mardi 8 décembre 2015

Enjeux climatiques
Jean-Louis Bianco à Saintes :
« La COP21 n'est qu'un début »

Depuis une semaine, se tient à Paris la fameuse COP21 qui réunit les représentants de 195 Etats sur un seul sujet : la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin de ne pas augmenter la température de plus de 2 degrés à l'horizon 2100. Elle doit aboutir à un « accord ambitieux et contraignant » qui sera mis en place à partir de 2020. Les objectifs que chaque pays se fixera devront être respectés...  

Jean-Louis Bianco (© Nicole Bertin)
Il y a quelques jours, Jean-Louis Bianco, conseiller international COP 21 de Ségolène Royal, ministre de l’écologie, se trouvait à Saintes aux côtés de la députée Catherine Quéré.
La COP21 de Paris est-elle une date butoir ? Un rendez-vous dont on se souviendra dans les annales comme marquant le début d'une prise de conscience universelle quant aux réalités climatiques ? Des signes ne trompent pas. La planète change ses logiciels et les premiers réfugiés climatiques sont les malheureuses victimes de la montée des eaux et de phénomènes extrêmes. Pas un mois ne passe sans que des catastrophes, inondations ou sécheresses, ne viennent noircir l'actualité.
Et l'homme dans tout ça ? Il a oublié la fameuse citation de Francis Bacon : « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant ». Depuis la révolution industrielle du XIXème siècle, il n'en fait qu'à sa tête, se souciant peu des effets sur l'environnement pourvu que tourne la machine économique. Se sont ajoutés des problèmes plus complexes tels que le nucléaire - déchets nocifs durant des siècles - des armes sans cesse plus performantes, des menaces chimiques, des pesticides et nitrates en agriculture : rejets toxiques d'un côté, pollution de l'autre.

Jusqu'à une certaine époque, les apprentis sorciers se moquaient des conséquences, elles étaient réservées aux autres… Ils ont compris que le spectre d'un avenir sombre les concernait aussi. Les arroseurs ont été arrosés, d'où un sursaut où les décideurs de bonne volonté (et plus si affinités) montent au créneau. Si la planète qui abrite notre espèce venait à secouer son échine trop rudement, qu'adviendrait-il de l'humanité ?
D'apparition récente, les hommes réalisent que la Terre a longtemps tourné sans eux : leur présence ou leur absence ne changerait pas grand chose à la marche de l'univers. Subitement, les héritiers de Lucy et de Toumaï se mettent à trembler. Les financiers du quartier de la Défense, de Wall Street ou de la City peuvent-ils imaginer un destin aussi funeste ?
Face à l'urgence, les états se mobilisent, mais tous les pays ne sont pas sur la même longueur d'ondes. Comment un responsable indien, par exemple, pourrait-il promettre l'électricité à ses électeurs sans avoir recours aux sources d'énergie classiques ? Les Chinois croulent sous la pollution dans leurs métropoles, quand ils ne sont pas envahis par les sables du désert de Gobi. Les Américains ont résolu leur approvisionnement énergétique : pourquoi feraient-ils plus que les autres ? Les Français, quant à eux, sont prêts à faire des efforts. Mais dans quelle mesure sont-ils aidés dans leurs démarches ? Les lobbies, les industries agro-alimentaires mènent la danse et n'ont guère envie de perdre leurs chers deniers. L'ultime combat sera celui de l'eau potable, un retour à la source puisque celui qui dirige le village est celui qui contrôle le puits…


Le monde entier est concerné

C'est ce contexte que Jean-Louis Bianco est venu à Saintes parler de la COP21 à la maison des associations. Un nombreux public avait répondu présent à cette rencontre initiée par Catherine Quéré et le parti socialiste de Saintes.
Ancien secrétaire général de l'Elysée sous François Mitterrand, Jean-Louis Bianco a traversé les décennies. Possédant, par son hérédité, un large patrimoine génétique européen, il sait s'adapter aux situations et travaille aux côtés de Ségolène Royal. Il est également président de l’observatoire de la Laïcité.


Pour Catherine Quéré, la COP21 est une échéance cruciale. Le monde entier est concerné et pas seulement les grandes puissances. D'où la nécessité d'un modèle bas carbone, d'une transition énergétique en évitant les gaspillages.
Sur les négociations en cours, Jean-Louis Bianco se veut optimiste malgré les différences d'appréciation : « l'Inde a un important potentiel en énergies renouvelables bien que les pays du BRICS aient un engagement à géométrie variable ». Suite à l'accord qui devrait être conclu en fin de semaine, les engagements de chaque pays seront évalués régulièrement : « L'Europe se serre les coudes. A l'occasion de cette COP21, j'ai redécouvert l'Europe à 27 ! ». Bien sûr, il ne faut pas tout attendre de ce sommet : « il s'agit pour les pays de montrer leur volonté. Ce ne sera qu'un début ».
Et la manière de penser devra être revue : les énergies fossiles devraient céder la place à l'éolien, au solaire et aux sources d'énergie qui n'ont pas encore été exploitées. La vraie question est de savoir comment les grands groupes envisagent l'avenir. Depuis quelques années, certains diversifient leurs activités dans les énergies renouvelables (Total est largement impliqué dans le photovoltaïque depuis son rachat de SunPower). Par ailleurs, la taxe carbone payée par les entreprises devrait profiter aux pays en voie de développement.

Pensons aux générations futures...

Jacky Emon, candidat aux élections régionales sur la liste d'Alain Rousset (PS), soulève des sujets qui fâchent quant aux transports, le ferroutage en voie de garage (la hauteur des ponts ne correspond pas au bon gabarit), des trains trop anciens.
Il est également question des semences que d'aucuns voudraient mettre sous séquestre. Chance pour les pays d'Outre Mer, les plantes médicinales ne seront pas touchées par ces dispositions. Il est question du super incinérateur d'Echillais dont la construction indigne les Ecologistes ; de projets, mis en place par Planète Sciences, qui associent les élèves aux nouvelles technologies et plus généralement des actions de sensibilisation auprès des jeunes publics ; de l'écolabellisation qui coûte trop cher aux entreprises ; du nucléaire ou comment en sortir sans alternative valable. Pour finir, un jeune homme préconise de ne plus manger de viande, l'élevage intensif produisant des gaz à effet de serre.


Aborder sereinement le changement climatique s'avère compliqué en cette période où l'actualité est occupée par la guerre que mène Daesh (Isis) au Proche Orient et en Europe, la soirée du 13 novembre en étant la triste incarnation. Dans ces conditions, on peut comprendre que les citoyens ne se précipitent pas sur les reportages relatifs aux enjeux climatiques ou tout simplement dans les bureaux de vote.
Ils sont confrontés à deux interrogations existentielles : les jeunes générations hériteront-elles d'une Terre "vivable" et que vont-elles devenir si, dans un état laïque, la phalange extrémiste d'une religion entre en action pour déstabiliser l'Occident ?
La boite de Pandore est ouverte. Ne baissons pas les bras. Pour nous remonter le moral, l'exemple apporté par nos aînés est riche en enseignement. Que ceux qui ont survécu aux camps de concentration, aux maladies, à la guerre et à la faim se lèvent et nous montrent la voie du courage. Pourquoi craindre les messages délétères délivrés chaque jour par les télévisions ? Les esprits (en dehors des mercantiles) sont suffisamment inventifs et généreux pour imaginer des solutions profitables à tous... et qu'on cesse d'agiter les Dieux au risque de les offenser.

Un débat ouvert !
• Au sein de l'Union européenne, La France émet environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre annuelles mondiales. Ses objectifs de réduction sont parmi les plus ambitieux avec une réduction d'émissions d'au moins 40 % d'ici à 2030 (par rapport à 1990). Cet objectif est la première étape vers la réduction des émissions de 80 à 95 % d'ici 2050.

• Que vont faire les grands groupes ? Aujourd'hui, ils sont au nombre de cinq : Royal Dutch/Shell, compagnie anglo-néerlandaise née de la fusion entre Shell et Royal Dutch ; Exxon Mobil, compagnie américaine issue de la fusion entre Exxon et Mobil ; BP, compagnie britannique née de la fusion entre British Petroleum et Amoco ; Chevron, compagnie américaine créée par fusion entre Chevron (ex-Socal) et Texaco ; Total, compagnie française provenant de la fusion entre Total, Fina et Elf.

•  Jean-Louis Bianco est président de l'Observatoire de la laïcité. Ses missions : il assiste le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France. Il réunit les données, produit et fait produire les analyses, études et recherches permettant d’éclairer les pouvoirs publics sur la laïcité. Il peut saisir le Premier ministre de toute demande tendant à la réalisation d’études ou de recherches dans le domaine de la laïcité. Il peut proposer au Premier ministre toute mesure qui lui paraît permettre une meilleure mise en œuvre de ce principe, notamment pour assurer l’information des agents publics et privés, des usagers des services publics, des élus et des représentants des cultes. Enfin, il est consulté par le Premier ministre ou les ministres sur des projets de textes législatifs ou réglementaires.

1 commentaire:

JP Négrel a dit…

On parle très peu pour ne pas dire pas du tout de la puissante géothermie profonde, pourtant permanente, éternelle, non polluante.
Soulève-t-elle des problèmes techniques insolubles ?

Nous savons tous que cette forme d'énergie sous sa variante "peu profonde" est déjà utilisée à Jonzac.