dimanche 30 juin 2013

Le Père Patricio
en Haute-Saintonge
Témoignage sur le Honduras


« Nous construisons des vies et moi,
j’en suis un exemple »...


C’est par ce témoignage ô combien émouvant d’un jeune habitant du Honduras que le Père Patricio, missionnaire dans ce pays d’Amérique Centrale, a montré combien il est important de tendre la main pour former une chaîne… 

Au Honduras, l'école fonctionne de février à novembre. Les vacances ont lieu en décembre et en janvier. C'est l'époque où l'on part à mer (à 3 heures de route de Tegucigalpa) mais peu s'y rendent faute de moyens. En été, il y a la Semaine sainte.
Au départ, il y a le père Patricio Larrosa, fondateur de l’ONG ACOES. Il y a vingt ans qu’il se bat pour donner une chance aux enfants déshérités du Honduras. Une chance qui passe par l’éducation, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Entouré de bonnes volontés (un réseau pour utiliser un terme actuel), il a créé des écoles à Tegucigalpa qui accueillent 3 000 élèves. Le principe ? Que les aînés qui ont un jour reçu cette main tendue aident à leur tour les plus jeunes. Dans l’un des pays les plus pauvres au monde, où la drogue et la violence sont de véritables fléaux, le Père Patricio a osé relever le défi en comblant un vide. Les écoles publiques sont satisfaites quand les élèves connaissent l’hymne national. Les écoles privées, quant à elles, sont ouvertes aux classes aisées et se donnent bonne conscience en recevant 5 % « d’indigents ».
Lui a imaginé un monde ou règnerait l’égalité. S’ils ont un uniforme, les élèves qui fréquentent Sainte-Thérèse ou Sainte-Claire n’ont pas besoin de porter des chaussures noires et une ceinture (obligatoires pour entrer à l’école publique), ils doivent être animés de bonnes intentions et avoir l’envie de s’instruire. « En responsabilisant les enfants, nous créons une chaîne de solidarité au cœur de cette jeunesse défavorisée » explique-t-il. Car il y a un fossé entre l’école et le quotidien des familles.

Le nouveau groupe scolaire en cours d'aménagement
D’ailleurs beaucoup travaillent, comme c’était le cas en France au XIXe siècle. Ils sont aux côtés de leurs parents pour vendre des galettes de maïs ; ils font des petits boulots qui leur rapportent l’équivalent de trois euros. Qu’importe, une seule chose compte : dans la semaine, ils fréquentent l’école où ils approfondissent leurs connaissances. Sinon, comme c’est souvent le cas, ils finiront en narcotrafiquants.

Comment vivent les enfants du Honduras 

 Invité par le club Inner Wheel de Jonzac que préside Françoise Beaulieu, le Père Patricio était reçu mercredi après-midi aux Brissons de Laage, domaine de la famille Bertrand qui entretient d’étroites relations avec le monde hispanique. D’ailleurs, c’est toujours avec plaisir que Thérèse a assuré les traductions.

Le matin, l'arrivée des enfants et des professeurs par le bus
À partir de vidéos, le Père Patricio a fait le point sur les actions qu’il poursuit avec son équipe. Il arrivait d’Espagne où il était allé porter la bonne parole. « Je pense que montrer comment vivent les enfants du Honduras est utile. Ici, en Europe, on ne se rend pas compte de l’existence de ces jeunes qui manquent de tout. Au Honduras, 75 % de la population est pauvre et si vous naissez pauvre, vous mourrez dans la même situation. Grâce aux dons et parrainages qui sont faits, ces enfants reçoivent une éducation. Nous leur donnons un uniforme, des chaussures, de la nourriture, des fournitures scolaires et des soins de santé. ici, tout vous semble facile. Là-bas, l’existence est un combat permanent pour garder la tête hors de l’eau. Pour moi, ce qui importe, c’est la dignité ».

L'association Inner Wheel réunie avec le Père Patricio chez Simone Bertrand
Le Père Patricio et Françoise Beaulieu, présidente du club Inner Wheel de Haute Saintonge
Dans la lignée de Saint-François d’Assise, le Père Patricio fait partie de ces êtres entrés au service des autres avec une belle générosité. Devant un public attentif, il a présenté la ville de Tegucigalpa, son quartier, les transports en commun, les distances interminables, les écoles, leur gratuité grâce au soutien des donateurs, les plantations d’arbres autour de l’établissement, la récupération de l’eau de pluie car il n’y a pas d’adduction, l’arrivée des camions-citernes quand elle vient à manquer, les économies (on ne jette jamais les cahiers d’une année sur l’autre car il reste des pages inutilisées). Les cours sont assurés par 85 professeurs qui se réunissent, le samedi, pour aborder des sujets de société. Ainsi, la violence est une préoccupation : il faut savoir que dans cet univers machiste, une femme meurt, des coups de son mari, toutes les 16 heures…

Construire la société de demain 

 « L’école publique dispense 82 jours d’enseignement dans l’année. Nous en proposons 220 » précise le Père Patricio qui annonce la construction d’un troisième bloc scolaire avec dortoir. En effet, les pensionnaires viennent de loin. Les plus assidus suivront des études supérieures, en Espagne le plus souvent. Les autres apprendront un métier selon un principe qui porte ses fruits : le matin, ils donnent de leur temps à la collectivité ; l’après-midi, ils étudient. « C’est ainsi qu’ils deviennent responsables et travailleurs ». Les projets ne manquent pas. L’un d’eux s’est concrétisé grâce à un entrepreneur espagnol, Antonio, qui possède une usine de jeux éducatifs. Travaillant avec l’association depuis 2004, il a réussi à persuader, avec le Père Patricio, une propriétaire de vendre ses terres. Convaincue par les arguments avancés par les deux hommes, elle a signé l’acte. Sur cette vaste étendue, ont été faites diverses plantations de haricots noirs, des légumes, des arbres fruitiers. On y élève des poules, des vaches. Bientôt, y sera développée une activité piscicole et on y récoltera du café. Son nom ? « Père Patricio, celui dont on ne peut plus se passer » ! Bref, la ferme, qui emploie de nombreux jeunes, démontre qu’elle peut s’auto-financer.
 

Dominique, quant à elle, a vécu une expérience forte au Honduras en assistant les personnes en phase terminale atteintes du sida. Le centre a ouvert ses portes en 1998. « Je suis d’accord avec le Père Patricio. Dans ce pays, on passe en quelques heures de l’enfer au paradis. Il a beaucoup à y faire, mais si l’on donne, on reçoit ». Sur ce chapitre, elle a adopté une petite fille qui a aujourd’hui 18 ans.

Le Père Patricio est heureux de présenter des jeunes qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu en suivant un cursus universitaire. « On construit des vies et moi, j’en suis un exemple » déclare l’un d’eux. La rencontre s’achève sur des remises de prix aux écoles. Les meilleurs lecteurs sont récompensés dont l’un est un fervent adepte des romans de Jules Verne. Un autre, aveugle de naissance, a appris à lire et à jouer du piano. Ce bel engagement est à souligner.

Qu’ajouter de plus sinon que vous pouvez, si le souhaitez, parrainer un enfant fréquentant l’une des écoles du Père Patricio. Les membres du club Inner Wheel ont chacune un ou un(e) petit(e) filleul(e). Mercredi, elles ont reçu un courrier de leur part assorti d’un dessin. Inutile de vous décrire leur joie…


• Le projet social du club du club Inner Wheel de Jonzac est d’apporter une aide à des enfants du Honduras, d’un faubourg  de Tegucigalpa où œuvre depuis une vingtaine d’années le Père Patricio Larrosa qui est le relais sur place. Les dons collectés sont intégralement et directement utilisés pour l’éducation des enfants.

Reportage Nicole Bertin

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