dimanche 9 janvier 2011

Future Communauté d'Agglomération de Saintes :
La grossesse des éléphants ?


• Christophe Dourthe tire à boulets rouges sur Chaniers

Faire une CDA, c’est-à-dire porter un nouvel enfant territorial sur les fonts baptismaux est un exercice difficile pour la Communauté de Communes du Pays Santon. La “grossesse“ pourrait durer plus de neuf mois, voire près de deux ans, comme pour les éléphants…

Le socialiste Jean Rouger - pas plus que son prédécesseur, Bernadette Schmitt - ne parvient à transformer la CDC du Pays Santon en CDA. L’affaire traîne et pourtant, sa concrétisation apporterait une manne financière plus importante. Les conditions sont simples : la future CDA doit comporter un minimum de 50 000 habitants ; comprendre une commune d’au moins 15 000 habitants (sauf si la communauté d’agglomération comprend le chef-lieu du département ou la commune la plus importante du département) ; être géographiquement d’un seul tenant et sans enclave. En conséquence, il s’agit d’étendre le territoire.

Plusieurs CDC, dont Seudre Arnoult et Burie, ont décliné la proposition faite par Saintes, mais la salve d’artillerie a été tirée mercredi dernier sur Chaniers. Les raisons en sont purement politiques.
En effet, à la veille des élections cantonales, le maire de cette commune, l’ancien député et conseiller général honoraire radical Xavier de Roux, est l’un des rares élus de droite qui subsistent à Saintes, avec les conseillers municipaux d’opposition qui n’entendent pas s’en laisser conter, selon leur dernière newsletter. « La politique pourrit tout » admettait l’autre soir un édile lors de la cérémonie des vœux, organisée par la CDC dans la salle municipale de Préguillac. Les éléphants du PS y étaient réunis…

Le discours de Jean Rouger, président de la CDC et maire de Saintes

Jean Rouger remercie les communes "volontaires"

Derrière le ton des discours, qui se voulaient optimistes, l’ambiance est restée tendue. Jean Rouger remercia les communes “volontaires“ pour entrer en CDA, la Clisse, Pisany, Ecoyeux, Montils, sans oublier M. Escloupier, président de la CDC de Saint-Hilaire de Villefranche. « Saintes est la capitale de la Saintonge et la deuxième ville du département » dit-il. Pas étonnant que la CDA soit la prochaine étape à franchir, dans les pas de La Rochelle, Rochefort et Royan. « À nous de jouer et dès cette année, dans les domaines de l’économie, l’emploi, les transports, l’enfance, l’éducation, l’habitat, l’urbanisme, l’environnement, le développement durable ». Jean Rouger estime qu’il faut savoir « se projeter dans l’avenir et mutualiser les moyens ».

Les paroles de Christophe Dourthe furent plus incisives. Le “patron“ de Saintes Nord eut beau commencer son allocution par « une ballade des gens heureux des 19 communes de la CDC du Pays Santon », le refrain ne vint pas tout seul. Pourquoi ? On ne saurait le dire. Toutefois, qu’un homme se déclare publiquement “heureux“ dans une France habituellement déprimée ne pouvait que réjouir l’assistance. Il souligna, entre autres, « la situation financière saine de la CDC et de son faible taux d’endettement ».

Il critiqua les “vilains“ qui feraient preuve « de surdité ou d‘un aveuglement étonnant » en ce qui concerne la CDA. Et d’émettre des hypothèses : « soit ils n’ouvrent pas leur courrier et font croire qu’ils ne l’ont pas reçu ; soit ils ne s’imprègnent pas des résultats d’étude que nous leur avons financée ; soit ils établissent une liste de mariage unilatérale sans concertation ; soit ils évoquent la tentation d’une infidélité avant d’avoir consommé la noce » !
Quand le prétendant est aussi douteux, ne vaudrait-il pas mieux le laisser tomber avant que lui-même ne vous jette, comme le conseillait judicieusement Jacques Dutronc ?

Une nouvelle banderille suivit : « Ceux-là veulent continuer à perdre du temps alors que nous devrions déjà être en CDA comme nos voisins depuis 15 ans. Que de temps perdu pour la Saintonge ». De Roux avait les oreilles qui sifflaient et sa première adjointe, Françoise Charrier, qui arborait un collier de roses pour adoucir l’ambiance générale, n’avait pas l’air très satisfaite.
Si l’on en croit Christophe Dourthe, la CDC se tournerait actuellement vers un parti plus aimable, Saint-Hilaire de Villefranche. Tant pis pour Chaniers si elle a raté le coche…

Ambiance tendue lors de la cérémonie des vœux de la CDC à Préguillac


Christophe Dourthe a eu le mérite de dire ce qu’il pensait, sans langue de bois. C’est comme ça entre UMP et PS, on s’accuse de tous les maux quand les élections arrivent. Au moment des guerres de religion, on s’entretuait au nom du Dieu créateur et de la vie éternelle, c’était tout de même plus prestigieux. Aujourd’hui, l’enjeu est le pouvoir terrestre. C’est moins spirituel, mais l’on ne s’assassine plus. Sauf en paroles…

Xavier de Roux : se tourner vers Cognac ?

Au sujet des attaques dont sa commune a fait l’objet, Xavier de Roux se dit choqué car les documents qu’il a demandés à la CDC ne lui auraient jamais été fournis : « il s’agit d’éléments de base pour bâtir ensemble un projet. En effet, pour une commune, transférer à une communauté des compétences qu’elle ne pourra plus exercer est important. Certes, la mode est de vouloir vider les communes de leur substance au profit d’ensembles plus vastes. Encore faut-il le faire dans la clarté, savoir ce que le territoire va faire pour ses habitants car l’administration dite de proximité est destinée aux citoyens et non pas au bonheur des élus » explique-t-il.
Chaniers pourrait-elle se tourner vers Cognac ? « Chaniers est au centre d’une grande agglomération économique qui existe en fait, l’agglomération Saintes Cognac. Les CCI de Cognac et Saintes se sont rapprochées, la grande coopérative agricole a mis son siège à Cognac. Il est aussi simple d’aller de Chaniers à Cognac que de Chaniers à La Champagne Saint Georges. Je serais donc favorable à une grande agglomération Cognac/Saintes, ce que doit également penser Jean Rouger en discutant avec Saint Hilaire de Villefranche. Pour assurer la continuité du territoire, il suffit que la CDC du Pays Buriaud fusionne avec la CDC de Cognac par exemple. Tout cela n’est pas utopique ».

Il ne reste plus qu’à attendre et voir, tout en sachant que le PS veut consolider sa position sur Saintes et chasser tout ce qui peut lui rappeler l’ancien régime…

Jean Rouger, Françoise Charrier, première adjointe de Chaniers et M. Pouyanne, nouveau Trésorier de Saintes

• Les projets 2011 de la CDC

Suite des travaux du centre aquatique. Ouverture en 2012 ; se battre pour que Saintes ait le nouveau centre pénitentiaire ; aménagement urbain sur la zone d’activité communautaire de la champagne Saint Georges ; programme local de l’habitat avec les premiers chantiers de rénovation urbaine ; finalisation du schéma de développement économique ; évolution de la compétence éducation ; travaux du Scot.

Au discours modéré de Jean Rouger, suivit celui, beaucoup plus offensif, de Christophe Dourthe. Françoise Charrier, première adjointe de Chaniers, lui a rappelé que le conseil municipal de Chaniers était contre l'entrée de la commune dans la CDA en l'état. "Pas la peine de tirer sur Xavier de Roux, il n'est pas à l'origine de cette situation. Il suit l'opinion de ses conseillers" a-t-elle dit...

Bernadette Schmitt, alors jeune maire de Saintes, avait jeté les bases d’une communauté d’agglomération avec le secteur de Gémozac. En vain car le périmètre déplaisait au président du Conseil général Claude Belot. L’affaire échoua dans les larmes.

• Vive Deferre et Raffarin ! Au nom du PS et de l’UMP

Grâce à eux, la décentralisation a réintroduit le système féodal qu’un homme comme Charles de Gaulle a toujours combattu en prônant un état centralisateur. En province, les élus ont retrouvé du pouvoir et règnent sur leurs fiefs. Pardon, sur leurs départements, les régions et les intercommunalités. Et tout ce beau monde, avec président, vice-présidents et personnel multiple, perçoit des indemnités financées par l’argent public.
Sarkozy a bien compris que quelque chose clochait dans ce domaine et il a engagé une réforme des collectivités territoriales. Aura-t-il le courage de remettre son projet à l’ouvrage puisque la loi votée doit être révisée dans deux ans en raison de la mauvaise humeur du Sénat ?

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