vendredi 22 avril 2016

Saintes : Pourquoi Didier Catineau
n'apprécie pas l'implantation
de la péniche restaurant
près de l'arc de Germanicus...

Didier Catineau : « En 2016, on oublie les « pauvres » et on leur impose un bâtiment outrancier à Saintes qui demeure une ville d’art et d’histoire. Si ces 300.000 euros étaient sortis de la poche des restaurateurs entreprenants, je n’aurais rien dit »

C'est l'histoire d'un Saintongeais qui n'apprécie pas, mais alors pas du tout, qu'un restaurant péniche vienne s'installer à Saintes, sur la Charente, non loin de l'Arc de Germanicus. Depuis déjà un bon bout de temps, il le dit, il l'écrit et le clame haut et fort sur Grognon à Saintes, la chronique qu'il anime sur Facebook. Mais qu'est-ce donc cette péniche qui, commentaires, suscite et affiche ? Non, ce n'est pas une friche et encore moins un postiche !!!
Pour mémoire, rappelons que les anciens responsables des Saveurs de l'Abbaye, Alexandra et Olivier Pourpoint, ont décidé de se lancer dans une nouvelle aventure gastronomique. Ouvrir un restaurant sur la Charente leur a semblé séduisant, comme il en existe dans d'autres villes baignées par un fleuve. La société CDO Innov, implantée au sud de Nantes, a donc réalisé le projet de "cette future péniche restaurant de 38 mètres". Terminée, la structure a été acheminée par la route jusqu'à Rochefort où elle est en cours d'aménagement extérieur et intérieur. Cette mission a été confiée au cabinet d'architecture d'intérieur saintais MG + avec les judicieux conseils de Flore Rafflegeau, expert maritime et fluvial.
Dans quelques semaines, quand les alizés seront favorables, la péniche quittera le port de commerce pour remonter la Charente, tractée par des lamaneurs rochelais, jusqu'à Saintes où la foule l'attendra. Certes, ce sera pas l'Hermione, mais un établissement qui devrait contribuer au charme touristique de la cité santone. L'ouverture est prévue en juin. Son nom "Le Batiâ" veut dire bateau en patois saintongeais. Cette construction plutôt originale alimente de nombreuses conversations en ville.

La péniche en cours d'aménagement
Implantation du futur restaurant péniche de Saintes
Cette péniche a été conçue par l'architecte Jean-Claude Michaud (Morbihan)
Si elle compte de nombreux "supporters" à commencer par l'équipe municipale conduite par Jean Philippe Machon, la péniche cristallise également des oppositions dont celle de Didier Catineau qui n'a pas hésité à la comparer à un "étron marinier". Bref, il est temps de comprendre pourquoi cet homme de plume, ami de l'écrivain Michel Lis, s'est transformé en ardent polémiste. 
Il répond à nos questions :

Didier Catineau (© Françoise Candelon Catineau)
• Didier Catineau, quelle mouche vous a piqué pour vous en prendre à un futur restaurant de Saintes, la Péniche ?

Ce n’est pas tant le restaurant-péniche que je critique, ce serait plutôt les 300.000 euros d’argent public qui ont été dévolus à des travaux sur le quai, entre passerelle et pont Palissy, afin de rendre accessible l’établissement aux consommateurs à venir.
Alors, quoi ! Alors qu’en 2016, on sait pertinemment que de nombreuses associations saintaises ont été mises au pain sec et à l’eau avec une réduction drastique de leurs subventions (300.000 euros !) on encourage la venue de cet « étron marinier » juste parce que ça va faire beau, attirer le beau monde et quelques projecteurs journalistiques ?  C’est pitoyable ! Savez-vous que dans ces associations saintaises malmenées, il y en a pas mal qui s’occupent de la « misère sociale » (centres sociaux et autres). Et la misère et la pauvreté, j’y suis sensible justement et l’irruption dans un secteur patrimonial protégé de cette péniche m’est insupportable et je le dis à ma manière, maladroite certes, mais argumentée avec le cœur, n’étant pas politique, ni économiste.
Si ces 300.000 euros étaient sortis de la poche de ces restaurateurs entreprenants, je n’aurais rien dit. Une autorisation aurait suffi certainement mais ailleurs, pas ici ! Ici, c’est le cœur de la Saintonge, sa capitale. Notre histoire est faite de ruralité et de dur labeur. Montrer comment les « riches » s’amusent avec le patrimoine, dépensent leur argent face à des Charentais qui défileront devant « l’engin », bavant comme on le fait à Saint-Tropez devant les yachts symboles du luxe le plus extrême, n’est pas digne de l’humanité qui est en moi et que j’exerce de toutes mes forces puisqu’il semblerait que l’on trouve cela amusant et normal !
 

• Si elle avait été en dehors de votre périmètre sacré (pont Palissy et arc de Germanicus), l'auriez-vous mieux admise ?

Du temps de Michel Baron, j’ai le souvenir d’un projet de péniche – une vraie celle-là, pas un sabot tout en fer qui ne naviguera jamais – qui aurait été amarrée à Saintes et qui aurait pu devenir un centre social, un endroit où les jeunes auraient pu se lancer dans la création, la musique, la réflexion.
En 2016, on oublie les « pauvres » et on leur impose un bâtiment outrancier dans un espace, non pas sacré, mais symbolique car représentatif de ce que Saintes est et demeure (jusqu’à présent) : une ville d’art et d’histoire. Quelle histoire pour ce faux bateau ? Quel impact également sur ce que nous ont laissé nos ancêtres ? Nous ne sommes plus à l’époque du bateau lavoir au pied du marché Saint-Pierre ! Mais ça, c’était autrefois ! 

Un tel restaurant avait toute sa place du côté de la place Blair ou bien après le pont Palissy, en allant vers le Port La Rousselle  : il y a de la place à ne plus savoir qu’en faire là-bas !
 

•  Cette péniche devrait contribuer à l'activité économique de Saintes. Vous risquez d'être critiqué pour vos prises de position, à commencer par les responsables du restaurant !

Je suis en colère contre une municipalité au service du capital ! Les restaurateurs sont dans leur rôle : ils demandent et ils ont obtenu. Ils se sont engagés à ne se fournir qu’auprès des producteurs locaux. Ah ? Les concurrents ne le font donc pas ? La concurrence jouera son rôle, mais je leur souhaite tous les bonheurs du monde car avec 130 couverts et dix salariés (c’est ce qui ressort des articles et études qui me sont tombées sous la main), il va bien falloir que certains restaurants baissent pavillon. L’offre n’est pas extensible ! Je critique l’encouragement fait par l’actuelle municipalité à utiliser de l’argent public pour encourager une entreprise privée. Non seulement cet  « étron marinier » va boucher la vue mais en plus, il est amené à rester là pour l’éternité. Et de quel droit ? « Saintongeais maître chez lui » me semble être le dicton approprié.


• Ce n'est pas la première fois que vos poils se redressent ! Vous êtes déjà monté au créneau quand était exposé du "Street art" au Musée Dupuy Mestreau...

C’est exact ! Il faut dire qu’il y a cinq ou six ans, Saintes était d’une saleté repoussante avec des tags outranciers et aussi nombreux que les sauterelles d’Egypte (vous savez, celles qui firent une des sept plaies de la Bible). C’est à cette époque que j’ai décidé de créer trois pages sur Facebook : Didier Catineau / Le Chat Saintais / Grognon à Saintes. J’ai même passé de nombreuses semaines à tous les répertorier ces tags honteux, les photographier et les emmagasiner dans des fichiers qui sont toujours visibles sur la toile ! A cette époque, la municipalité a décidé d’encourager ces « horreurs » (je reste poli) en faisant venir des jeunes graffeurs et en leur proposant d’investir le musée Dupuy Mestreau avec leurs pseudos œuvres (avec l’argent public, tiens ! on y revient, dites donc !). Des scènes de sodomie, de pédophilie et de brutalité sur femmes en sang m’ont révulsé à tel point que je peux le dévoiler à présent, j’ai mis en demeure à titre personnel (je suis un Saintongeais, donc concerné par cela aussi !) le site internet du côté de Lyon, de retirer de son site les nombreuses photos exhibées comme des trophées, comme on le ferait de quelqu’un qui a fait un « bon coup », une bonne blague aux « ploucs » que nous serions car nous n’y connaissons rien ! j’ai même rencontré un graffeur, mais le dialogue a été rapidement écourté ! Alors oui, quand on touche à ma Saintonge, je le dis, haut et fort comme un citoyen doit le dire à tous ceux qui oublient un peu leur histoire passée. Comme chaque citoyen qui ne doit pas s’abriter derrière l’indolence, le mépris ou l’indifférence !

Je voudrais juste préciser ici que si je fais un parallèle avec la misère et la pauvreté, c’est que justement, on m’en impose son contraire avec cette péniche et cela m’est inacceptable.

On trouvera de nombreuses références à des textes littéraires (je ne suis pas un politique, ni un économiste, juste un écrivain qui donne du sens aux choses et qui essaie d’éveiller quelques consciences pour éviter de se retrouver en désert hostile) dans les pages internet que j’ai publiées. Elles sont volontaires car j’estime que le principal dans la vie, c’est mon humanité que j’exerce avec respect et non au détriment de quelques-uns. 


•  Pour conclure, avez-vous le pied marin ou plutôt fluvial ?

J’ai beaucoup aimé le plancher de la gabare dont j’ai financé il y a si longtemps quelques planches à l’époque où on recherchait quelques subsides pour la construire ! Il y a quelques années, j’y ai même été guide à bord un été, pour expliquer aux touristes et aux Charentais que ma ville avait au XIXe siècle plus de 25 maisons de cognac, de ce cognac que l’on retrouvait sur toutes les tables du monde. L’esprit saintongeais est ce qui m’intéresse avant tout.
Mais pour répondre à votre question, je n’irai jamais sur cette péniche et quand bien même elle adopterait un nom charentais pour la baptiser, ce n’est pas cela qui me décidera à m’y rendre.
Persiste et signe : rejet absolu de la péniche à Saintes  !


• Vous souhaitez ajouter quelque chose...

« Entendons-nous crier la misère et la pauvreté sur les bords du fleuve Charente ?
« Je les entends crier si fort que me reviennent à l’esprit ces si beaux textes d’auteurs anciens et actuels qui disent si bien les gueux et les mendiants éternels.
« La misère est toujours là et mon cœur saigne de l’entendre pousser ses cris déchirants : faim ! froid ! honte !
« On la voit moins car elle se cache avec dignité.
« Le tapage que font les nantis la fait reculer mais elle est toujours là !
« Que faire d’autres sinon déclamer ces vers, ces textes d’autrefois et d’aujourd’hui pour ne pas oublier ? »…


Victor Hugo : « Car Dieu mit ses degrés aux fortunes humaines, 
Les uns vont tout courbés sous le fardeau des peines ; 
Au banquet du bonheur bien peu sont conviés ; 
Tous n'y sont point assis également à l'aise, 
Une loi, qui d'en bas semble injuste et mauvaise, 
Dit aux uns : Jouissez ! aux autres : Enviez ! »...


Didier Catineau et son ami Michel Lis

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je suis entierement en accord avec vous mr didier !!!! cette tartine en metal n'apportera aucun charme en cet emplacement !!! a t'ont demander au riverains qui devront subir le bruit sonore en periode estivale lorsque tous les hublot seront ouvert et que les gens feront la fete !!! je ne pense pas .... de plus le metal vieillit plutot tres mal !!! la rouille deviendra vite la couleur primeure de cette peniche !!!! j'aimerai savoir aussi comment sera evacué la digestion gastronomique et alccolisé des 130 convives ?? sinon ce ne sera pas que la vue qui sera gaché mais aussi l'odorat a mon humble avis .... et la je ne compte pas le nombre de megots de cigarette qui finiront dans la charente car je pense que il y aura un espace fumeur en terrasse et connaissant la negligence des gens sa devrait finir comme cela .... suis contre a deux cent pour cent pour toutes ces raisons aussi !!! MAIS le luxe a tous les DROITS