mercredi 8 novembre 2017

Jonzac : Rencontre avec les malheurs de Sophie !

Ceux qui pensent que la Comtesse de Ségur (1799-1874) appartient à un monde révolu se trompent. Bérangère Dautun a démontré, l'autre mardi au Théâtre du Château, que cette femme déracinée, devenue célèbre à 55 ans, a fait preuve à la fois de talent, de courage et d'abnégation. L'une de ses citations : "La modeste et douce bienveillance est une vertu qui donne plus d'amis que la richesse et plus de crédit que le pouvoir"...

Bérangère Dautun maîtrise parfaitement son personnage !
Qui connaît aujourd'hui la Comtesse de Ségur ? A cette question, la jeune génération, les garçons en particulier, froncent les sourcils. Ce n'est pas dans leur chapitre, eux qui vivent de plein fouet les nouvelles technologies, les réseaux sociaux et les héros de jeux vidéo. Les classiques, ils les ont étudiés au lycée sans forcément apprécier ce qui faisait vibrer leurs aînés, les Romantiques par exemple. Quel étrange sensation que de se complaire dans le spleen ? La perception s'améliore généralement avec des auteurs plus contemporains quand les mots et les histoires leur parlent, Camus et tant d'autres.
Finalement, en ce début de XXIe siècle, nous avons la chance de voir s'entrechoquer les plaques tectoniques de l'ancien et du nouveau monde. L'ancien, celui d'une génération qui craint que son univers de jeunesse ne soit relégué aux oubliettes et l'autre qui veut grimper - quoi de plus naturel ? - vers des sommets inexplorés.


Et si ces deux mondes se rejoignaient grâce au talent ?

Mardi soir, au théâtre du château, Bérangère Dautun (de la Comédie Française) s'y est employée, devenant la Comtesse de Ségur née Rostopchine et autres personnages, sur une mise en scène de Pascal Vitiello.
Cette interprète brillante décrit avec sincérité et émotion l'existence de la petite Sophie perdue au cœur de la Russie et d'une famille riche mais si froide, sa mère en particulier. Fille du Comte et de la Comtesse Rostopchine, elle vit dans le domaine de Voronovo jusqu'au jour où son père est nommé gouverneur de Moscou par le Tsar. Grandeur un jour, déclin le lendemain quand il est accusé d'avoir brûlé la ville devant l'arrivée des troupes de Napoléon.
Sophie est le mouton noir de sa mère qui va jusqu'à la priver d'eau et la perdre en forêt, situation dont elle sort fort heureusement indemne.

En disgrâce, la famille choisit de s'installer en France, à Paris où elle n'est pas dépaysée : à cette époque, le français est une langue couramment parlée dans les cours d'Europe ! Eugène de Ségur la demande en mariage et de cet amour qui aurait pu la réconcilier avec elle-même, ne découlent que désillusions. A l'exception de ses huit enfants. La famille s'est installée dans l'Aube, au château des Nouettes, résidence achetée par le Comte Rostopchine avant son retour en Russie.

Le malheur s'abat sur Sophie quand meurt son dernier fils, perte qui la plonge dans treize ans de dépression. Cette période, qui lui permet de faire sa propre psychanalyse, aboutit à un renouveau. Elle se met à écrire et avec quel succès ! Son époux fait preuve d'une étonnante modernité à son égard en lui trouvant un éditeur (Hachette). Elle devient célèbre à 55 ans. « Eugène était amateur de femmes, mais c'était un bon mari en ce sens où il la respectait » souligne Bérangère Dautun.

Sophie de Ségur était issue d'une famille noble russe remontant aux Mongols. Son père était le comte Fiofor Rostopchine, lieutenant-général d’infanterie, ministre des Affaires étrangères du Tsar puis gouverneur général de Moscou. Sa mère était la comtesse Catherine Protassova, ancienne demoiselle d’honneur de Catherine II. Sophie était la troisième enfant du couple.
Bravo à Bérangère Dautun qui a endossé avec brio la peau de ce personnage littéraire oublié. Sa manière de mettre en lumière la Comtesse de Ségur en faisant souffler sur elle « le vent de la jeunesse », thème des Feuillets d'automne 2017.

L'ovation du public
Cette petite fille, montée sur la scène au terme du spectacle, a lu tous les romans de la comtesse de Ségur. Parmi eux, Diloy le chemineau, Les Malheurs de Sophie, Un bon petit diable, Jean qui grogne et Jean qui rit, Ourson, L’auberge de l’Ange gardien, Le Général Dourakine, Les Petites Filles modèles
 Le Théâtre du Château montre ses limites !

Plein à craquer, le Théâtre du Château est certes un lieu charmant, mais il ne peut accueillir qu'un nombre limité de spectateurs. Lesquels sont soumis au manque de place, aux poteaux les empêchant de voir correctement la scène et à la chaleur, été comme hiver, qui inciterait le public à se mettre en maillot de bain.
Le moment est venu pour les Feuillets d'Automne et Prélude au Printemps, dont le choix des spectacles est intégralement confié par le maire Claude Belot à son épouse Jeanine, de les présenter au centre des congrès dont l'auditorium se prête parfaitement à ces manifestations, comme l'ont montré récemment le concert de jazz de Maïté Auboin Hannoyer ou le récital de piano de Michel Ronzeau.
Le moment est également venu de proposer, via une association, une véritable saison culturelle annuelle afin de faire vivre les différents sites de la ville, théâtre du château, centre des congrès et cloître des Carmes. Quant à la salle des fêtes, pourquoi n'abriterait-elle pas un musée ?

Le Théâtre du Château, réalisé au XIXe siècle dans une ancienne cour de cette demeure historique, est certes magnifique, mais il ne peut rivaliser avec les commodités et la modernité du nouveau Centre des Congrès

1 commentaire:

Anonyme a dit…


Soirée très décevante.
La comédienne n'a pas su adapter le son de sa voix au volume du théâtre. Elle déclamait trop bas avec une diction trop rapide,ce qui fait que nous avons rien entendu, donc rien compris au texte.
Nous sommes restés par politesse pour ne pas déranger en sortant.
Le public de campagne mérite aussi un peu de respect quand il manifeste de l'intérêt pour la culture!