jeudi 9 octobre 2014

Royan : l'expo Picasso,
qui a déjà reçu 18000 visiteurs,
est ouverte jusqu'au 2 novembre

Cette expo, consacrée aux œuvres réalisées par Picasso lors de son passage à Royan durant la Seconde Guerre mondiale, a enregistré des records d'affluence. Une belle histoire entre Maya Picasso et Gérard Dufaud qui est à l'origine de la présentation de ces fac-similés. A voir absolument jusqu'au 2 novembre !


Bernard Pivot, parrain de l'expo Picasso
Certaines rencontres peuvent être déterminantes. On savait que Pablo Picasso avait séjourné à Royan durant une courte période, pendant la Seconde guerre mondiale. Il y avait peint Le café des bains  et fait des croquis.
Sensible au monde de l’art, Gérard Dufaud, qui a consacré un ouvrage au peintre cognaçais Géo Maresté, ne pouvait que s’intéresser à ce maître éminent. Or, Picasso est intouchable ! Maya, sa fille, lui a ouvert des portes. Elle avait cinq ans quand elle a accompagné son père dans la cité balnéaire occupée par les Allemands. De confidence en confidence, des liens se sont tissés et Gérard Dufaud a publié un livre intitulé ‘‘Picasso, un réfugié à Royan 1939-1944’’. De là à imaginer une exposition, il n’y avait qu’un pas franchi par Bernard Mounier, journaliste de télévision qui vit à Talmont. Le sujet lui a plu. Avec la complicité d’une artiste talentueuse, Claire-Lise Boulch, de Didier Quentin, député maire et du musée de Royan, le projet s’est concrétisé.
Les œuvres, 84 au total, sont des fac-similés dont le tirage a été confié à une imprimerie de Barcelone. Les originaux ont été prêtés par des collectionneurs ou des musées. On y trouve des croquis, des dessins, des peintures, des encres. S’y ajoutent des photos dénichées auprès d’habitants ayant conservé des archives. La mise en scène a été soignée, dont cette fenêtre par laquelle Picasso voyait le monde extérieur. L’univers angoissant de la guerre, les bruits de bottes.

Bernard Mounier, Claire Lise Boulch et les responsables du musée dont Claire Pépin
C’est en 1930 qu’il s’est installé au troisième étage de la Villa des Voiliers, près du port. Dans son périple, il était accompagné par Marie-Thérèse Walter, sa fille Maya et la photographe Dora Maar. «  On ne peint pas dans la solitude  » disait-il. L’ombre de Guernica était encore bien présente dans l’esprit de Picasso qui ne vécut guère son escale comme une villégiature. Malgré la présence des casinos qui tenaient encore débout ! Le café des bains qu’il a immortalisé semble avoir le tournis, comme s’il était pris dans un engrenage. C’est d’ailleurs à cette époque que le peintre s’est plu à disloquer et disproportionner les corps qui s’offraient sur la toile. En cette ville de la côte atlantique, il a exorcisé sa tristesse et sa colère, donnant vie à des scènes aux formes indécises : «  une fenêtre qui s’ouvre quand tout s’écroule, c’est quelque chose. Non, c’est l’espoir  ».


Bernard Mounier et Claire Lise Boulch, chargés de l'agencement de l'expo
Vernissage en présence de Didier Quentin, député maire de Royan et Bernard Pivot
L’intérêt de cette expo (et sa richesse) réside en son agencement : le visiteur suit la démarche de l’artiste, des dessins antérieurs au tableau final. «  S’il y avait une seule vérité, on ne pourrait pas faire cent toiles sur le même thème  ». Picasso était infatigable. Sa thérapie à lui, c’était le crayon, la toile, la palette. Comme une volonté exprimée d’en finir avec un monde ancien et cruel que viendrait remplacer un nouveau. Plus attrayant, plus fraternel. «  Si l’on sait exactement ce qu’on va faire, à quoi bon le faire ?  ». Par sa fraîcheur, sa fille Maya fut un bain de jouvence pour cet écorché vif.

Un nombreux public a visité cette expo dont le photographe Ben Caillaud
Les fac-similés des œuvres présentées au musée de Royan sont à découvrir. Elles constituent un rendez-vous unique que vous ne pouvez vraiment pas manquer !
N.B

• À Royan, où Picasso a séjourné du 2  septembre 1939 au 25  août 1940 sur les conseils de son ami André Breton, il a réalisé 750 œuvres environ. 84 ont été sélectionnées pour l’exposition.

• Musée de Royan, 31 av de Paris à Royan
• Tarifs : normal 4 €, réduit 2,50 € • Infos au 05 46 38 85 96. En octobre et novembre, exposition ouverte tous les jours (sauf le mardi) de 14 h à 18 h. Succèdera à l'expo Picasso une rétrospective sur les dix ans du musée.

• L'Académie de Saintonge découvre l'exposition Picasso 

Christopher Jones, réalisateur
Marie Dominique Montel, directrice et Pierre Collenot
Gérard Dufaud en guide conférencier
Alain Quella Villeger en pleine discussion avec Marc Fardet
Pierre Dumousseau
Photos Nicole Bertin

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