samedi 24 octobre 2015

L’aéro-club de Jonzac
va-t-il récupérer les 75000 euros
versés par Yann Laroche Joubert
à la ville de Jonzac ?


A ce jour, il existe à Jonzac deux aéro-clubs : l’aéro-club historique que préside Patrick Sorin (il vit des cotisations de ses 60 membres) et l’aéro-club de Jonzac en Haute Saintonge que dirige Pascal Roth avec, pour président d'honneur, le maire de Jonzac Claude Belot.
Actuellement, toutes les grandes manifestations qui se déroulent à la Grand Vau sont chapeautées par cette structure née à la suite d’un différend entre certains pilotes et paramotoristes.

A l'arrière plan, les locaux de l'aéro-club de Jonzac
En effet, en 2013, le climat est devenu délétère quand la mairie, pour des motifs exposés en conseil municipal, a demandé à l’aéro-club de lui rembourser le montant des travaux liés à la piste d’atterrissage, soit 115.000 euros. Le président de l’époque, Yann Laroche Joubert, a alors versé une première somme de 75.000 euros sans en avertir le bureau (et en l’attente d'un reliquat de 40.000 euros). A moitié ruinés, des membres se sont alors émus de la situation qu’ils ont portée devant le Tribunal administratif, estimant qu'elle était « irrégulière ». 

Saisi sur la légalité de la participation de l’ex-président Yann Laroche Joubert (aujourd’hui retiré du club) aux travaux de la piste d’atterrisage, le Tribunal administratif de Poitiers vient d'examiner l'affaire. Dans ses concusions, le rapporteur public a conclu à la demande d’annulation du titre de recettes contesté. Il estime que Yann Laroche Joubert n’avait pas à prendre seul une telle décision - qui amputait la trésorerie de l’association - sans en avoir averti le conseil d’administration. En engageant une telle procédure, « la commune a commis une imprudence inacceptable qui confine même à la filouterie » a-t-il déclaré (propos rapportés par le journal Sud-Ouest). Pour la partie adverse, l’aéro-club de Jonzac doit tenir ses engagements et verser les 40.000 euros manquants. Le jugement sera rendu dans deux semaines environ.
Si l’aéro-club 1 obtient gain de cause contre l’aéro-club 2, le premier retrouvera une aisance financière. Le second, quant à lui, perdra devant la justice mais il n’a pas à s’inquiéter. Pour ses animations, il devrait continuer à percevoir les subventions de la mairie et de la Communauté de Communes que le premier a définitivement perdues.

Les difficiles relations entre le "premier" aéroclub de Jonzac et le maire Claude Belot 

Pour mieux comprendre, un historique des événements est nécessaire. 

2013. Depuis plusieurs semaines, les "malheurs" de l'aéroclub de Jonzac alimentent les conversations. A tel point que les Jonzacais ne savent plus quelle aile danser ! Pourquoi la mairie-a-telle repris par anticipation la gestion de cet aéroclub qui menait une vie apparemment tranquille jusqu'alors ? Question et éléments de réponse. Les différents épisodes que vient de connaître l’aéro-club de Jonzac sont si mouvementés qu’un calendrier s’impose. En effet, entre un président qui vide les comptes de l'association pour honorer une facture de la mairie méconnue du bureau, un sénateur maire qui reprend les choses en main et fait changer les serrures du club, des paramotoristes qu'on voudrait pousser vers une autre plateforme, des pilotes dans l'incapacité de voler en raison d'avions immobilisés dans le hangar fermé et, finalement, un retour à la négociation avec la mairie, il a de quoi s'envoyer en l'air, par l'écriture bien entendu !

Mais que se passe-t-il à l'aéroclub ? « On ne parle que de lui dans les journaux » s'exclame un Jonzacais devant son café matinal. Evidemment, désir inavoué, il préférerait y voir une belle donzelle en maillot de bain ! A la terrasse du Coq, face aux tours du château, les conversations vont bon train. Son voisin hoche la tête : « c'est ça, les Politiques, c'est eux qui commandent. L'essentiel, c'est de garder les commandes ». En pères peinards et souhaitant le rester, les deux copains ne s'étalent pas davantage sur les mésaventures de l'aéroclub. Ils passent à d'autres sujets, plus légers.

 • L'affaire de l'aéroclub commence lors du conseil municipal de décembre 2012 : 
Claude Belot veut reprendre le manche ! 

 Alors que la question ne figure pas à l'ordre du jour, Claude Belot lance une torpille contre les paramotoristes. Trop nombreux, ils viendraient troubler la paix de l'association, celle des pilotes en particulier : « Ils volent selon leurs propres règles. Les décollages ont lieu en travers, n'importe où et surtout pas sur la piste. Les rase-mottes sont légion, ils jouent à s'éviter autour de la tour. Les règles de sécurité de la circulation aérienne publique doivent être impérativement respectées ». L'un d'eux aurait été jusqu'à voler au dessus de la voiture de l'élu quand la piste de nuit a été opérationnelle. Provocation ? Un autre point fait grincer des dents. Certains se livreraient "toujours sous couvert de l'aéroclub" à des activités commerciales personnelles. Cours d’ULM paramoteur, tours en hélicoptère privé.

A gauche de la photo, Claude Belot
En conséquence, le sénateur maire annonce la couleur : La municipalité qui, depuis le 26 janvier 1987, avait délégué le fonctionnement de l'aéroclub à l'association que préside Yann Laroche Joubert, reprendra le contrôle du site. Un avenant sera signé et permettra la résiliation de la convention qui court jusqu'au 8 mars 2013. La ville veut reprendre le manche.
Cette déclaration ne fait que confirmer la crainte des paramatoristes d'être virés de la plateforme de Jonzac. Des contrôles par les autorités compétentes ont déjà eu lieu. Aucune infraction n'a été relevée. Pourtant, à la suite d'un notam, « il leur est conseillé de chercher une autre plateforme car l'expérience montre que les paramotoristes décollant face au vent, leurs trajectoires peuvent devenir conflictuelles avec les autres aéronefs qui, eux, suivent le tour de piste ».
Les ULM paramoteurs occupent la plate-forme de Jonzac depuis 2005. Fin 2010, à la suite d'une assemblée générale extraordinaire, ils ont rejoint officiellement l'association et paient une cotisation annuelle (65 euros).

 • Assemblée générale du 3 février 2013 : 
Le grand déballage ! 

 La salle de réunion de l'aéroclub est archi-pleine et l'ambiance est tendue. Le moment est venu de se dire les choses en face. Aux côtés du président Yann Laroche Joubert et du trésorier Laurent Vigezzi (section des paramoteurs), Claude Belot, sénateur-maire, ne mâche pas ses mots : si la Ville a dénoncé la convention avec l'association, c'est que la confiance est rompue. Il a en déjà expliqué les cause en conseil municipal. Il demande la constitution d'un conseil de sages réunissent les différentes sections dont l'aéromodélisme et les montgolfières qui dépendent désormais de la Communauté de Communes de Haute Saintonge.

Une nouvelle assemblée générale serait alors organisée dans un mois, le temps d'y voir plus clair. Si l'idée est cautionnée par 74 voix sur 75, la réunion se poursuit néanmoins, toujours dans une atmosphère électrique. En patron, Claude Belot rappelle que les installations appartiennent à la ville de Jonzac : « J'ai le pouvoir de vous en interdire l'accès. Cet aérodrome demande à être conduit dans la sérénité » dit-il. Certains membres lui répondent assez crûment. Le capital de l'association est estimé à 250.000 euros, 100.000 euros d'argent en caisse et 150.000 euros pour les quatre avions, le régent (Yankee Alfa 100 CV), le Dauphin (120 CV), le Tecnam et le Pottier réalisé par les détenus du pénitencier de Bédenac. Celui-ci, on n'y touche pas ! En fait, la crainte, c'est que les paramotoristes, plus nombreux que les pilotes, ne fassent main basse sur le gros pécule de l'aéroclub…

Sont élus au conseil d'administration (13 sièges à renouveler) : Yann Laroche Joubert, Jean Henri Rivière, Jean-Jacques Dany, Laurent Vigezzi, Pieric Leyrat, Christophe Boide, Georges Abadie, Jean-Louis Laidet, Frédéric Debardieux, Alain Léger, Gilles Rautureau, Patrick Guedj, Hervé Clarinval, Gilles Rautureau, Patrick Sorin, Frédéric Martin, Jean arie Dussauld, Martine Léger, Marc Rabaud, Denis Blanchard, Pascal Roth et Yannick Arrenous.

• Début de semaine : Changement des serrures 

On apprend que le maire a fait procéder au changement des serrures tant du local que de du hangar de l'aéroclub, la mairie étant désormais maîtresse des lieux. Toute activité y devient impossible. Dans les rangs de l'association, c'est la consternation.

• Réunion du conseil d'administration du dimanche 10 février : Facture surprise et compte bancaire vidé… 

Le conseil d'administration était prêt à se réunir dans un bar de Jonzac si les portes de l'aéroclub restaient closes. Le gardien ouvre le local et c'est un policier municipal, à la demande du sénateur maire, qui s'assure que plus personne n'est à l'intérieur au terme de la réunion. Yann Laroche Joubert n'est pas surpris par le changement de serrures : « Sans situation de dialogue, Claude Belot nous avait prévenus ».
Il annonce avoir reçu une lettre recommandée le mettant en demeure de faire rouvrir les portes de l'aéroclub. Elle émane de ses collègues, Jean-Jacques Dany, Laurent Vigezzi, Christophe Boide et Pierric Leyrat. Ils lui demandent « de faire ouvrir immédiatement les bâtiments de l’aéro-club pour laisser libre accès dans tous les locaux dont nous avons la gestion jusqu’au 8 mars 2013. Et ce afin que nous puissions réaliser les tâches administratives et techniques qui nous incombent dans le cadre des fonctions que nous exerçons. C’est-à-dire comptabilité, secrétariat, relations avec les fournisseurs, suivi technique des avions de l’aéro-club, réunions de travail. Votre action est une entrave à la libre circulation des biens et des personnes dans des locaux dont ils ont la gestion et que vous empêchez de satisfaire, tant à leurs activités en général qu’au bon fonctionnement de l’activité aérienne ».

Laurent Vigezzi, alors trésorier
Yann Laroche Joubert a encaissé le coup. Mais il a agi de son côté. En particulier, il a effectué « de sa propre initiative » un virement de 75.000 euros environ au Trésor public qui constitue le premier règlement d'une facture de 115.000 euros émanant de la mairie.
Emise le 6 février 2013, elle correspond aux travaux de la réfection de la piste 14/32 et à sa mise aux normes. En effet, l'aérodrome de Jonzac-Neulles a été remis aux normes moyennant un investissement global de 25.201 euros financés par la ville, le Conseil Général et l'État. Il dispose désormais d'une seule piste reprofilée et allongée à 1300 mètres, d'un balisage de nuit pouvant être déclenché à distance, de nouvelles balises de secours, de dispositifs de guidage en cas de mauvaise visibilité.
La stupéfaction est grande dans les rangs, d'une part parce que personne n'est au courant de ce règlement « demandé et convenu avec la mairie de Jonzac » - à commencer par le trésorier Laurent Vigezzi - et que les membres de l'aéroclub ne se sont pas engagés, par écrit, à participer financièrement à cet aménagement : « Il reste à verser 40.000 euros. Il nous faudra vendre un avion. Je ne comprends pas, les travaux sont finis depuis un an ! On aurait pu nous prévenir avant. Maintenant, la caisse est pratiquement vide » avance l'un d'eux.
 Dans la foulée, la mairie a anticipé la reprise de la gestion de la plateforme à compter 4 février au lieu du 8 mars, « comme prévu dans le courrier du 10 octobre 2012 ».
Enfin, Yann Laroche Joubert précise que la mairie de Jonzac « a fait procéder aux différents changements de ligne téléphonique, abonnements EDF, gaz, eau et reprise du carburant avion dans les cuves, soit 1500 litres dont la valeur sera reversée à l'aéroclub ». Evidemment, on s'interroge. Certains pensent que la reprise de la gestion en direct est discutable : « la date d'échéance de l'accord de gestion est le 8 mars 2013. Cet accord peut être dénoncé avec un préavis de 2 mois, chose légalement faite fin 2012. L'échéance est donc bien le 8 mars et non le 4 février » explique un participant.
Un bureau est élu. Yann Laroche Joubert, qui s'y attend, est débarqué. Jean-Jacques Dany est élu président (13 voix, 7 blancs), Patrick Sorin vice-président, Christophe Boide trésorier, Laurent Vigezzi adjoint, Gilles Rautureau secrétaire, Pierric Leyrat adjoint. Une table ronde en présence de Claude Belot et du responsable de la DGAC est souhaitée.

Longtemps président, Yann Laroche Joubert proposait des vols en hélicoptère à Jonzac
Jeudi 14 février : On recolle les morceaux ? 

 Réunion à la mairie de Jonzac en présence de Jean-Jacques Dany, président de l'aéroclub (ou ce qu'il en reste), Laurent Vigezzi, trésorier adjoint et le directeur de la DGAC M. Sannino. L'entrevue est cordiale et le souhait des représentants de l'aéroclub est de pouvoir voler dans un climat apaisé. Un groupe de sages sera finalement constitué.
La solution serait-elle de scinder les paramotoristes, qui chercheraient un autre emplacement, et les pilotes ? Il est évident que chacun souhaite pouvoir reprendre ses activités. Pour l'instant, la piste est trop humide, en raisons des pluies, pour être utilisée.
Que peut faire le bureau dans les circonstances actuelles compte-tenu qu'il a été amputé d'une grande partie de sa trésorerie ?
Si Claude Belot acceptait de rouvrir le site à ses occupants, tout pourrait rentrer dans l'ordre. En apparence seulement car certaines blessures sont encore vives. Comme le dit un ancien président, sans doute visionnaire : « ne faites rien dans le dos de Belot, sinon il vous mettra un directeur administratif »... 

La suite, on la connaît aboutissant à l'existence de deux aéro-clubs. Seul hic, la justice a été saisie…

1 commentaire:

olivier a dit…

Belot capable de filouterie ??? Les juges administratifs poitevins seraient ils plus lucides que les jonzacais ?