qui est des cambriolages, le voisinage a un rôle à jouer en prévenant la police ou la gendarmerie en cas de présence suspecte » déclara le préfet. Récemment, des consignes, sur la façon dont on peut éviter de se faire voler sa voiture, ont été données aux automobilistes. Certains ont cru que les flyers étaient de contraventions ! Mieux vaut prévenir que guérir.


Il est évident que le prochain grand dossier à traiter concernera la drogue : elle circule partout et maintenant dans les plus petites villes où les dealers ont élu domicile car ils y passent inaperçus. La drogue, ce sont des enfants ignorants qui se laissent prendre au piège, des vies brisées, et pour le consommateur, et pour la famille qui l’entoure. Un grave problème de société qui ne doit pas être occulté…

Cette rencontre se termina par le traditionnel verre de l’amitié.

Le canton de Pons bien représenté

Le maire de Chaunac bien entouré !

mercredi 26 janvier 2011

Tunisie, Egypte : Vent de liberté
ou vent liberticide ?


Anne-Marie Molinié, sociologue, nous fait part de ses réflexions :

Egypte, terre de mystères, qui fait une seconde révolution du jasmin inspirée en cela par les frères Tunisiens.

Dans les pays musulmans, tels que l’Egypte et la Tunisie, cette révolte gronde depuis longtemps : le manque de travail, le peu de place accordé à la valeur de l’éducation (ex : les salaires des universitaires), le même pouvoir en place depuis près de 30 ans, la pauvreté… Tout fait que ces soulèvements ne pouvaient qu’avoir lieu.

Depuis une quinzaine d’année, on est étonné par la prolifération des voiles islamiques portés par les jeunes filles. Peut-on l’interpréter comme un geste de contestation face aux pouvoirs en place et l’annonce de ce raz-de-marée dont les Islamistes pourraient être les bénéficiaires ?
Quels sont les enjeux ? Le peuple demande « pain, liberté et dignité ». Ses aspirations sont légitimes et nous, Occidentaux, attachés à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, ne pouvons qu’y souscrire. Au-delà des enjeux sociaux, ces pays courent un risque majeur, celui d’une islamisation radicale.

En effet, par le passé, si nous observons les mouvances islamiques et leur façon de procéder en prenant l’exemple du mouvement des Frères Musulmans, nous voyons que depuis 1928, date de sa création, les « sections » sont passées de quelques membres à plus de 2 millions répartis à travers l’Egypte.

Dès leur origine, les Frères pêchent en eaux troubles : le mouvement reçoit de l’argent de la toute puissante "Compagnie du Canal" (sous contrôle des Britanniques). C’est là une constante des organisations islamistes, souvent soutenues, sinon financées, à leurs débuts par de futurs ennemis.

Les Frères publient leur profession de foi (1930). On y lit : « Je crois que tout est sous l’ordre de Dieu, que Mohammad (Mahomet) est le sceau de toute prophétie adressée à tous les hommes, que le Coran est le Livre de Dieu, que l’islam est une Loi complète pour diriger cette vie et l’autre... ».

L’islam est une loi complète pour diriger cette vie. Tout est là, ériger ces mots en règle absolue : la religion musulmane au-dessus de toutes les lois humaines. Cette vision se heurte aux conceptions laïques et à notre réalité occidentale multiconfessionnelle. En effet, nul ne saurait élever des règles religieuses au rang de loi d’un pays sans porter préjudice aux fidèles des autres croyances.

Le credo des Frères poursuit : « Je renforcerai les rites et la langue de l’islam ». La langue arabe, celle du Coran, devient objet de sacralisation. « A ce titre, il convient d’en préserver la pureté et d’en répandre l’usage ». Voire de l’imposer, comme dans le passé, aux Chrétiens du Liban. Comme aujourd’hui aux Maghrébins berbérophones ou contre les minorités chrétiennes coptes…

On peut également lire dans cette profession de foi : « Le musulman a le devoir de faire revivre l’Islam par la renaissance de ses différents peuples, par le retour à sa législation propre (la charia); que la bannière de l’islam doit couvrir le genre humain ; que chaque musulman a pour mission d’éduquer le monde selon les principes de l’Islam ».

En Egypte, sous l’influence des "Frères Musulmans", les lois de l’État interdisent la conversion d’un musulman vers une autre religion. Musulman tu nais, musulman, tu meurs….

Le mouvement s'attire la sympathie d'une partie de la population. Grâce à son programme d'aides sociales, ils construisent des écoles, des cliniques, des mosquées. La plupart des membres ont fait un important travail au niveau de leur apparence vestimentaire et physique. Habillés en costume à l'occidentale, ils sont soit complètement rasés, soit portent une barbe finement taillée. Ils sont pour beaucoup issus des hautes écoles, parlent tous plusieurs langues étrangères et se présentent désormais en démocrates.

Officiellement, le mouvement a abandonné tout projet d'État théocratique. Ils disent prendre comme modèle les mouvements islamistes marocains qui sont connus pour leur pragmatisme (beaucoup de politologues et de journalistes en doutent) et émettent l'idée qu'ils aient mis fin momentanément à leur projet de république théocratique pour ne pas faire peur aux Égyptiens et prendre le pouvoir sans trop de violence.

La nouvelle garde se déclare respectueuse de la souveraineté du peuple, de l’alternance démocratique et des droits des minorités. Néanmoins, les Frères musulmans d'Égypte ont décidé en novembre 2007 que les Coptes et les femmes n’étaient pas assez qualifiés pour être président de la République.

Rapidement, afin de se donner les moyens d’un jihad, les Frères se dotent d’une force militaire. D’abord au sein de leur organisation de scoutisme, où un millier de jeunes gens portaient des armes. Puis les Frères se dotent d’une structure militaire clandestine, l’Organisation secrète.

Hosni Moubarak a joué avec le feu. Laissant les "Frères Musulmans" former un groupe à l’Assemblée Nationale (une vingtaine de députés) sous l’étiquette PST (Parti Socialiste de Travail), sans doute pensait-il les canaliser...

Leur discours est mobilisateur et leur assure un recrutement rapide ainsi qu’une marge de manœuvre importante. Puis "les frères Musulmans" partent à la conquête du monde…

Dépassant les frontières de l’Égypte, leur organisation a engendré des "succursales" sur les cinq continents. Un bureau international coordonne la politique générale. Parmi ces pays, la plupart de ceux où l’on parle arabe, mais aussi des États européens, comme la France.
Ils jouent sur deux registres. En situation de faiblesse, ils se font légalistes et non-violents. Mais si (comme en Palestine ou dans les années 70 en Syrie), ils croient le pouvoir à portée de leur main, alors ils recourent à l’action violente.

Alors ? Vent de liberté ou vent liberticide ? L’avenir nous le dira, mais si le peuple n’en pouvait plus de souffrir, il faut néanmoins rester très prudent sur l’issue de ces "révolutions du jasmin". L’Occident, dont la France, se doit d’être plus que jamais vigilante. Avec les assassinats de Français, le jihad est déjà chez nous….

jeudi 20 janvier 2011

Sylvie Deschamps :
elle a de l’or dans les mains


Un atelier unique en France

L’atelier du Bégonia d’art est situé à Rochefort. N’y cherchez pas des fleurs, mais des fils d’or que les brodeuses utilisent pourleurs compositions : décorations, broderies, collections de haute couture, vêtements militaires et liturgiques. « En France, il s’agit de l’unique atelier spécialisé dans la broderie or » souligne la directrice, Sylvie Deschamps.



Sylvie Deschamps a de l’or dans les mains. Et pour cause, elle réalise des broderies à partir de fils d’or. À Rochefort, cette jeune femme talentueuse veille aux destinées de l’atelier du Bégonia d’or.
Elle fait un métier exceptionnel, de ces disciplines rares qui disparaîtraient sans la volonté de quelques passionnées. Car la broderie au fil d’or n’est pas à la portée de tous. Il ne s’agit d’ailleurs pas d‘un fil classique, mais de brins de cannetille en spirale coupés à la dimension choisie. Enfilés sur une aiguille, comme des perles, ils composent le motif à exécuter. Ce travail de fourmi, « au demi-millimètre près », demande une exactitude et une rigueur particulières.
Dès qu’elle parle de son univers, les yeux de Sylvie Deschamps s’illuminent. Son engagement, elle le vit sans modération. Avec elle, les choses paraissent simples, et pourtant…


Un heureux hasard

Née dans les Deux-Sèvres, elle est la fille d’un artisan et d‘une mère au foyer. Au collège, elle préfère les travaux pratiques, où elle obtient de bonnes notes, aux matières traditionnelles. Après le brevet, elle intègre le lycée Jamain, à Rochefort. Déconvenue, la section lingerie fine qu’elle compte rejoindre vient d’y être supprimée, faute d’élèves. Après un moment d’incertitude, elle se tourne vers la broderie main. C’est le coup de foudre !

Cette section a la particularité de perpétuer des techniques anciennes et des points vieux de plusieurs siècles. La raison ? Aucune machine ne peut remplacer l’habileté de la brodeuse.
Conquise par cette filière, elle en ressort avec un CAP broderie or. « J’avais trouvé ma voie » avoue Sylvie. Elle frappe à la porte des grandes maisons. Une opportunité se présente chez Bouvard et Duviard, passementiers à Lyon. Elle y effectue « six ans de formation supplémentaire », dans le sillage de Lucie Teston. Cette femme remarquable lui enseigne les subtilités de la profession. « Elle était sourde et muette. Tout se passait par le geste. C’était très difficile, je me suis accrochée. Elle m’a transmis ses secrets. Ce fut une belle aventure ».
Sylvie s’aperçoit qu’elle préfère l’aiguille au crochet Lunéville : « l’aiguille, c’est la reine » dit-elle.

Sylvie Deschamps

Lucie Teston partant à la retraite, elle succède à celle qui l’a “initiée“. Quatre ans plus tard, quand l’entreprise est rachetée par un groupe du Centre de la France, elle décline la proposition qui lui est faite. Par chance, elle retrouve son ancien professeur de broderie, Mme Château, qui lui propose d’enseigner à Rochefort. Un bac pro ayant été créé au lycée, un lieu de stage est nécessaire pour que les élèves puissent peaufiner leurs connaissances.

En 1995, à l’initiative du proviseur, Marie-Hélène César, l’atelier du Bégonia d’or voit le jour au 67 de l’avenue Charles de Gaulle. Jean-Louis Frot, alors maire, soutient le projet. À Rochefort, en effet, la tradition du fil d’or est une vieille histoire qui remonte à Colbert ! « L’atelier est un lieu de transmission du savoir, unique en France. Il appartient au patrimoine ».

L'atelier du Bégonia d'or. Une ambiance à partager

Sylvie Deschamps ne regrette pas son choix. De nombreuses personnes viennent découvrir son activité. L’usage du fil d’or est multiple : tenues militaires, liturgiques, académiques, meubles d’intérieur (canapés pour Philippe Cramer, Philippe Starck), linge de maison, drapeaux, fanions, sans oublier les collections de haute couture, les accessoires à personnaliser par des prénoms… et les tricornes des représentantes de l’État.

Maître d'art, un diplôme qui en dit long sur le talent de Sylvie Deschamps

Parmi les objets personnels, avouez qu’une paire de Charentaises marquées à vos initiales fait classe. L’acteur Philippe Noiret les adorait, dit-on ! Détail intéressant, une fois que les pantoufles sont usées, il est possible de récupérer le monogramme et de le réutiliser. La palette est vaste et si vous avez un vêtement à embellir (épaulettes, écussons), vos idées sont les bienvenues : « nous travaillons au cas par cas. L’équipe est très motivée » souligne Sylvie Deschamps.

Distinguée par Frédéric Mitterrand


Le 24 novembre dernier, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a remis à Sylvie Deschamps le titre de maître d’art. « J’étais la seule femme de la promotion » se souvient-elle. Ce jour-là, elle était émue ! Les sélections de chaque lauréat étaient exposées dans les vitrines du Palais Royal. Le Ministre a regardé chacune d’elles et s’est attardé sur les broderies de l’ambassadrice charentaise : « il m’a posé des questions et laissé entendre qu’on se reverrait ». Si Frédéric Mitterrand passe par Rochefort, nul doute qu’il devrait faire étape à l’atelier !

À 39 ans, Sylvie Deschamps honore sa profession et sa région. La France compte une centaine de maîtres d’art. Elle figure parmi les plus jeunes : « il faut bien vingt ans de carrière pour maîtriser les techniques » dit-elle. Cette reconnaissance nationale devrait lui permettre d’accéder aux commandes d’État.

Moment inoubliable à Paris, au Ministère de la Culture

Sylvie Deschamps et Frédéric Mitterrand

« Nos broderies, exclusivement réalisées à la main par des professionnelles hautement qualifiées, sont exécutées avec le plus grand soin, dans le souci permanent de garantir une qualité irréprochable » conclut Sylvie qu’on a vu à la télévision en décembre dernier, invitée de l’émission News Show sur Canal Plus. Une joie de plus pour cette jeune femme ô combien attachante.

Nicole Bertin


Le Bégonia d’or et l’art contemporain, c’est avant tout une rencontre : celle de sa créatrice, Sylvie Deschamps, avec Yves Sabourin, inspecteur à la création artistique, ministère de la culture. Séduit par le talent de l’équipe du Bégonia d’or, il recommande l’atelier à des artistes qui souhaitent intégrer l’art de la broderie à leurs créations.


Ces collaborations entre passionnés ont donné naissance à sept œuvres uniques.
De grandes maisons comme Givenchy, Chanel, Dior ou encore le chausseur John Lobb font appel aux brodeuses d’or de l’atelier. Récemment, elles ont réalisé un canapé pour Philippe Starck (Cristal Room de Moscou) ainsi que des broderies sur une tenture commandée par le designer Philippe Cramer (Musée d’art et d’histoire de Genève).


• L’avenir des métiers “précieux“ : Ils sont menacés par la concurrence étrangère qui propose des prix plus avantageux, dirons-nous. Depuis quelques années, Sylvie Deschamps se bat pour faire vivre l’atelier rochefortais qui est associatif. Même si la passion « fait soulever des montagnes », seule la notoriété est gage de commandes et de réussite. Son titre de maître d‘art devrait contribuer à une plus large reconnaissance.


A l’atelier, Sylvie Deschamps travaille avec Shedany et Marlène. Sylvie s’occupe du secrétariat. Des stagiaires viennent régulièrement améliorer leurs connaissances.
Contacter le 05 46 87 59 36 - www.broderieor.com

• Le fil d’or est fabriqué à Lyon par Daniel Gontard, maître d’art aux Ets Carlhian. Les fils d’or ou brins de cannetille sont l’objet d’un secret de fabrication. L’or est de 12 ou 24 carats. Cet atelier réalise aussi du jaseron, chaîne en or ou en argent aux mailles très fines.

Coupés, les fils d’or composent des motifs. Ici, une vierge exposée au Palais Royal

Chasuble et ses broderies

Une endroit à découvrir à Rochefort. N'hésitez pas à pousser la porte du Bégonia d'or...