dimanche 23 novembre 2014

Le patrimoine d'Irak, proie
de la mafia internationale des antiquités

De plus en plus de pièces irakiennes antiques de grande valeur apparaissent sur le marché noir de l’art, où elles sont vendues au bénéfice de l’Etat islamique qui a trouvé là un moyen de financer ses activités, disent des diplomates, responsables et experts. 

Les activistes de l’EI se livraient déjà à un tel commerce après s’être emparés de vastes régions de la Syrie. Mais le phénomène s’est accéléré depuis la prise de Mossoul, ville du nord de l’Irak, et de la province de Ninive, en juin, qui leur a ouvert les portes de près de 2.000 des 12.000 sites archéologiques répertoriés du pays.

Les jardins suspendus de Babylone
L’Irak contemporain se confond en grande partie avec la Mésopotamie, berceau de l’une des plus riches civilisations de l’Antiquité, entre le Tigre et l’Euphrate. La Mésopotamie abritait les Sumériens, inventeurs vers 3.100 avant Jésus-Christ de l’écriture cunéiforme, la plus ancienne de l’Occident, et les sites de Ninive et Babylone, dont les jardins suspendus comptaient parmi les Sept Merveilles du monde.
L’Irak avait déjà vu cet exceptionnel patrimoine dilapidé dans le chaos qui suivit la chute de Saddam Hussein, après l’intervention militaire sous commandement américain de 2003. Les pillages ont repris et Qais Hussein Rasheed, directeur du musée de Bagdad, a souligné, lors d’une conférence à l’Unesco, la responsabilité de groupes organisés qui collaborent avec l’Etat islamique.

Le Musée de Bagdad après sa réouverture

« C’est une mafia internationale des antiquités » a-t-il dit à la presse. « Ils identifient les objets et disent ce qu’ils peuvent vendre » a-t-il ajouté, soulignant la difficulté d’évaluer certaines pièces vieilles de plus de deux mille ans. Rapportant les propos de responsables locaux encore présents dans des zones sous contrôle des djihadistes, il a pris pour exemple le pillage, à Kalhu, du grand palais du roi assyrien Ashurnasirpal II, un vestige du IXe siècle avant Jésus-Christ. « Des tablettes assyriennes ont été volées et retrouvées dans des villes européennes. Certains des objets sont découpés et vendus en pièces » a-t-il déploré, citant notamment une tablette figurant un taureau ailé.

Association des journalistes du patrimoine

Le musée de Bagdad

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