mercredi 22 juin 2016

Point de vue : Comment la France peut-elle sortir de la crise intérieure et extérieure qu'elle traverse actuellement ?

Menacée par le terrorisme, agitée par des mouvements sociaux, la France ne vit pas une période formidable. D'où cette question : A votre avis, comment la France peut-elle sortir de la crise intérieure et extérieure qu'elle traverse actuellement ? Question pas facile à laquelle ont répondu (avec franchise) deux observateurs de la période quelque peu tourmentée que nous traversons...

• Jacques Perrot : 

La question est aimable. Il faut ménager le malade. Elle s’adresse au peuple de France dans son entier, un peuple en sous-France. Bien que démoralisés et trahis, les Français ont des réponses à cette question. Bien qu’exaspérée par une décadence trop visible, martyrisée par des agressions de toutes sortes, trahie par ses dirigeants, hébétée par les diversions orchestrées et de ridicules injonctions de « fête », notre nation est encore assez instruite et assez lucide pour juger de son sort et exercer fièrement sa souveraineté. C’est encore possible.
Pour parler vrai, ce n’est pas de « crise » qu’il faut parler. L’Histoire – et non la crise – frappe à la porte, et durement.

Le mot crise a quitté la sphère médicale ; il appartient désormais à la langue de bois. Depuis plus de quarante ans, « la crise » est invoquée comme explication universelle du monde. Elle est omniprésente et généralisée. Elle explique tout, tout le temps, à tous niveaux. Et, surtout, elle n’explique rien. Le mot s’est vidé de son sens ; il est devenu du bois dont on fait l’ignorance.

L’industrie, l’agriculture, l’économie, le capitalisme, la jeunesse, l’école, l’université, la magistrature, la presse, l’armée, voire le civisme, l’autorité, la culture, la religion, le monde même, dans son entier, seraient « en crise » ! Qu’on se le dise ! Et on ne manque pas de se le dire… Tous les déboires, tous les échecs personnels ou collectifs, toutes les violences, les souffrances de tous ordres, toutes les hontes, les trahisons, les crimes, ont une origine unique : la crise. Facile à retenir… Le mot lui-même agit comme un calmant : ce n’est qu’une crise, il n’y a donc rien à faire, ça va passer…

Ne rien faire surtout ! Le mot crise est injonctif. Ce mot creux et galvaudé transmet un message implicite et inusable : puisque ce n’est qu’une crise, ne faites rien, subissez, et taisez-vous !

Or, quand une crise dure plus de quarante ans, ce n’est peut-être plus une crise ! C’est au moins une maladie chronique, visiblement dégénérative, assurément mortelle. Chez un sujet, une crise – quand elle survient –  se lit comme symptôme aigu. Elle se définit et se reconnaît comme phase grave et accentuée d’une maladie existante ou supposée.  La crise, par définition, est passagère. On y répond par deux types de traitement : le traitement de crise, épisodique et renforcé ; le traitement de fond de la maladie elle-même, sur la durée.
En matière politique, économique, diplomatique, monétaire, éducative, sociale, morale, de quelle(s) crise(s), et de quelles(s) maladie(s) parlons-nous ? D’ailleurs, s’agit-il de maladies ou d’autre chose ?

Quant à la France, elle ne « traverse » pas une crise, comme on traverserait un orage, elle est traversée par une décomposition sans nom, et par une hypnose de soumission.

Pour le « comment en sortir », la majorité (encore) silencieuse a quelques idées. Je propose de les mettre en évidence par une sorte de référendum (qu’on appellera provisoirement sondage), une série de questions à soumettre au lectorat de ce blog, avec un système d’enregistrement et de traitement des réponses dont je laisse l’ingénierie à l’administrateur du blog.
 
Sur demande, je peux faire parvenir ce questionnaire qui s’adresse aux Français.


• Didier Catineau : 

A mon avis, il est sûrement trop tard pour changer quoi que ce soit à la situation actuelle. Le précipice est tellement profond que rien n’arrêtera la chute de notre société qui s’éparpille par la faute de tant de facteurs politiques, sociaux, économiques qu’il serait inutile d’en dresser ici la longue liste mortifère.

• Crise intérieure :

Si on considère que le régime politique actuel est au bout de ses possibilités, il conviendrait de réfléchir de toute urgence à la place que le citoyen doit prendre dans tous les niveaux de sa vie au quotidien, dans sa ville, son département, sa région. Je suis désolé d’écrire cela, mais les politiques (députés, sénateurs et aussi maires de villes moyennes et plus grandes) ne sont plus de grande utilité sauf à occuper des pouvoirs et des attributions bien loin des préoccupations des citoyens. Ces citoyens ont depuis 1789 délégué leurs voix à des représentants. A présent, c’est au citoyen de prendre sa voix et de la porter collectivement. Pas d’autre solution ! Chaque citoyen devrait exercer pendant sa vie d’homme ou de femme un seul mandat à quelque niveau que ce soit (5 ans par exemple) entouré pour ce faire de professionnels (urbanistes, économistes, médecins), la décision finale appartenant toujours au citoyen, à la majorité (50 %). Ce n’est pas utopique, mais il faut être pragmatique. Quand votre machine à laver est cassée, vous en changez ! Changeons donc de système tout en restant Républicains et en exerçant la démocratie dans le respect des autres. Tout un programme !

• Crise extérieure :

Elle est la conséquence d’une volonté forcenée à exploiter d’autres pays, parfois lointains, pour assouvir notre soif de confort ou tout simplement de domination. L’Europe ne ressemble plus à rien et est déconnectée de la réalité. Ce n’est pas en injectant ponctuellement des millions d’euros dans des régions pour encourager des projets économiques par exemple que cela change quoi que ce soit. Une identité, cela se forge et pour l’instant, je ne me sens pas Européen, surtout quand des décisions dérangeantes sont formulées pour nous asservir davantage à un territoire qui se veut rassembleur alors qu’en fait, il n’est que l’antichambre d’un monde financier qui n’en a jamais assez et qui se moque des dégâts sociaux qu’il génère. Le terrorisme est une résultante inéluctable de cet état de fait et de pensée. Nous avons trop délégué de pouvoirs disproportionnés à des représentants qui sont soit dépassés, soit bien trop occupés à leur propre confort financier pour s’occuper des citoyens que nous sommes. De ce côté-ci, il n’y a malheureusement pas grand chose à faire et décider. Nous ne sommes pas dans le joyeux monde de Candy, ni des Bisounours : il ne suffit pas de donner sa voix à une liste pour que tout aille mieux. C’est de notre responsabilité  à tous de continuer à surveiller nos représentants, de grandir aussi dans des domaines qui nous sont ardus (la notion de territoire, les transports, la santé). Le monde va mal car il est en crise financière (pollution, saccages naturels répétés, catastrophes sociétales, violences) et comme l’argent mène le monde, cela ne va pas aller en s’arrangeant...

Il faut souhaiter (et je le souhaite ardemment !) que certains hommes et aussi des femmes que l’on entend trop peu disent, répètent, proposent et qu’il existe des espaces de dialogue, des forums qui débouchent sur de grandes idées, des projets à suivre au niveau mondial. Sans être « vert », ni « écolo », je rappelle que nous sommes tous sur un même morceau de caillou de taille infime dans le cosmos et que si nous ne parvenons pas à nous entendre en tant que citoyens et habitants d’une même communauté élargie à la planète toute entière, nous disparaîtrons. Est-ce cela que nous voulons pour nos enfants et les enfants de nos enfants ? Moi, personnellement, je ne le veux pas et je le redis ici, je suis un citoyen et je me mêle de tout car tout est sujet à discussion et non pas à imposition de données et idées émanant de quelques personnages épris de pouvoirs multiples et confits par l’arrogance de l’argent à profusion alors que la misère est bien là.

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