samedi 5 mai 2012

Pierre Lacasta :
de Paris à Persepolis


Rien n’arrête une 2 CV...
même pas ses freins !


Pierre Lacasta a le sourire. Aux salons du livre, il attire les lecteurs épris de voyages et de dépaysement. Il a matière à raconter ! En effet, en 1971, à peine âgé de 21 ans, il est sur la ligne de départ du grand raid Paris-Persepolis-Paris organisé par Citroën avec un copain, Jean-Paul Martin. À peine revenu d’une virée de 10 000 kilomètres jusqu’au cercle polaire, il ne laisse pas refroidir le moteur de sa célèbre 2 CV !
Le 31 juillet, les deux amateurs de sensations fortes s’élancent pour un périple de 13 788 km à travers la France, l’Italie, la Yougoslavie, le Grèce, la Turquie et l’Iran où se préparent les festivités du 2500e anniversaire de l’Empire perse. Leur deudeuche ne passe pas inaperçue. Joseph, le père Lacasta, mécanicien de son état, l’a peinte en jaune, la couleur de la R 8 Gordini qu’on ne peut guère confondre avec les fraises des bois ! Sur les 5 000 candidats, 1 500 sont sélectionnés. Le tandem Lacasta-Martin termine septième, sans connaître une panne ! Cette place les comble de joie.
De cette épopée, Pierre Lacasta, qui réside aujourd’hui à Saintes, a fait un livre qu’il a édité à compte d’auteur : « Encore une nouvelle grande aventure et pas seulement financière ! Mon livre est entièrement made in France et même made in Poitou-Charentes » plaisante-t-il. La préface a été écrite de Jean-Pierre Beltoise.

Pierre Lacasta avec son ami Jean-Paul Martin

• Bien avant le 4 L Trophy, les raids en 2 CV ont connu leurs heures de gloire. Dans quelles circonstances vous êtes-vous engagé dans le Paris-Persopolis-Paris en 1971 ?

Fin août 1970, je me trouvais dans le sud de Paris quand j’ai vu arriver plusieurs 2 CV bariolées et bardées de protections diverses. J’ai appris qu’elles arrivaient de Kaboul dans le cadre d’un raid organisé par Citroën. Plus tard, j’ai pris contact avec la marque aux chevrons et j’ai pu être informé à temps de la préparation du raid 1971. J’ai posé ma candidature avec mon coéquipier et nous avons été dans les équipages retenus parmi 5 000 candidatures.

• Quels souvenirs marquants gardez-vous de la découverte des pays traversés, dont l’Iran ?

Mes souvenirs ? Des paysages et des sites superbes de la côte Adriatique, Dubrovnik, puis Istanbul, mosquées, palais et rives du Bosphore, ensuite la surprenante Cappadoce avec ses cheminées de fées et églises troglodytes. Enfin, en Iran, merveilles d’Ispahan et Chiraz dans des jardins de fraîcheur au sortir de déserts et Persépolis au bout de la route. Des ruines, mais un site impressionnant. D’autre part, dans ces pays, nous avons été frappés par l’ambiance étonnante d’Istanbul, bruyante et bouillonnante mais ô combien fascinante et sa circulation démente. En Iran, un accueil triomphal dès la frontière, puis la grande réception dans les jardins de Chiraz, sans oublier les applaudissements ou les menus cadeaux de la population dans les moindres villages, le long du parcours.


• On prétend que la moitié des participants ignorait tout de la mécanique, ce qui n’était pas votre cas puisque fils de garagiste. Est-ce vrai ?

Parmi les 1 500 jeunes sélectionnés, il y avait de tout, des fanas de la mécanique aux doux rêveurs qui ne savaient pas trop ce qui se cachait sous le capot, ceux qui emportaient des stocks de pièces détachées, ceux qui n’avaient rien…
Nous possédions quelques rudiments de mécanique et une petite formation accélérée. Juste de quoi changer les cardans et faire un diagnostic, mais nous n’aurions pas osé tomber le moteur et ouvrir la boîte de vitesses sur la piste !

• À l’époque, qu’est-ce qui faisait rêver la jeune génération ?

Trop de réponses possibles ! Pour nous, c’était les voyages qui nous faisaient rêver.

• La 2 CV reste-t-elle pour vous une voiture mythique ?

À l’époque, la 2 CV n’était qu’un moyen de locomotion économique pour voyager. Quand nous rêvions de voitures, nous pensions aux décapotables anglaises. La 2 CV était juste mieux que le Solex !
Elle avait plus d’autonomie pour les voyages. Ce n’est que dans les années 90, après l’arrêt de sa fabrication, qu’elle a commencé à devenir mythique pour le grand public. Les Anciens la regardaient avec nostalgie et les jeunes les redécouvraient pour les restaurer et sauvegarder un patrimoine.
Comme elle m’avait permis de vivre cette aventure et que j’avais été classé 7e, elle a gardé en mon cœur une place de choix. Il faut ajouter que j’ai eu la chance de pouvoir la conserver !
Avant gagné une voiture neuve offerte par Citroën aux dix premiers lauréats, je n’ai pas été obligé de la revendre quelques mois plus tard, comme la plupart des autres jeunes…

• Aujourd’hui, referiez-vous ce périple si vous en aviez la possibilité ?

Aujourd’hui, il est moins facile d’aller en Iran en voiture et sûrement impossible avec 500 véhicules ! Néanmoins, ayant rencontré récemment une Iranienne lors d’une séance de signatures, j’ai eu la confirmation que la population était toujours très accueillante !
Après ce raid, lors de soirées projections consacrées à cette aventure, j’ai connu ma femme. À bord d’une Méhari, nous sommes allés jusqu’au Cap Nord, puis nous avons traversé le Sahara jusqu’à Tamanrasset et effectué d’autres périples en Europe. Ne pouvant aller plus au Nord, ni plus au Sud avec ce type de véhicule pendant nos vacances, nous avons changé de moyen de locomotion et commencé à randonner entre la France et l’Espagne par les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Ainsi, nous allions avoir le plaisir du voyage à celui de la découverte du pays voisin dont j’enseignais la langue.

• Vous venez de publier un livre sur ce fameux Paris-Persopolis-Paris que vous présentez lors de salons du livre comme celui de Thénac. La curiosité des lecteurs pour les voyages exceptionnels est-elle restée intacte ?

Absolument  ! C’est un plaisir de rencontrer ces futurs lecteurs lors des salons du livre, de Brive à Thénac en passant par Marly la Ville ou lors des grands salons de voitures anciennes, de Rétromobile à Paris au salon de Lyon en passant par celui de Reims. À chaque fois, je rencontre des gens passionnés par des aventures humaines, friands de ce type de récit ou de carnets de voyage. Ils viennent à ma rencontre et discutent. Nombreux ont aussi vécu de passionnantes aventures : ces échanges nous enrichissent mutuellement.

Au salon du livre de Thénac

1 commentaire:

Unknown a dit…

beau resume d'un beau voyage
bel article