samedi 9 juin 2012

Législatives :
Dominique Bussereau
en réunion à Montendre


Lundi soir, Dominique Bussereau animait une réunion à Montendre avec son suppléant Francis Savin

Lundi, Dominique Bussereau termine sa journée « électorale » à Montendre. Il y est accueilli par le maire socialiste Bernard Lalande. Un peu surprise, la salle, plutôt couleur UMP, y voit un geste de fraternité saintongeaise. Seul Henri Lathière, qui fut enterré prématurément par le premier magistrat, lui lance quelques piques tandis que d’autres s’étonnent, devant cet humanisme affiché, que « le premier magistrat montendrais ne serre même pas la main des conseillers municipaux de l‘opposition ».

Dominique Bussereau et Francis Savin

Bref, le but de cette rencontre se situe ailleurs. Dominique Bussereau est en campagne, une fois de plus, pour retrouver son siège de député. Ayant appartenu au gouvernement durant neuf ans, d’abord sous Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy, il possède une bonne connaissance du terrain et ses fonctions de président du Conseil Général lui donnent une envergure appréciable quant aux préoccupations des citoyens.

Il explique d’abord les enjeux des Législatives. Trois options sont envisageables. Soit l’Assemblée Nationale reste à droite et c’est la cohabitation (pas facile à vivre !) ; soit la Gauche dispose d‘une majorité relative (c’est-à-dire qu’elle a besoin du soutien d‘autres groupes pour avoir la majorité et elle ne peut utiliser le fameux 49-3 qu’une fois par an) ; soit elle est majoritaire et François Hollande peut gouverner tranquille.

Sur les trois semaines qui viennent de s’écouler, Dominique Bussereau s‘étonne que certains dossiers aient été décidés sans concertation. A titre d’exemple, passer de quatre à cinq jours d‘école entraînerait une augmentation des transports scolaires de 3 millions d’euros par an en Charente-Maritime. Il s’inquiète également de la détérioration du couple franco-allemand et du retrait des troupes d’Afghanistan, quand le rapatriement des matériels par avion s’élève à 35000 euros de l’heure. Enfin, que dire du retour de la retraite à 60 ans et du coût important que cette mesure peut entraîner ?...

« Aucun collège ne sera fermé »

Viennent les questions du public. Originalité, l’un des sujets est Mayotte, département français du bout du monde et première maternité de France… Voilà qui est une charge ! Dominique Bussereau explique que les habitants ont choisi en votant. Par ailleurs, la France a pour habitude d’être « généreuse ». En fait, souligne un participant, elle a été bien inspirée car dans le secteur, d’énormes gisements de pétrole ont été localisés : « La France aurait alors un rôle à jouer en tant que base d’exploitation ».

En matière d’enseignement, le Principal du collège de Montendre s’interroge sur le réseau pédagogique mis en place sur le secteur. Dominique Bussereau et Francis Savin sont unanimes : aucun collège de Haute-Saintonge et d’ailleurs ne sera fermé. Un nouvel établissement pourrait même voir le jour du côté de La Jarrie. Prochain objectif : faire venir le très haut débit dans tous les collèges du département.

En ce qui concerne le domaine médical, le Conseil Général a contacté les facultés de médecine de Poitiers, Limoges et Bordeaux. Il soutiendra financièrement les jeunes médecins qui s’engageront à reprendre un cabinet situé dans les zones à problèmes : la totalité du canton de Jonzac, Gémozac, Matha et Aulnay. Dix contrats seraient sur le point d’être signés avec des étudiants. Les projets de regroupements sur un même site (médecins, infirmières, kinés, etc) seront soutenus. « On a été trop loin avec le numerus clausus » souligne Dominique Bussereau. Il constate que cette carence fait aujourd’hui le bonheur des Espagnols et des Roumains ! Pour preuve, tous les kinésithérapeutes travaillant aux Thermes de Jonzac ont franchi les Pyrénées pour exercer en France…

Réunion à Montendre, dans le Sud Saintonge

• Questions à Dominique Bussereau, député sortant


En premier lieu, pourriez-vous clarifier votre position quant à la libéralisation de droits de plantation qui suscite actuellement des réactions ?

A ce sujet, la candidate socialiste et le suppléant Modem ont dit des contrevérités et ils auront, le jour venu, à en rendre compte.
Quand j’étais ministre de l’Agriculture de Jacques Chirac, jusqu’en mai 2007, la France s’est toujours battue pour empêcher la libéralisation des droits de plantation. Pourquoi ? Parce que les viticulteurs ont besoin de débouchés et que la libéralisation entraîne des situations de surproduction. Le maintien des droits de plantation actuels, qui consiste à modérer la production, est un gage de revenus pour les agriculteurs et de qualité des produits pour les consommateurs.
Pour des raisons que je n’ai pas comprises, mon successeur au Ministère de l’Agriculture, Michel Barnier, s’est fait battre au Conseil des Ministres de l’Agriculture sur une proposition de la Commission, proposant de libéraliser les droits de plantation. Soit le 1er janvier 2016 pour les pays volontaires et, au plus tard, le 1er janvier 2018 pour les pays réticents.
Dès que Bruno Le Maire est arrivé, il a combattu cette position. Comment peut-on revenir sur ce vote malencontreux ? En obtenant une nouvelle majorité dans le cadre de la réforme de la PAC qui remette en place le maintien des droits de production actuels.
Pour cela, il faut arriver à une majorité de 13 ou quatorze pays. Par sécurité, il faut encore en convaincre un ou deux dont l’Irlande et la Pologne. Je souhaite que Stéphane Le Foll, dont je ne conteste pas les compétences en matière agricole, poursuive cette action. Je l’aiderai dans la mesure de mes moyens pour que nous puissions revenir sur cette libéralisation et qu’elle ne s’applique ni en 2016, ni en 2018.

La campagne du premier tour s’achève. Quelles sont les préoccupations qui reviennent le plus souvent dans vos réunions ?

Il y a beaucoup de questions locales sur l’état des routes abîmées par le gel, la scolarité des quatre ou cinq jours et, sur le plan national, les différents scénarios qui peuvent se présenter à l’Assemblée Nationale. J’ai constaté qu’on posait plus de questions au représentant du territoire qu’au futur législateur. Il y aussi des questions extérieures comme celles qui concernaient Mayotte lors de la réunion de Montendre et la situation de la Grèce au cas où elle sortirait de l’euro.

Etes-vous inquiet pour l’avenir de la zone euro ?

Le 17 juin, si les Grecs ne trouvent pas une majorité pour appliquer un plan dont je conçois bien qu’il sera rigoureux mais indispensable pour sauver leur pays, ils peuvent sortir de l’euro. A ce moment-là, il y aura des conséquences néfastes pour la France puisque nous sommes engagés à hauteur de 66 milliards de dettes publiques - ce qui fait 1000 euros par Français – sans compter le Crédit Agricole, Groupama, etc. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour la France et l’Europe. C’est pourquoi le couple franco-allemand doit être solide. Il faut dépasser les agacements entre Angela Merkel et François Hollande et tenir bon parce que l’économie européenne pourrait tomber en rade de croissance, avec des hausses des taux d’intérêts pour les entreprises et les collectivités et des conséquences sur l’emploi.

Propos recueillis par Nicole Bertin

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