vendredi 19 février 2016

Travailler tue : si Yvan Robin vous le dit...

Le dernier roman d'Yvan Robin, natif de Jonzac, n'est pas de tout repos comme l'indique son titre "Travailler tue" aux éditions Lajouanie. Pris dans l'étau de l'injustice, le héros de l'histoire, Hubert Garden, ne trouve d'autre solution que de rompre avec le politiquement correct. Le personnage sort des sentiers battus et de ses tripes en même temps qu'il rend ce qu'il croit être la monnaie de la pièce. 
Pour en savoir plus, signature de l'ouvrage à l'espace culturel du Leclerc de Jonzac le 12 mars à partir de 14 h. Venez nombreux !


• Yvan Robin, notre dernière rencontre remonte à 2011. Premier livre, sortie d'un CD : que devenez-vous depuis cette période ? 

Depuis 2011 j'apprends à écrire, en somme. J'ai rédigé sept manuscrits de romans qui m'ont permis d'affiner ma façon de faire, et m'ont ouvert les portes de plusieurs maisons d'édition. J'ai travaillé avec des éditeurs sur des projets qui n'ont pas vu le jour. Après quelques rebondissements et atermoiements en tout genre, mon manuscrit le plus abouti a terminé sa course chez les éditions Lajouanie, une maison parisienne spécialisée dans le polar et le roman noir français.
Côté musique, des ennuis de santé m'ont contraint à lever le pied, mais j'y reviendrai probablement.

• Dans la disgrâce des noyés, le héros s’interrogeait sans complaisance sur lui-même. Dans "Travailler tue" , Hubert Garden est lui aussi face à une vie qui prend une sacrée tournure ! 

Oui, la vie du personnage prend une sacrée tournure, comme vous dites, même si elle ne fait que suivre l'inclinaison du monde dans lequel il évolue. Cette "déformation professionnelle", sorte de parabole jusqu'au-boutiste, va l'entraîner à commettre l'irréparable. Hubert Garden, qui ne s'en est toujours pris qu'à lui, va appliquer ce précepte à la multinationale dans laquelle il travaille. Jusqu'à la faire s'autodétruire...

• Votre histoire, qui met en scène des sentiments assez redoutables, s'inspire-t-elle de faits vrais ? 

Le cynisme des entreprises quant à la sécurité et au bien-être des ses salariés est bien réel. Les discussions que j'ai pu avoir avec des salariés de grandes entreprises de construction, me l'ont maintes fois confirmé. Le climat social, chez Air France, comme dans les usines qui délocalisent, n'est pas au beau fixe non plus et les conditions de travail des cadres en "burn out" ne sont guère reluisantes. Donc il y a du "vrai", oui, sans doute… Après tout, la littérature n'est que l'amalgame de petits morceaux de réalités, de sentiments redoutables, de détails observés ça ou là...

• Finalement, quel aspect vous a le plus passionné dans l'écriture de ce livre ? Le fait qu'Hubert ne puisse s'en prendre qu'à lui-même ? Ainsi naît le suspense… 

Ce qui m'a le plus passionné, c'est de créer les conditions d'une liberté d'invention totale. D'imaginer un décor (une ville qui serait un peu toutes les villes) pour ancrer le récit dés les premières pages, dans un univers purement fictionnel. Dès lors, j'ai pu rédiger une première version de l'histoire, en écriture automatique, sans m'interdire ni me censurer. Cette façon d'avancer sans savoir où le personnage m'entraînait, en suscitant la curiosité, a probablement contribué au suspense. Le travail autour de la focalisation narrative m'a également beaucoup intéressé pour illustrer la complexité des protagonistes, et dynamiser la description en lui conférant un aspect cinématographique.

• Avez-vous de nouveaux projets d'édition ? 

Toujours ! En ce moment je travaille sur un roman plus dense, très cru, très sombre, qui décortique l'itinéraire régressif d'un groupe de musiciens en tournée. J'explore de nouvelles voies. La première version est aboutie. Reste l'éprouvant travail de réécriture qui va m'occuper jusqu'à l'été !

• Envisagez-vous une signature de "Travailler tue" à Jonzac ? 

Oui, je serai en dédicace à l'Espace Culturel Leclerc samedi 12 mars à partir de 14 h.


 Hubert Garden est chargé de faire respecter les consignes et procédures de sécurité dans une société de travaux public. Son quotidien : s’assurer que les ouvriers portent les tenues adéquates, que les chefs de chantiers n’embauchent pas en douce des clandestins, que les conducteurs d’engins emploient les bon matériels au bon moment… Un job largement dans les cordes de cet ingénieur surmené, à la vie privée chaotique et morose. Sauf que les accidents se succèdent sans qu’il y puisse grand-chose.

Est-ce sa faute si un grutier utilise une sangle hors norme qui en rompant sous la charge écrase un ouvrier ? Est-il responsable de l’éclatement d’un pneu, fatal au chauffeur d’un trente huit tonnes ? Oui, décrète injustement son supérieur, qui le punit d’une mutation infamante. Hubert va se retrouver technicien, confiné au siège. Adieu le poste de cadre et le salaire qui lui permet de faire construire son home sweet home.
Et le dévoué mais bientôt ex-responsable de la sécurité d’entamer une singulière croisade visant à faire couler cette boîte ingrate.

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