vendredi 19 octobre 2012

5 millions
de disques vendus
avec « Adieu jolie Candy »


Jean François Michael à Sainte-Lheurine (17)

 Les moins de 20 ans ne le connaissent généralement pas, les autres sûrement ! C’est avec plaisir qu’ils reverront sur scène Jean François Michael samedi 20 octobre à Sainte-Lheurine, dans le canton d'Archiac.

Après avoir vécu dans le Midi, Jean François Michael et sa compagne, Cécile, ont posé leurs valises au Gua, près de Royan. Cette région les a séduits par ses paysages, ses lumières et… ses plateaux de fruits de mer.
À l’Océane, le « Fouquet’s » du Gua où ils aiment se retrouver, ils se livrent au jeu des questions avec simplicité. Un exercice habituel dont ils n’abusent pas. Et pourtant, ils auraient pu prendre la grosse tête. Avec son titre « Adieu jolie Candy », Jean François Michael s’est hissé en haut des hits parades !

Barclay se demandait
qui était Jean François Michael 


Yves Roze, son vrai nom, a toujours aimé la variété. Avec sa grand-mère, « ce vrai Parisien d’origine polonaise » participe dès l’âge de 9 ans à des galas : « Je chantais dans ma chambre, c’était une vraie passion ». À 15 ans, pendant plusieurs semaines, il est le gagnant du « Jeu de la chance » de Raymond Marcillac.

Jean François Michael à ses débuts
 Cette réussite lui vaut d’enregistrer son premier 45 tours. C’est le début de sa carrière : il figure en première partie dans des cabarets, chez Patachou avec Michel Sardou et Hugues Haufray ou à L’écluse où se produit « l’étrange et généreuse Barbara »
« J’ai appris avec les plus grands » dit-il. À cette époque, il adore la bossa-nova. Un rythme inégalable qui ne nourrit pas son homme. Il devient bientôt directeur artistique chez Barclay et produit, entre autres, le fameux « Wight is Wight » de Michel Delpech et « Non, je ne veux pas faire la guerre » des Poppy’s. Il a du « flair » et repère les talents.

C’est alors que lui arrive une drôle d’histoire. Ses yeux pétillent comme s’il avait vécu l’un de « ces coquins de sort » immortalisés par Georges Brassens. On lui propose d’enregistrer le fameux « Adieu jolie Candy » dont l’arrangement a été réalisé par Michel Berger en personne. Or, il travaille pour Barclay qui a été clair avec lui : « avec la voix que tu as, tu ne vendras jamais rien »
Pourtant, cédant à la tentation et bravant les critiques éventuelles, il réalise l’enregistrement sous un nom d’emprunt, Jean François Michael. Trois prénoms réunis : « On avait trafiqué un peu ma voix en la baissant. Ainsi, on ne me reconnaissait pas ».
Devenu un autre homme, il démontre qu’il a des possibilités vocales et se place en bonne position dans les classements hebdomadaires. Il va jusqu’à titiller Michel Delpech : « Nous avions même tourné un clip. Je m’étais déguisé en mettant des moustaches ».
Chez Barclay, on s’interroge : « Mais qui est ce Jean François Michael ? ». Delpech finit par découvrir le pot aux roses. Finalement, le masque tombe et les choses s’arrangent. Enfin, si on peut dire puisque Yves Roze doit quitter la maison Barclay sous 48 heures !
Sans tristesse car le succès est là. « Adieu jolie Candy » fait un buzz international. Soit 5 millions de disques. En 68, alors que les pavés fusent, le 45 tours offre un peu de tendresse dans un monde en pleine agitation. En 1969, il est numéro 1 en Italie avec « Fiori bianchi per te ». En Espagne et Amérique du sud, ça donne « Adios Linda Candy » et en Allemagne « Adieu susse Candy ». Et que dire en japonais…

Avec Stéphanie de Monaco

Jean François Michael, Alain Delon et Stéphanie de Monaco
La carrière de Jean François Michael se poursuit. Entre 68 et 72, il est dans la cour des grands. « Je n’étais pas vraiment à l’aise dans le monde du show-business et des cocktails ».
Il monte alors une maison de disques à la recherche de nouvelles stars. Elles s’appellent Renaud, William Scheller, Chantal Goya, Jean-Jacques Debout.
Avec François Bernheim et Jacqueline Néro, il ajoute à cette liste déjà très convaincante Alain Delon, « Tu veux ou tu veux pas » de Brigitte Bardot et « Comme un ouragan » de Stéphanie de Monaco. « C’est une véritable artiste. Elle aurait dû faire une grande carrière » estime-t-il.

Un peu plus tard, il s’intéresse à Eléna Rostropovich, la fille du célèbre violoncelliste. Malheureusement, l’enregistrement tombe en pleine Guerre du Golfe et les Français ont la tête ailleurs. De son séjour en Russie où il a côtoyé un député proche de Gorbatchev, il garde un bon souvenir : « Nous étions chargés du développement de la musique entre la France et la Russie. Finalement, le résultat n’a pas été à la hauteur de nos espérances ». Cécile a pu chanter sur la place Rouge, c’est déjà bien !
Le couple part ensuite pour le Liban avant de s’installer dans le sud de la France où leur fille voit le jour. « C’est là que nous avons revu Stéphanie de Monaco. Nous aurions aimé qu’elle enregistre un nouveau disque, mais son père était gravement malade ».

Deux soirées à Sainte-Lheurine et Cozes 

Dans les années 2000, Jean François Michael réalise un album pour la grande danseuse Jin-Xing. Il a très envie de revenir sur scène. Ses premières amours, celles qu’on n’oublie pas. En 2008, il rejoint la tournée « Age tendre et tête de bois » qui réunit des musiciens et artistes dont les débuts remontent aux années 1960, 1970.
Alors que les jeunes ne jurent que par le rap et les DJ branchés, la génération « Salut les copains », sortie de ses coffrets vinyles, démontre qu’elle n’a pas pris une ride. Les idoles ont changé, elles ont vieilli comme leurs fans, mais leurs voix sont restées intactes. N’est-ce pas là l’essentiel, l’émotion, le souvenir retrouvé, cette étrange sensation de traverser le temps, voire de le survoler avec une étonnante légèreté ?

En juillet 2012, Cécile et Jean François posent leurs valises en Charente-Maritime : « Nous voulions changer d’air. Je venais en vacances dans l’île d’Oléron quand j’étais enfant » avoue Cécile. Leur choix se porte sur une maison de Saint-Sornin, au village des fées. « J’aime ce territoire, le marais, la mer, la gentillesse des habitants » ajoute son compagnon. Actifs, ils n’ont pas l’intention de jouer les retraités ! D’où l’idée de chanter dans les villages. « On s’aperçoit que de nombreuses communes ne proposent aucun spectacle faute de moyens. Notre formule est simple : il s’agit d’une association. La mairie prête la salle et nous nous occupons du reste, animation, promotion, etc ».


En Haute Saintonge, Sainte-Lheurine (dans le canton d’Archiac) et Cozes les accueilleront prochainement avec, en première partie, le groupe Zoé Kraft (Olivier et Stéphanie) : « Notre souhait est de mettre en valeur des artistes locaux ». Aux côtés de Jean François Michael, se trouvera Jean-Jacques Lafon qui s’est rendu célèbre en 1985 par « Le géant de papier ». « Il s’agit de soirées familiales et conviviales. Le répertoire sera varié » assure Jean François Michael. Cette tournée des villages a été inaugurée à Nieulle-sur-Seudre la semaine dernière : « Les années que nous avons vécues étaient belles. Nous avons envie de les faire partager à tous les publics ». Une invitation aussi aimable ne saurait se refuser…

Jean François Michael avec Alain Souchon
• Rendez-vous à Sainte-Lheurine le 20 octobre à 20 h, à Cozes le 26 octobre à 20 h, entrée 15 euros.

À 66 ans, Jean François Michael n’a jamais quitté la scène. Cécile, son « double » l’accompagne depuis une vingtaine d’années. Leur PC se trouve à l’Océane, le bar-restaurant du Gua dont sont responsables Philippe et Nathalie Tripoteau. « C’est notre Fouquet’s » disent-ils !

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