vendredi 5 décembre 2014

Vestige d'un camp allemand
de la première Guerre Mondiale

Une équipe d’archéologues de l’Inrap exhume actuellement des vestiges de la Première Guerre mondiale, près de Reims. 

Sur 4,5 hectares, cette fouille de l’Inrap, prescrite par l’État (Drac Champagne-Ardenne), est réalisée en amont de la construction d’une zone d’activités par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Reims-Epernay. Mises en œuvre pour l’étude de vestiges de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine, ces recherches ont aussi permis la découverte d’un camp de soldats allemands à l’arrière du front. Peu de camps de seconde ligne ont été fouillés à ce jour alors qu’ils documentent un quotidien différent de celui des premières lignes.

Un camp de seconde ligne en zone allemande 

Ce camp est implanté sur un territoire occupé par les Allemands durant toute la guerre, à proximité d’un ancien nœud ferroviaire qui alimentait le front en vivres et en armes. Sur le front, chaque compagnie avait la garde d’une portion de tranchée. Elles en étaient relevées environ toutes les trois semaines, les soldats se reposant alors dans un camp à l’image de celui d’Isles-sur-Suippe, avant de remonter au front. Parmi elles, la huitième compagnie de pionniers réservistes est mentionnée sur une plaque de four en fonte. Dans ces camps de seconde ligne, l’activité militaire habituelle était assurée : formation des recrues, entraînements physiques et militaires, corvées de ravitaillement, de terrassement et de fortification des lignes arrières.
Sur le terrain, les archéologues exhument un riche mobilier révélant le quotidien des soldats : bouteilles de vin, d’eau gazeuse, flacons pharmaceutiques, fioles en verre, boites de conserves, assiettes bavaroises et vaisselle française. De nombreux ossements animaux, portant des traces de découpe, reflètent l’alimentation des soldats.
La quinzaine de fosses fouillées livre également des restes d’équipements militaires : filtres de masques à gaz, pointes de casque, semelles…
Un cendrier réalisé dans une douille d’obus témoigne de « l’artisanat de tranchées ». La fouille révèle aussi quantité d’objets liés à l’hygiène. En effet, en seconde ligne, les soldats avaient le temps et les moyens de s’y consacrer. L’une des fosses contient un mobilier insolite, sous un cheval, un crâne d’ours et ses griffes taxidermisés, probable trophée de chasse, une statuette de dogue allemand, de la vaisselle fine. Cet ensemble appartenait peut-être à un officier.


Des baraquements 

Quatre cabanes de 13 m de long sont regroupées dans une portion du site. La fouille de la première d’entre elles révèle un plancher et un escalier en bois. Pour les archéologues il peut s’agir de cabanes de soldats, pouvant accueillir 24 hommes environ ou de soutes à munitions. Quelques cartouches françaises de première génération et datées de 1916 sont présentes dans ce bâtiment. Ces munitions récupérées servaient à défendre les secondes lignes, l’usage des armes récentes les plus performantes étant réservées au front.

Association des journalistes du patrimoine

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