lundi 5 mai 2014

La Charente Libre soulève le grave problème des pesticides dans le fleuve Charente


« Pollution en Charente : les viticulteurs accusés et surtout victimes » écrit le journaliste Ismaël Karroum dans La Charente Libre du 30 avril dernier. Grave, l'affaire est peu relayée pour des raisons qui semblent évidentes. Aujourd'hui, qui oserait soulever une question aussi embarrassante concernant un terroir et des produits connus dans le monde entier ? Explications sur la situation dans l'excellent article qui suit :


Le fleuve Charente est le plus pollué de France par les pesticides. Et de très loin. Entre Angoulême et Saintes, les relevés sont catastrophiques. Le constat est alarmant et le vignoble montré du doigt : « Ces données alarmantes font partie du problème global de l’utilisation des pesticides dans le vignoble ». Membre actif de Phyto-victimes, amoureux de la vigne et du cognac, Jacky Ferrand a fait carrière au Bureau National de l’Interprofession de la Vigne. Il a surtout eu la douleur de perdre fin 2011 son fils, Frédéric, viticulteur de Gondeville emporté par un cancer de la vessie. Depuis, il se bat contre les pesticides et leur utilisation irraisonnée.
Pas question pour lui de montrer du doigt les viticulteurs. « Ils en sont les premières victimes. Notre combat, à Phyto-victimes, c’est avant tout pour eux » pointe-t-il. Mais il voit les champs jaunis par les herbicides, les eaux qui se dégradent, les viticulteurs malades. Il se heurte aussi à l’omerta du milieu, ce vignoble où l’on souffre en silence. Pourtant, dans le vignoble du cognac, les pesticides font des ravages. « On connaît une famille où les deux frères sont malades et où le père l’est aussi » souligne Jacky Ferrand. Dans certains villages, comme à Javrezac, le nombre de cancers est étonnamment élevé. Et une étude menée en 2011 par le CHU de Poitiers avait montré une surmortalité de lapopulation habitant dans le vignoble charentais. Les scientifiques avaient constaté une surreprésentation des maladies de Parkinson (+ 29%) et des cancers du sang de type lymphomes (+ 19%). Des découvertes alarmantes qui pourraient se confirmer si les concentrations en pesticides dans l’air et l’eau ne faiblissent pas.

Des pesticides jusque dans l'eau du robinet 

Les rivières ne sont pas les seules à être touchées par la pollution aux pesticides. Les nappes souterraines sont aussi marquées en rouge sur la carte de France. « Les nappes les plus dégradées vis-à-vis des pesticides sont les parties libres du crétacé supérieur. Le secteur de Cognac est le plus touché, notamment du fait de l’utilisation de désherbants sur la vigne, atrazine et atrazine déséthyl » indique l’Observatoire régional de l’Environnement. C’est pourtant dans le canton de Barbezieux et dans celui de Saint-Amant-de-Boixe – et pas dans le Cognaçais – que l’Agence régionale de santé (ARS) a retrouvé en 2012 des traces de pesticides à des doses non conformes dans l’eau du robinet.
À Barbezieux, l’ARS avait même alerté le conseil municipal sur ces traces anormales. Pas de quoi remettre en cause la consommation d’eau du robinet, mais assez pour tirer la sonnette d’alarme. Et s’inquiéter pour l’avenir.
Jean-François Dauré, président du Grand Angoulême, s'inquiète : « Il est temps que tout le monde, Département, Chambre d’agriculture, Scot (Schéma de Cohérence Territoriale) travaillent sur ce dossier. C’est un enjeu majeur pour notre territoire et la santé des habitants ».

La Charente, le fleuve le plus pollué de France par les pesticides 

Une petite tache rouge écarlate qui ne fait pas franchement rougir de plaisir. Selon le ministère du Développement durable, la Charente est un véritable "Pesticideland". Bienvenue dans le département numéro un en matière de pollution aux pesticides, celui dont le cours d’eau principal est un vrai bouillon de produits chimiques. Atrazine, glyphosate, etc. On retrouve de tout dans les eaux de la Charente. Dans des proportions préoccupantes. Chiffre effarant fourni par l’Agence de l’eau Adour-Garonne : en moyenne, en 2011, entre Angoulême et Cognac, au cœur du cognac roi, la teneur en pesticides était de 6,52 microgrammes par litre. De quoi en faire une eau réglementairement impropre à la "fabrication" d’eau potable. C’est-à-dire qu’elle est si viciée que l’on ne peut même pas la traiter pour la rendre utilisable. À titre de comparaison, la Sèvre nantaise, deuxième bassin le plus touché dans le pays, affiche un taux moyen de 2,86 microgrammes par litre. Autant dire que le bonnet d’âne charentais est décroché haut la main. Diffusée par Le Parisien, la carte effare Jean-François Dauré. « Tout le monde doit prendre conscience qu’il y a sur ce dossier un caractère d’urgence sanitaire. C’est un truc de fou » dit celui qui tire la sonnette d’alarme depuis des années en compagnie de son adjoint à La Couronne, Jacky Bonnet. Son diagnostic est sans appel: « L’état de nos rivières est très très mauvais ».

• Morale de l'histoire : Il y a deux réactions à ces révélations. Soit la collectivité et surtout le BNIC réagissent à une situation grave, soit on joue la carte de l'omerta, si facile finalement en écartant d'un revers de la manche des vérités difficiles à admettre publiquement. Affaire à suivre.

1 commentaire:

JP Négrel/jpneg@hotmail.com a dit…

Utilisée comme désherbant aussi bien du maïs que de la vigne et autres cultures depuis les années 60, l'atrazine, normalement, est interdite en France depuis 2001 (jusqu'à épuisement des stocks autorisé jusqu'en 2004...)
Sa persistance dans les eaux montre sa faible dégradabilité, et/ou une utilisation qui se perpétue grâce à un trafic « discret ».
Son produit de dégradation la déséthylatrazine est au moins aussi toxique.
Une molécule de la même famille chimique,la terbutylazine interdite en France, est toujours homologuée à l'intérieur de l'UE.
Dans le domaine des désherbants toxiques,on retrouve également le glyphosate (Roundup de Monsanto) dans le maïs OGM Monsanto NK 603 résistant à cette molécule, donc abondamment arrosé avec icelle, et utilisé dans l'alimentation animale.