jeudi 29 novembre 2012

Vers une sixième République ?


La démocratie représentative, modèle de la démocratie occidentale, est bien malade tant elle a été accaparée par les partis, eux-mêmes contrôlés par des hommes et des femmes de pouvoir liquidant sans vergogne leurs concurrents pour assouvir des rêves de gloire.


Copé veut être président de la République depuis sa prime enfance. Pour y parvenir, il a renversé la table d’un parti qui risque de ne pas trouver suffisant ce prétexte pour fonder une légitimité. La politique, c’est effectivement l’ambition, mais elle ne s’arrête pas là dès lors qu’il s’agit de défendre le vivre ensemble de la République créant la loi pour tous.

La République, cette institution pour laquelle on s’est tant battu, va-t-elle devenir une formule creuse ? De jeunes messieurs s’essuient les pieds dessus, persuadés que leur talent leur permettra de gouverner les citoyens, tout en occupant à vie les postes de l’Etat et ses prébendes. Avec quelques amis, on constitue des cours. Charité bien ordonnée, les courtisans s’empressent de happer au passage des postes et des sous !

Rien n’a changé depuis la monarchie. Sous Louis XIV, Saint-Simon avait raison de dire : « dès que le Roi crée une charge, Dieu crée un imbécile pour l’acheter ». Pourtant, il y a quelques années encore, on rencontrait des personnalités qui en imposaient, Simone Veil, Georges Pompidou, Raymond Barre pour ne citer qu’eux. Ils parlaient de la France et de son avenir, comme Charles de Gaulle, leur maître tutélaire portant sa grande ombre, flanqué d’André Malraux. Leurs opposants avaient de l’esprit. François Mitterrand, Roland Dumas, Michel Rocard pouvaient dialoguer à une certaine altitude, dans les pas de Pierre Mendès France. Même le stalinisme avéré de l’Extrême Gauche n’était pas nul. Aragon y dessinait ses cloches de Bâle et l’on chantait les yeux d’Elsa qui étaient, pourtant, ceux du KGB.

Et puis, tout s’est mis à fondre dans la mondialisation, dans la pensée unique sociale libérale, dans le néo-keynésianisme américain. On se dirigeait vers la fin de l’histoire, peuplée de nains de jardin vaticinant dans la cour d’école que représente l’Assemblée nationale, les mardi et mercredi, avec ses chahuts et ses noms d’oiseaux. L’opinion a rétréci le Parlement, l’opinion a rétréci la République et l’opinion a souhaité des hommes de plus en plus petits pour meubler une République. Réduite à presque rien, prisonnière des traités et des conventions internationales, du Marché commun, de l’organisation mondiale des marchés, des secrètes multinationales qui vont avec et des marchés financiers qui font joujou avec la dette des Etats en se prenant au sérieux alors qu’ils pratiquent admirablement le vol à la tire et ce que l’on appelait autrefois « l’accaparement » avec leurs agences de notation et autres singeries pour débiteurs crédules.


Alors, devant les difficultés et la complexité du monde, devant les défis à relever et tout simplement le sens à donner à notre civilisation, il est préférable aux nains de se chamailler un parti politique qui n’a d’autre doctrine que la prise de pouvoir. Pour s’emparer de la République, il faut d’abord s’emparer de l’UMP par tous les moyens !

Il est évident que ce désastre est inacceptable, qu’il met à mal notre modèle démocratique qui est celui de la démocratie représentative. Le Général de Gaulle avait raison. Le système des partis d’un monde partisan, donc sectaire, ne peut être un système démocratique au sens où la démocratie reste le gouvernement du peuple.

On a beaucoup parlé de sixième République. Changer d’organisation démocratique, c’est permettre aux électeurs de rester maîtres de l’action de leur bulletin de vote. Pour qu’une République soit citoyenne, il est nécessaire que le citoyen soit dans l’obligation de s’en mêler. Et l’on revient à « la tentation de Venise », c’est-à-dire à la République de Venise qui permettait le tirage au sort des citoyens chargés de choisir leurs dirigeants, ceux qui doivent exécuter la volonté du peuple et ne peuvent en faire une profession en accaparant les postes pendant des décennies.
Les constitutionnalistes de notre pays devraient se pencher sur ces pistes pour que nous « réenchantions » un peu notre République malmenée.

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